Le bras de fer entre le directeur général de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) et le ministre de la fonction publique et de la réforme administrative tutelle de l’établissement qu’il dirige était un des sujets au menu des débats télévisés de ce dimanche 19 novembre 2017. Commentant le sujet sur Equinoxe télévision, le conseiller juridique national du Social democratic front (SDF) a fustigé l’attitude du directeur général de l’ENAM Linus Toussaint Mendjana qu’il accuse de rébellion. « Le Cameroun n’est pas gouverné. Je ne comprends pas que le directeur général de l’ENAM se rebelle contre le ministre de la fonction publique, qu’il choisisse de violer les textes, les lois, pour proclamer les résultats d’un concours qu’il n’a pas organisé », s’est indigné Me Lavoisier Tsapy.
Il était encore plus outré lorsqu’il a fustigé en évoquant l’indiscipline qui caractérise les dirigeants camerounais ces « ministres qui ne disent même pas bonjour au Premier ministre ». Selon lui, ce système de violation des lois a commencé en haut lieu. Il explique que c’est le président de la République qui donne l’exemple et l’entêtement à ses ministres. Et de prendre comme exemple le passage de la République unie du Cameroun à la République du Cameroun. Le juriste soutient que Paul Biya a signé un simple décret pour acter ce changement alors que la constitution du Cameroun prévoyait une loi ou un référendum. Il cite comme référence l’article 36 de la Constitution de 1972. Autre exemple pris par Me Tsapy cette loi de 1996 qui stipule que le président doit nommer chaque délégué du gouvernement avec deux adjoints. Il déclare que depuis 20 ans aucun adjoint n’a jamais été nommé et en conclut que Paul Biya ne respecte pas la loi.
Pour lui, la crise de l’ENAM traduit la mainmise des réseaux dans la gestion du pays. « Le Cameroun n’est pas gouverné. On est dans une république de réseaux. Il y a une chose que les Camerounais n’ont pas beaucoup vue. C’est le directeur général de l’ENAM qui va chercher dans sa voiture les deux enfants du président qui viennent composer. Si le chef de l’Etat peut te confier son fils pour le conduire à un concours cela veut dire qu’il y a une confiance exceptionnelle ! Donc il a son réseau, il a ses entrées à la présidence de la République. Donc il peut se moquer de son ministre de tutelle. Est-ce que vous croyez que sous Ahidjo, un directeur général pouvait se rebeller contre son ministre ? La sanction tombait le lendemain ! », assure-t-il.
Il indique que dans le précédent bras de fer de l’ENAM ayant opposé le ministre Benjamin Amama au dg Benoit Ndong Soumhet , le premier avait été « sacrifié » alors que le second avait violé la loi. « Quel message donc les dirigeants veulent donner au peuple camerounais ? Que les textes ne servent à rien ? », demande Me Lavoisier Tsapy.