Tous les arts ont produit des merveilles ; l’art d’entraîner a produit un génie au Cameroun : Alain Wabo.
Alain Wabo est certainement la preuve qu’à force de travail et de passion, on peut réaliser ses rêves. Rien à priori ne le prédisposait à une brillante carrière d’entraineur et pourtant, Alain Wabo restera l’un des meilleurs entraineurs qu’a connu le Cameroun. C’est l’histoire d’un autodidacte, sans diplôme, un passionné qui réussira à entrainer les équipes les plus prestigieuses du championnat Camerounais, de la sous-région et même une sélection nationale.
A 23 ans seulement, il commence à faire ses premières armes comme entraineur. Il débute sa carrière d’entraîneur sur le tas dans une équipe de « New-bell Bandjoun », son quartier d’enfance à Douala. On le retrouve par la suite sur les bancs de touche de stade de Bandjoun.
Fort de ses succès, le jeune homme sera sollicité par plusieurs clubs sur le plan local. C’est ainsi qu’il exercera comme entraineur de plusieurs clubs de D2 et D1 : Tels que AS Bamendjou, Aigle de Dschang, Mount Cameroon de Buea, Tiko United et Panthère du Ndé. Sa réputation traverse les frontières et il est sollicité par plusieurs clubs de la sous-région. Hors des frontières de son pays, il a également pris en main pendant plusieurs années des clubs d’élite en Guinée équatoriale (Renacimiento) et au Gabon (Téléstar).
Alain Wabo est un autodidacte, il n’a pas été formé à l’INJS mais ses résultats et ses prouesses forcent le respect. A son palmarès, une Coupe du Cameroun remportée en 2002 avec Mount Cameroon de Buea. Il est trois fois de suite championn de Guinée équatoriale avec le Renacimiento, il remporte deux coupes nationales et hisse le club en demi-finale de la ligue des champions africaines. Il a fait un excellent travail avec Tiko United et Panthère du Ndé. Il a fait monter l’Aigle de NKongsamba en première division.
Alain Wabo était surtout un coach scientifique et un tacticien hors pair. Il a laissé plusieurs expressions et techniques à la postérité. Ce fin tacticien se plaisait à rappeler que l’entrainement est « scientifique ». On se rappelle encore ses fameuses « occupations du terrain en barycentre », de ses « attaques en fourmis », « défense en W », « dispositif crabe », "Attaque en éventail", "défense en entonnoir" etc.
Sa technicité et sa vision du jeu lui vaudront d’être régulièrement l’invité vedette et consultant de plusieurs émissions sportives à la télévision comme à la radio. Il est alors surnommé « Capello » en référence au fameux entraineur italien.
Subjugué par ce génie, le ministre des sports Augustin Thierry Edjoa le nomme entraineur de l’équipe nationale Junior du Cameroun. Fait inédit, pour un entraineur autodidacte et sans diplôme d’entraineur. Capello conduira l’équipe nationale Juniors en finale de la CAN 2009 au Rwanda ; il conduira aussi cette sélection nationale à la coupe du monde de cette année. A la tête de la sélection nationale Junior, il subit la jalousie des entraineurs diplômés sortis de l’INJS. Pire, on ne lui permet pas de travailler dans de bonnes conditions puisqu’il accumule plusieurs mois de salaires impayés.
Capello était plein d’ambitions ; son rêve était d’entrainer l’équipe nationale Fanion.
Le sélectionneur des Lionceaux juniors du Cameroun entre 2007 et 2010, est décédé le lundi 25 octobre 2010. Il avait à 38 ans.
Avant son décès, il préparait en qualité d’entraîneur en chef, l’équipe de Tiko United en vue du Championnat de D1 2010-2011. Bien qu’ayant quitté la sélection nationale Junior, il continuait à revendiquer des mois d’arriérés de salaire. Ce génie est mort à seulement 38 ans. A l’âge où certains commencent à entrainer, Alain Wabo avait déjà une carrière pleine.
J’en profite pour rendre hommage à quelques entraîneurs nationaux qui ont marqué l’Histoire de notre football : Raymond Fobeté, Jules Nyongha, Jean Manga Onguené, Léonard Nséké, Jean Paul Akono, Michel Ndjelezeck, Michel Kaham, Bonaventure Ndjonkep, Ikouam Gweha, Antole Abée