Vendeurs et acheteurs ont bien affûté leurs techniques pour éviter toute suspicion. Selon le témoignage d’une jeune dame qui apparemment vend des prunes et du maïs braisés en bordure de rue au lieu-dit Bilonguè. «Je vends du cannabis depuis 3 ans. Je fais la tontine de 100.000 FCFA par semaine. Pour éviter des suspicions, je fais une activité parallèle. Je vends la drogue aux étudiants, aux prostituées, aux enfants de la rue et même ceux qui exercent des travaux pénibles, tel que les mécaniciens», avoue Delphine.
Selon Lne, chaque soir, la jeune femme installe son four, sur lequel elle braise des prunes. «En réalité, ce n’est qu’un prétexte pour écouler sa vraie marchandise. Il est environ 16 heures, ce samedi 13 août 2016, au lieu-dit Bilonguè. Une jeune dame s’amène près du comptoir, et tend le billet de 2000 FCFA. Delphine glisse la main dans un sac contenant du charbon et sort un petit sachet dissimulé entre les prunes braisées et le remet à sa cliente».
Autre lieu, même constat. Au rondpoint Dakar à Douala 3e, Emmanuel transporte des parapluies qu’il prétexte vendre. Mais en réalité, il écoule la cocaïne. «Je me balade surtout dans les secteurs des délinquants et prostituées. Je leur fais la proposition en sourdine, de peur d’être chopé par la police. Pour mes clients fidèles, lorsqu’ils veulent une bonne dose, il prononce le code. Je fais semblant de leur proposer un parapluie dans lequel est caché le cannabis. Mon client le retire discrètement et me remet de l’argent», raconte ce dernier.
Situation identique au quartier Bépanda présenté comme un lieu important de consommation des stupéfiants. Ici, les consommateurs sont les agresseurs et les prostituées. Selon un riverain, «déjà aux environs de 19 heures, les petits agresseurs fument de la drogue dans les pistes du quartier. Ils commencent à provoquer les passants, surtout les étrangers», confie un riverain. Le marché "Double balle" n’est pas en reste.
C’est un autre foyer de consommation de la drogue précisément au lieu-dit terrain Doungué. Vêtus comme des sportifs, ces derniers se regroupent pour faire le partage du «Banga», dès 17 heures. «Nous ne pouvons pas nous plaindre, de peur d’être agressés par ces délinquants. Ils consomment la drogue devant nous sans avoir froid aux yeux», révèle une autre riveraine. Toujours à Douala 3e, se trouve ce qui est considéré comme le grand centre d’approvisionnement par excellence. «Des trafiquants y transitent chaque jour, une aubaine pour ces derniers qui y glissent leurs stupéfiants. Ici, c’est la plaque tournante de la vente de la drogue dans la capitale économique… les différents types de drogue y sont vendus. Cannabis, Banga, cocaïne, etc. Ainsi les saisies sont régulières».
Selon un rapport du comité national de Lutte contre la Drogue (cnLD), rendu public en juillet 2015, le Cameroun en général et Douala en particulier se présentent comme la plaque tournante du trafic des stupéfiants en Afrique centrale. En quatre ans, environ 65, 275 kg d’héroïne, 1, 931 kg de cocaïne, 2,705 kg d’opium et 0, 350 kg de morphine ont été saisis au Port Autonome de Douala.