« Dans notre tradition, la dot des filles vierges est élevée. » Voilà à peu près ce que Boniface T., opérateur économique de 38 ans, s'était entendu dire en 2019 chez les parents de Sonita M., employée de pressing âgée de 24 ans qu'il souhaitait épouser. La demoiselle en a donc 21 quand elle rencontre Boniface, présenté par la suite à ses parents habitant Village, lieudit « Entrée lycée Ndogpassi ». Le prétendant, n'écoutant que son cœur, s'engagera à respecter la « tradition » susmentionnée, au vu du « statut » de sa bien-aimée dont il avait été ainsi informé. De 2019 à 2021, l'homme va réunir la somme demandée pour la dot, soit six millions de francs.
Autre condition fixée par les parents de Sonita: leur fille doit rester vierge jusqu'au mariage. Pas question donc de visite au fiancé, ou d'autre situation où une tentation mal gérée pourrait tout gâter.
Boniface accepte. Après versement de la dot, le mariage est programmé pour 2022. Entre-temps, un voyage d'affaires le conduit aux Etats-Unis, d'où il revient en juin dernier. Les préparatifs du mariage sont aussitôt lancés. Le budget est de cinq millions de francs, et l'affaire confiée à un wedding planner.
Le 3 septembre dernier, les fiancés sont unis par les liens du mariage dans un centre d'état civil du côté de Tergal. Après la cérémonie, la nouvelle épouse rentre chez ses parents. Il est dit au mari qu'elle viendra à la soirée, articulation prévue dans une salle à Ndogpassi. Tout se passe bien, les invités mangent boivent, et les mariés reçoivent des cadeaux. Vers 3h, le couple se retire pour son désormais domicile conjugal, à Makèpe « Immeubles ». Boniface l'ignore encore, mais une surprise l'attend.
Au moment de consommer le mariage, un constat s'impose. Sonita n'est pas vierge. On n'a pas de détails sur le reste de la nuit, mais le lendemain, des proches venus en « comité de liquidation » au domicile croient lire de la tristesse sur le visage du jeune marié. Il s'agit plutôt de contrariété : depuis ce matin-là, Boniface n'arrive pas à joindre son avocat. Mais lundi, il y parvient Et le charge aussitôt d'engager des procédures. D'abord une plainte contre sa belle-famille pour escroquerie et mensonge. Ensuite le divorce. L'homme exige aussi un dédommagement pour les trois années passées à attendre le contact charnel avec Sonita, période pendant laquelle il assure ne pas avoir approché d'autres femmes. Il qualifie ce préjudice de « manque à gagner intime ». Boniface a en outre fait savoir à sa belle-famille qu'il avait enregistré leurs échanges à l'époque des négociations pour la main de Sonita.