Au lendemain du décès du religieux et savant dominicain, le site Ebugnti s’est procuré un extrait de son cours sur les Religions traditionnelles africaines où il parle de la sorcellerie.
Cet extrait va faire tomber certaines idées reçues, pour autant que ces opinions soient à prendre au sérieux. Elle va faire mentir ceux qui pensent que L’Église est préparée à une sorte de concussion quasi naturelle avec les systèmes gouvernants en Afrique et au Cameroun en particulier.
Il donnera un aperçu de la perception messiienne de la religiosité et plus sensiblement de la religiosité africaine. Il fera frémir de bonheur ceux qui aiment cette Église dénonciatrice, véridique et fière de ses spécificités africaines.
Il va surtout inonder d’émotions tous ceux qui ont connus l’homme et qui ont été séduits par son caractère, son style et sa pensée. Tous ceux qui se sont abreuvés aux sources de cet intellectuel africain, fier de l’être et, comme tel, serviteur de Dieu.
Les vrais sorciers, les démons d’aujourd’hui
Face à ses étudiants de théologie à l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC) de Yaoundé, sans doute routiniers des questions de sorcellerie, le professeur Éloi Messi Metogo avertit que « parler de la sorcellerie à l’Université comme on en parle au quartier est inquiétant ».
« Les vrais sorciers, martèle-t-il, vous les connaissez ». « Si tant est que le sorcier se nourrit de votre chair et votre sang, poursuit l’enseignant, les vrais sorciers ce sont ces gars là qui sont dans de grosses voitures et qui pillent l’État. »
« C’est eux qui pompent votre sang. Ils s’engraissent et vous dépérissez », s’indigne-t-il. Une approche pour le moins révolutionnaire et très actualisée du phénomène de la sorcellerie.
Éloi Messi Metogo va même plus loin, en détruisant complémentaire le paradigme courant de la sorcellerie. Pour lui, le sorcier « ce n’est pas la vieille femme abandonnée au fond du village que l’on accuse, alors qu’elle n’a même pas d’eau à boire ».
Au contraire, ce sont ceux qui utilisent « l’évu » (principe sorcier chez les beti) pour s’enrichir ou commander, selon les usages mystiques en la matière. « Voilà les démons d’aujourd’hui », insiste-t-il.
Les mêmes qui, comme par extraordinaire, livrent à la vindicte populaire « le vieillard et le pauvre ». La raison de ce paradoxe lui semble évidente.
« Ce sont eux qui gouvernent, qui décident de l’interrogation du cadavre (et des faits) pour découvrir la sorcellerie ». De ce fait,« ils ne sont jamais accusés » bien que naturellement « premiers soupçonnés ».