L'affaire Longuè Longuè a mis en lumière des pratiques de torture présumées de la Semil, le service de Sécurité militaire du Cameroun. Le témoignage glaçant de Sébastien Ebala, militant anti-Biya, ainsi que d’autres récits similaires, dévoilent des abus de pouvoir de cette division et interrogent sur les dérives de ses pratiques. Comme le révèle Jeune Afrique, les méthodes de la Semil font de plus en plus l'objet de dénonciations publiques.
Sébastien Ebala, militant de l’opposition, témoigne auprès de Jeune Afrique d’une détention marquée par la torture et les abus de la Semil. Arrêté en avril 2020 pour avoir appelé à des manifestations, Ebala rapporte avoir été intercepté par une brigade cagoulée de la Semil. « Ils se sont mis à nous battre copieusement, tout ce qui leur passait par la main leur servait de fouet », raconte-t-il. Une fois emmené à la base de la Semil, il fut retenu dans une cellule pendant 41 jours et transféré dans ce qu’il décrit comme le « labo » – une salle de torture où des méthodes brutales lui ont laissé des séquelles permanentes.
Les témoignages de Sébastien Ebala et de nombreux autres Camerounais détenus dans des conditions similaires par la Semil posent la question de la torture institutionnalisée. Selon Jeune Afrique, la Semil aurait établi des pratiques de torture pour intimider les civils perçus comme des menaces, souvent sans le moindre mandat légal. Les récits sont nombreux : d’avocats comme Fabien Kengne, aux journalistes, plusieurs ont dénoncé l’acharnement de ce service de sécurité sur des civils.
Cette enquête annoncée par le ministère de la Défense marque-t-elle le début d’une ère de responsabilisation pour la Semil ? Jeune Afrique souligne que si l’enquête est inédite, des doutes subsistent quant aux répercussions réelles de cette affaire. Les militaires du service jouissent d’une telle influence que les sanctions semblent souvent inaccessibles. Toutefois, la pression de l'opinion publique pourrait amener le ministère à envisager des actions concrètes.