Le 9 mai, un accident impliquant un car de l'agence Touristique Express a fait quatorze morts, mettant en évidence une fois de plus le danger des routes camerounaises. Le gouvernement a initialement suspendu la compagnie, mais a rapidement fait marche arrière faute d'alternatives. Jeune Afrique fait de nouvelles révélations sur ce dossier et la route camerounaise.
La suspension de l'agence a suscité une polémique politique, avec des critiques de la société civile et de l'opposition qui pointent les faiblesses de l'État dans la gestion des transports. Certains estiment que les conducteurs et les agences de voyage sont injustement blâmés, tandis que les véritables responsables sont ceux qui détournent les fonds destinés à la construction et à la rénovation des routes.
« Mais ce rétropédalage n’a pas mis fin au débat quant à l’éternel dangerosité des routes camerounaises. Selon le gouvernement, seule une infime minorité du réseau routier national (0,6% des 121 884,7 km de routes) a en effet été entretenue en 2022. De même source, 51,14% des voies bitumées du pays sont toujours considérées comme « en mauvais état ». Et dans les coins reculés du pays comme autour des localités de Banyo, Guider ou Kousséri, les usagers doivent régulièrement braver la boue en saison pluvieuse et la poussière en saison sèche.Autre problème : le prix des visites techniques des taxis a presque doublé (de 9 500 à 17 900 francs CFA), aggravant la vétusté et donc la dangerosité des véhicules de transport. La corruption dans l’organisation des examens du permis de conduire est par ailleurs devenue un « sport national » selon les termes d’un responsable d’auto-école, et la présentation d’un sésame frauduleux à des policiers complaisants – moyennant finances – est monnaie courante. Conscients du danger de voir se multiplier des conducteurs mal formés, les professionnels du secteur assurent avoir averti le ministère des Transports, « en vain », détaille Jeune Afrique.
Les routes camerounaises sont en mauvais état, truffées de nids-de-poule, avec une signalisation insuffisante et des péages illégaux. Les fonds censés être alloués à l'entretien du réseau routier ne semblent pas être utilisés efficacement. Les transporteurs sont confrontés à des difficultés croissantes, avec des visites techniques plus coûteuses et une corruption généralisée dans l'obtention du permis de conduire.
Malgré ces problèmes, il n'y a pas d'alternative viable à la route. Le rail souffre également de problèmes de vétusté et de sécurité, et les tarifs ne sont pas compétitifs par rapport aux compagnies de bus. La compagnie aérienne nationale Camair Co ne parvient pas non plus à offrir une alternative crédible en raison de tarifs élevés et de problèmes de fiabilité et de gouvernance.
En fin de compte, les Camerounais continuent de dépendre des routes dangereuses pour leurs déplacements, car aucune solution concrète n'a été trouvée pour résoudre les problèmes du transport terrestre et aérien dans le pays.