Le 17 janvier 2025 marque le deuxième anniversaire tragique de l’enlèvement et de l’assassinat du journaliste d’investigation camerounais Martinez Zogo, un crime qui continue de hanter le pays et de susciter l’indignation tant au niveau national qu’international. Ce sombre anniversaire rappelle l’impunité et les défaillances du système judiciaire dans une affaire qui n’a toujours pas trouvé de dénouement.
Le 17 janvier 2023, Martinez Zogo, alors en pleine enquête sur des malversations financières impliquant des personnalités influentes, a été enlevé par des agents du contre-espionnage camerounais. Cinq jours plus tard, son corps en décomposition avancée a été retrouvé à Ebogo 3, dans une banlieue de Yaoundé, marquant le début d'une affaire judiciaire aux multiples rebondissements. Parmi les suspects interpellés figurent des figures de premier plan telles que Maxime Eko Eko, ancien directeur de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), Justin Danwe, ex-directeur des opérations de la DGRE, et l'homme d'affaires controversé Amougou Belinga.
Cet assassinat brutal n’a pas seulement choqué le Cameroun, il a également jeté une lumière crue sur l’état des libertés publiques dans le pays, en particulier la liberté de la presse et d’expression. Depuis, l’enquête piétine, et la justice semble incapable d’avancer, bloquée par des manœuvres dilatoires et des tentatives de manipulation du système judiciaire.
Malgré les preuves accablantes contre certains suspects, le procès n’a toujours pas eu lieu. En décembre 2023, un juge a même tenté de libérer certains accusés, suscitant un tollé. Sous la pression du ministère de la Défense, cette décision a été annulée, et le juge muté dans la région de l’Extrême-Nord.
Pendant ce temps, le corps de Martinez Zogo reste sous scellé à la morgue de l’Hôpital Central de Yaoundé, empêchant sa famille d’organiser ses funérailles et de faire son deuil. Sa veuve et ses enfants, plongés dans la précarité, vivent dans l’incertitude et le dénuement, abandonnés par un État qui refuse de reconnaître sa responsabilité dans ce crime.
Martinez Zogo, qui enquêtait sur des détournements financiers liés aux lignes budgétaires 94, 57 et 65, avait révélé des pratiques de corruption impliquant des personnalités comme Louis Paul Motaze, le général Yvo et Amougou Belinga. Ces révélations lui ont coûté la vie, mais son travail continue de résonner comme un appel à la justice.
Deux ans après son assassinat, la lenteur de la justice et l’impunité des puissants demeurent des obstacles majeurs à la vérité. Pourquoi une telle inertie dans une affaire aussi grave ? La peur de s’attaquer aux élites ou une volonté délibérée de protéger les coupables ? La réponse reste floue, mais l’urgence de faire éclater la vérité est plus pressante que jamais.