Actualités of Friday, 3 November 2023

Source: L'Œil du Sahel n°1866 du 1er novembre 2023

Discorde : le parti au pouvoir s'enflamme après un énième scandale

Cacophonie au sein du parti au pouvoir Cacophonie au sein du parti au pouvoir

Une note signée du ministre Yaouba Abdoulaye et datée du 25 octobre 2023, a mis en exergue la cacophonie qui persiste dans les rangs du parti au pouvoir dans la région de l’Extrême-Nord, fer de lance politique du chef de l’État. Intitulée « Note portant désignation des camarades mis en mission avancée pour préparer la tournée du secrétaire général du Comité central du RDPC dans la région de l’Extrême-Nord », l’initiative prise par celui qui est le chef de la délégation permanente départementale du RDPC pour le Diamaré est très mal perçue par un grand nombre de cadres et militants dans cette région.

Et ce, justement, à la veille de la venue à Maroua, le 8 novembre prochain, de Jean Nkuete, secrétaire général du Comité central du RDPC. « Il n’a pas qualité pour une telle initiative et n’a même pas pris soin de mettre les formes en signant par délégation. C’est une note manifestement illégale, qui viole le bon sens et le respect de la hiérarchie. Yaouba Abdoulaye n’est pas à sa première maladresse dans ce registre dans sa quête de préempter le part dans la région de l’Extrême-Nord, alors qu’il ne dispose pas d’atouts politiques pour conduire une telle barque », fulmine un maire RDPC de l’Extrême-Nord.

La sortie du ministre Yaouba Abdoulaye, qui a fait de sa proximité avec Cavayé Yeguié Djibril, chef de la délégation permanente régionale du RDPC pour l’Extrême-Nord et non moins président de l’Assemblée nationale, un atout, confirme de fait la vacance si ce n’est l’abandon du poste par son occupant. « Le ministre Yaouba Abdoulaye et le directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, Boukar Abdourahim, se sont repartis les tâches aux côtés d’un Cavayé Yeguié désormais éloigné des préoccupations du quotidien. Au premier le parti, et au second, l’Assemblée nationale. Ici et là, l’actualité nous renseigne sur les résultats obtenus », analyse Souaibou Hamadou, enseignant dans le Mayo-Danay.

De fait, depuis plusieurs années, Yaouba Abdoulaye, jamais en manque d’initiatives, multiplie des manœuvres pour faire main basse sur le parti au pouvoir dans la région de l’Extrême-Nord si ce n’est sur les trois régions septentrionales. Sa note contestée porte la charge de cette tentative de hold-up où on peut aisément lire au bas de sa signature ses titres de Membre titulaire du Comité central du RDPC et de coordonnateur technique du comité pour la promotion de la paix, du vivre-ensemble et du développement harmonieux des régions septentrionales du Cameroun.

« Yaouba Abdoulaye a trouvé son filon pour politiquement exister dans un Diamaré en proie à toute sorte de résistance. Personne ne peut lui en vouloir pour cela. Le reproche qui lui est fait tient des initiatives parfois maladroites et inopportunes qu’il essaye à tout prix d’imposer, quitte à subir des camouflets », avance un cadre Mousgoum. Nul doute fait-il référence, à la tentative avortée d’une réunion préparée par lui pour le 5 juin dernier à Maroua et « endossée » par Cavayé Yeguié, laquelle devait rassembler autour d’une même table Arabe-Choas et Mousgoum après les violents affrontements enregistrés entre les deux communautés en 2021.

Les deux communautés avaient opposé une fin de non-recevoir, et la réunion a été reportée sine-die. Un camouflet qui s’est ajouté à un autre, survenu en mai 2021. Toujours à l’initiative de Yaouba Abdoulaye, Cavayé Yeguié Djibril, président de l’Assemblée nationale, dans une correspondance datée du 23 avril 2021, conviait les trois régions septentrionales à une animation politique du 15 au 31 mai 2021. « Vous devriez convoquer sans délais les chefs de délégations départementales permanentes dans vos régions respectives à l’effet d’impliquer les forces vives pour qu’elles prennent part à ces rencontres dont l’ambition unique est la recherche des voies et moyens pour sortir nos régions de la paupérisation actuelle », instruisait le président de la chambre basse du parlement.

Et de poursuivre plus loin : « Aussi, serait-il question de réaffirmer notre indéfectible soutien au président de la République, son Excellence monsieur Paul Biya, seul garant de la stabilité, du développement et de la défense de nos intérêts communs. Par ailleurs, il est question d’inciter nos populations à lui renouveler leur confiance, pour que nos régions si durement frappées par toute sorte de malheur, connaissent un meilleur sort ». L’initiative, comme bien d’autres, avait fait flop.