Une tragédie sans précédent a frappé la communauté scientifique camerounaise. Monsieur MOUNSI Frédéric, chercheur au Centre de Recherche Géologique et Minière de Garoua, ainsi que son ami Dr BELLO Bienvenu, enseignant à l'Université de Garoua, et leur guide local ont été sauvagement assassinés dans la localité de Souledé-Roua, située dans le département du Mayo Tsanaga, région de l'Extrême-Nord.
Selon les informations relayées par une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, les trois hommes auraient été ligotés, battus à mort, puis leurs corps incinérés par une foule en colère. Ce drame s'est produit alors que M. MOUNSI effectuait une mission de recherche en géologie structurale dans le cadre de sa thèse de doctorat.
Le chercheur, muni d'un ordre de mission officiel de huit jours, avait entrepris ce déplacement à Souledé-Roua pour collecter des données complémentaires nécessaires à la finalisation de ses travaux de thèse. Fait notable, cette mission était entièrement financée sur ses fonds personnels, illustrant les difficultés rencontrées par les chercheurs camerounais pour mener à bien leurs travaux scientifiques.
D'après le communiqué du Syndicat National des Chercheurs (SYNAC), M. MOUNSI aurait tenté de s'identifier auprès de la population locale, mais ses explications sont restées lettre morte face à une foule hostile qui a refusé de l'écouter, bien qu'il ne portait aucune arme.
Face à cet acte qualifié d'"ignoble" par le SYNAC, le syndicat a fermement condamné cette "justice populaire" qu'il considère comme une véritable "injustice publique". Il appelle le gouvernement camerounais à ouvrir d'urgence une enquête pour identifier et traduire en justice les auteurs de ce crime odieux.
Au-delà de la dimension judiciaire, le SYNAC soulève deux problématiques fondamentales :
- La sécurité des chercheurs lors de leurs missions de terrain
- Le financement adéquat de la recherche scientifique au Cameroun
Le syndicat sollicite "une discussion sincère avec le Gouvernement de la République" afin que les risques liés aux missions de recherche soient minimisés et que la question du financement de la recherche soit définitivement résolue.
En l'absence d'un dialogue social constructif avec les autorités, le SYNAC n'exclut pas de mobiliser l'ensemble de la communauté scientifique pour manifester contre cette "débrouillardise scientifique" qui, selon lui, expose dangereusement les chercheurs camerounais.
Cette tragédie met en lumière les conditions précaires dans lesquelles travaillent de nombreux chercheurs au Cameroun, contraints de financer eux-mêmes leurs travaux, et les risques considérables qu'ils prennent pour contribuer au développement scientifique du pays.
Le SYNAC a présenté ses condoléances aux familles des victimes, tandis que la communauté scientifique nationale et internationale attend désormais des mesures concrètes pour que justice soit rendue et que de tels drames ne se reproduisent plus.