• Des manifestations sont organisées depuis plusieurs jours à Douala
• Les populations manifestent leurs mécontentements contre des projets d'expropriations
• Des velléités d'une lutte armée se font sentir
Dans les nombreuses vidéos et photos des manifestations qui ont lieues depuis quelques jours à Douala, une vidéo tournée par un des manifestants menaçant de s'en prendre aux Bamilékés et d'organiser une lutte armée inquiète.
Lors de la manifestation des Sawa, le manifestant a d'abord accusé les Bamiléké d'avoir arraché leur village, avant d'ajouter que dans très pas longtemps il portera les armes contre le Cameroun.
Les manifestations du jeudi 26 mai à Dikolo qui ont connues la présence de plusieurs leaders politiques à Douala ont été encerclées par des policiers déployés sur le lieu.
Une descente à Douala nous permet de constater que l'appel des Sawa à manifester contre l'expropriation de leurs terres a été suivi ce jour par plusieurs fils et filles de la communauté.
"Les instructions ont été données de se vêtir en noir, couleur des lamentations et du deuil. Instructions respectées par les gendarmes et policiers habillés en noir qui ont répondu à l'appel mettant en garde les Sawa contre toute idée de soulèvement contre les la paix et le vivre ensemble chèrement acquis par le président de la République son excellence Paul Biya", commente une source.
La sale histoire de l’hôtel Marriott
80 familles ont été forcées de quitter leur logement à Douala, afin de faire place à la construction du premier hôtel Marriott du Cameroun. Une histoire où se mêlent politique, argent et corruption.
C’est une scène surréaliste. A Dikolo, dans la banlieue de Douala, la capitale économique camerounaise, c’est sous les bombes lacrymogènes et devant les lames des bulldozers que des centaines de personnes ont été contraintes d’abandonner leur domicile.
Le terrain est préparé par un avocat camerounais installé au Canada, Olivier Chi Nouako. Sur ce terrain doit être construit le premier hôtel de la chaine américaine Marriott.
Le problème, c’est que les 80 familles qui ont observé leurs maisons être rasées samedi dernier n’ont pas vendu ces terrains. C’est le ministre camerounais des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières, Henri Eyebe Ayissi, qui a finalisé cette affaire qui dure depuis maintenant près de 15 ans.
Début août 2020, Ayissi, accompagné d’Olivier Chi Nouako, a signé au nom de l’Etat camerounais la vente des terrains. Vers la fin de l’année dernière, les habitants ont reçu des ordres d’évacuation, en raison d’une expropriation décidée sous couvert d’« utilité publique ».
L’organisation Change avait alors présenté une pétition au Premier ministre Joseph Ngute, signée par des milliers de personnes. L’ONG y expliquait qu’il « s’agit de terrains ancestraux sur lesquels vivent des autochtones de Douala depuis plus de 300 ans. C’est un site historique qui regorge des emblèmes, édifices et monuments sacrés, liés à la culture du peuple Douala qui vit sur ces lieux ».
L’organisation avait également mis en exergue qu’un hôtel privé « n’a aucun caractère d’utilité publique ou d’intérêt général comme le précise la loi Camerounaise en matière de DUP ».