A Mvog-Atangana Mballa (Yaoundé), des commerçants poursuivent leurs activités en gênant le travail des niveleuses, pelles-chargeuses et camions de chantier.
Installés allègrement sur les emprises du chantier de réhabilitation des voiries des quartiers Mvog-Atangana Mbala et Mvog-Mbi à Yaoundé, des vendeurs ambulants jouent avec la mort.
Hier matin, peu après 11h, le reporter de CT a vécu des scènes ahurissantes. Sur l’axe reliant Mvog-Atangana Mbala à Mvog-Mbi, ainsi que sur l’une des voies d’accès, des engins lourds vont et viennent, en manquant de peu, à chaque fois, d’écraser des commerçants qui vendent des denrées alimentaires soit à même le sol, soit dans une brouette, soit sur un porte-tout ou sur un étal de fortune.
C’est le cas de ce jeune homme, vendeur de crevettes, que les roues d’une pelle-chargeuse ont failli broyer dans une énième manœuvre de marche-arrière. Interrogé sur le danger qui le guette, le commerçant ambulant nous répond : « Où voulez-vous qu’on aille ? ».
Les agents de sécurité d’Arab Contractors Cameroon Ltd, l’entreprise qui exécute les travaux, sont manifestement dépassés par l’incivisme généralisé.
Ils essayent comme ils peuvent d’éloigner les négociants à l’approche des engins.
Certains se montrent plus téméraires, à l’instar de cette femme qui, la cinquantaine bien entamée, debout derrière un étal de poisson, décide de ne pas quitter le trottoir, alors que la niveleuse avance vers elle en grondant. Elle fusille du regard le conducteur, contraint finalement de s’arrêter pour ne pas commettre l’irréparable.
Pendant ce temps, en chœur, les autres vendeuses chantent dans la langue locale. Traduction : « Les commerçants de Mvog-Atangana Mbala et Mvog-Mbi sont en deuil. Où voulez-vous qu’ils aillent chercher de quoi manger ? »
Sur ces entrefaites arrive le nommé Ebodé, surveillant du chantier.
Il dénonce l’incivisme des riverains et déplore l’absence de la police qui n’est pas encore arrivée, alors qu’elle est présente, à l’en croire, depuis que les travaux ont commencé le 25 mai dernier.
Pour éviter le pire au milieu de la cohue, il demande au conducteur de la pelle-chargeuse d’arrêter les manoeuvres.
Le temps de passer un coup de fil à sa hiérarchie afin de requérir la protection des forces de l’ordre.
« On est dans l’embarras. C’est très compliqué de travailler dans ces conditions », lance-t-il, l’air dépité.
Les messages interdisant l’accès du chantier au public, bien visibles, ne disent rien à personne.
Pourtant, il y a quelques jours, le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, publiait un communiqué rappelant à l’ordre les riverains et usagers de la route dont l’activité contribue à envahir les emprises des axes routiers.
Rien n’y fait.