Il est 5h du matin, Doris Fouoméné est déjà au fourneau, se prépare ensuite à nourrir les bêtes de son enclos. Avant de passer aux travaux champêtres pour terminer la journée par la gestion de sa petite pharmacie. Tel est le quotidien de cette enseignante, cultivatrice, infirmière, éleveur et vendeuse d’œufs. Originaire de la région de l’Ouest, elle réside à Nkometou depuis trois ans. Afin de mener à bien toutes ces activités, elle a établi un planning réglé comme sur du papier à musique. «Actuellement, c'est la période de vacances ; je ne vais plus enseigner. Je me lève à 5h du matin, je fais la cuisine. Je nettoie ensuite l’espace des animaux et je les nourris. Après cela, je vais au champ débroussailler et récolter du maïs.
Je vais à ma pharmacie pour y passer la journée. Je peux selon les périodes, faire une recette de 36 000 Fcfa» , explique-t-elle. Cependant, la tache devient plus difficile pendant la période scolaire puisque « Je me réveille à 4h du matin, je commence la cuisine. Simultanément, je m’en vais nourrir des bêtes puis je prends soin des enfants aux environs de 5h. Une fois cela fait, nous nous préparons et prenons la route pour l’école à 7h. De retour, on nourrit les animaux et je vais à la pharmacie pour retourner à 19h et aider les enfants à faire leurs devoirs » . Doris, l’ange gardien Partir de pharmacienne jusqu’à celui de fermière, Doris Fouoméné livre la recette de ses compétences. « A la base, je suis infirmière ; j'ai travaillé dans plusieurs hôpitaux. Malheureusement, malgré de nombreuses tentatives, je n’ai pas été intégré dans la Fonction publique. J'ai ensuite passé le concours de l'Enieg et j'ai suivi une formation avant de trouver un poste d'enseignante dans une maternelle privée » , raconte-t-elle.
Et de poursuivre, « étant donné que j'ai grandi dans une famille de fermiers et d’agriculteurs, et que mon père est aviculteur, je lui achète des cartons d’œufs sur commande et les revends en gros à des commerçants au marché de Nkometou et en détail devant ma pharmacie » . En ce qui concerne la vente des œufs de table, « Lorsque j’achète à 28.000 Fcfa le carton, en gros je vends à 30.500 Fcfa le chacun. Mais en détaillant, le carton me revient à 33.600 Fcfa. J’ai aussi des clients qui viennent de temps en temps acheter des porcs. En fonction de la taille, les prix vont de 70000 à 250000 Fcfa. Je fais le tri des poulets chaque dimanche et j’en vends 30 à 3000 Fcfa chacun » mentionne Doris Fouoméné. Ces multiples travaux ont porté leurs fruits dans la vie la jeune femme puisque « cela nous facilite la tâche pour l’alimentation de la famille. En plus, grâce à ma pharmacie et mon expérience d'infirmière je suis celle qui prend soin de la santé des membres de ma petite famille ce qui nous permet encore d'économiser. Mieux, ces multiples activités m'ont permises d'aider mon mari à acheter un terrain et nous avons pu construire une maison, envoyer les enfants à l'école et subvenir aux besoins de la famille en une année » .
Outre ses gains personnels, Doris est très appréciée par son entourage. « Elle me vend le carton à 30.500 Fcfa et je gagne 2400 Fcfa par carton » , confie Laurence Kuété, cliente et voisine. Et d’ajouter, « dernièrement, la température de l’enfant a commencé à grimper. Je l’ai appelé, elle est venue avec les médicaments. De la même manière, elle nous soigne, et nous accorde un traitement contre le paludisme complet à 20 000 Fcfa. Elle est un peu comme un ange gardien pour nous » . Mener toutes ces activités a tout de même des inconvénients. Le succès ou la prospérité ne frappe pas à la porte chaque jour. « Tout ceci est difficile pour moi puisque je dois mobiliser des efforts physiques et intellectuels. A la fin de la journée, je suis épuisée. En plus, il arrive qu’à mon réveil, plusieurs poulets sont morts. Il arrive également que je ne vende rien en une journée » , relativise Doris.