Actualités of Thursday, 27 April 2023

Source: www.camerounweb.com

Dossier Savannah : Jeune Afrique sort des révélations exclusives sur l’implication de Chantal Biya et son réseau

Chantal Biya est très puissante Chantal Biya est très puissante

Les relations entre le Tchad et le Cameroun sont tendues depuis le rappel de l'ambassadeur tchadien à N'Djamena le 20 avril 2023. Le Tchad accuse le Cameroun de soutenir la prise de contrôle illégale d'actifs pétroliers sur son territoire par la société britannique Savannah Energy et sa filiale basée aux Bahamas, Savannah Midstream Investment Limited (SMIL). En décembre 2022, SMIL a annoncé qu'ExxonMobil avait accepté de lui vendre tous les actifs d'Esso Exploration and Production Chad et une participation dans l'oléoduc Tchad-Cameroun, qui transporterait à terme le pétrole brut vers le port camerounais de Kribi, pour un montant de 407 millions d'euros. Cependant, N'Djamena s'oppose à cette transaction, affirmant qu'elle n'a pas donné son accord et qu'elle dispose d'un droit de préemption sur les actifs en question, qu'elle a donc décidé de nationaliser. En outre, il s'oppose à un autre accord conclu ultérieurement entre la société britannique et la Société nationale des hydrocarbures (SNH) du Cameroun. Jeune Afrique sort de nouvelles révélations sur l’implication de la première dame, Chantal Biya.


Les autorités tchadiennes expliquent qu’elles n’ont pas donné leur aval et qu’elles disposent d’un droit de préemption sur les actifs concernés – qu’elles ont par conséquent décidé de nationaliser. Surtout, elles s’opposent à un autre deal, passé ultérieurement entre la société britannique et la Société nationale des hydrocarbures (SNH) du Cameroun.

Le 20 avril, la SMIL a annoncé un nouvel accord dans lequel la filiale de Savannah Energy vend à la SNH 10 % de ses actifs dans la Cameroon Oil Transportation Company (COTCO), qui exploite le tronçon camerounais de l'oléoduc Tchad-Cameroun, pour un montant de 40,95 millions d'euros. Le Tchad a accusé des Camerounais anonymes d'être impliqués dans les affaires de Savannah Energy et d'avoir secrètement favorisé la société au détriment des intérêts du Tchad et en faveur de la SNH. Pour tenter de résoudre ce différend, le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno s'est adressé à son homologue camerounais Paul Biya, qui a dépêché son secrétaire général Ferdinand Ngoh Ngoh au Tchad le 26 avril pour discuter de la question. Mais les soupçons n'ont pas été dissipés, et ils se concentrent sur les collaborateurs de la première dame du Cameroun, Chantal Biya, indique Jeune Afrique.

Selon certaines sources, le différend, qui s'est transformé en conflit diplomatique ces derniers jours, remonte à plus d'un an, au début de l'année 2022. Les actifs d'Esso Exploration et Production Tchad, qui seront finalement vendus à Savannah Energy, intéressent alors une autre entreprise du secteur : Perenco. La société franco-britannique avait même approché Adolphe Moudiki, PDG de la SNH, pour lui faire part de son intérêt. Une lettre en ce sens a même été envoyée à la présidence au début du mois de février 2022. Mais l'affaire n'a pas abouti et Perenco, incapable d'acquérir les actifs d'Esso Exploration and Production, s'est retirée.

"Perenco proposait à la SNH le même deal que Savannah a mis sur la table plus tard", explique une source. Mais quelques mois plus tard, Savannah Energy a réussi là où son rival avait échoué, en approchant cette fois Nathalie Moudiki, épouse d'Adolphe Moudiki et véritable patron de la SNH.

Selon certaines sources, Nathalie Moudiki a mobilisé ses réseaux pour promouvoir Savannah Energy au Tchad, dans l'intérêt de la SNH. Amie de Chantal Biya, elle dispose d'une influence considérable auprès de Samuel Mvondo Ayolo, directeur de cabinet de Paul Biya, ainsi que de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, également proche de la première dame .