Dans une déclaration assez surprenante, Salomon Beas, cadre du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), vient de lancer un appel à la modération et à l'introspection au sein de son propre parti. Ses propos, d'une rare lucidité selon certains observateurs, mettent en lumière les contradictions qui peuvent exister au sein des mouvements d'opposition.

Beas pointe du doigt ce qu'il perçoit comme des incohérences entre les idéaux affichés et les actions de certains membres du parti. "Ils veulent la démocratie et prônent la violence. Ils parlent de l'unité, et divisent les familles aux visions politiques différentes", déclare-t-il, mettant en garde contre une radicalisation qui pourrait être contre-productive.

Le cadre du MRC va plus loin en remettant en question certaines méthodes employées : "Ils parlent du vivre ensemble et veulent assassiner ceux qui ne pensent pas comme eux. Ils parlent de la démocratie et ne sont pas prêts à la vivre". Ces accusations sévères risquent de ne pas être bien accueillies au sein du parti, notamment par le vice-président Mamadou Mota et d'autres figures importantes du mouvement.

Beas appelle à un retour aux valeurs fondamentales de la lutte politique au Cameroun, invoquant la mémoire des pères fondateurs tels que Um Nyobe, Ernest Ouandie, Félix Moumie et Ossende Afana. Il plaide pour "un Cameroun nouveau où les énergies seront libérées sans rancunes et dans le dialogue".

Cette sortie intervient dans un contexte politique tendu au Cameroun, où l'opposition cherche à se positionner comme une alternative crédible au régime en place. Les propos de Beas soulèvent des questions importantes sur la stratégie à adopter pour atteindre cet objectif.

Reste à voir comment ces déclarations seront reçues au sein du MRC et si elles ouvriront la voie à un débat interne sur les méthodes et les objectifs du parti. Dans un paysage politique souvent polarisé, l'appel de Beas à plus de nuance et de cohérence pourrait-il marquer un tournant dans l'approche de l'opposition camerounaise ?