Dans le Nyong et Mfoumou, le représentant de l'État s'insurge contre l'abandon des travaux routiers et promet des mesures radicales

Une scène peu commune s'est déroulée récemment dans le département du Nyong et Mfoumou lors d'une visite d'inspection du ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi. Le préfet François Etapa, connu pour son franc-parler, a une nouvelle fois fait sensation en dénonçant ouvertement les manquements d'un entrepreneur et en menaçant de prendre des mesures drastiques.

Face au ministre des Travaux publics venu constater l'avancement des chantiers routiers dans la circonscription, l'administrateur civil principal hors échelle n'a pas mâché ses mots. Visiblement excédé par la situation du lot n°2 concernant l'axe Yil-Endom, portion de la route Akonolinga-Endom-Obout, François Etapa a annoncé son intention de "mettre en difficulté" l'entreprise adjudicataire du marché.

"Je ne vais pas tarder à mettre en état d'arrestation cet entrepreneur véreux qui se croit tout permis pour avoir gagné le marché à partir de Yaoundé," a déclaré le préfet devant un ministre apparemment surpris par cette sortie.
Selon les déclarations du préfet, l'entrepreneur en question aurait abandonné le chantier seulement deux semaines après la signature du contrat. Plus grave encore, l'unique engin affecté aux travaux serait en panne depuis cinq mois, et le responsable de l'entreprise demeurerait "invisible" malgré les relances des autorités locales.

Cette situation n'est pas sans rappeler celle dénoncée par le même préfet dans une vidéo devenue virale fin 2023, où il s'insurgeait déjà contre des "pratiques mafieuses" concernant l'abandon de projets routiers dans sa circonscription.
François Etapa s'impose comme une figure singulière dans le paysage administratif camerounais. Décrit par certains observateurs comme "une espèce rare en voie de disparition", il se distingue par son courage à affronter directement les problèmes, sans considération pour les liens potentiels entre entrepreneurs et hautes sphères du pouvoir.

"C'est un préfet qui ne parle pas avec des gants ni de velours," témoigne un habitant d'Akonolinga. "Il dit les choses comme elles sont, même devant un ministre, et c'est ce que nous apprécions."

Au-delà de l'aspect anecdotique de cette confrontation, les enjeux sont considérables pour les populations locales. L'axe routier Akonolinga-Endom-Obout représente une artère vitale pour le désenclavement du département et le développement économique de cette région riche en produits agricoles.

"Quand les routes ne sont pas praticables, ce sont nos produits qui pourrissent, nos malades qui ne peuvent pas être évacués vers les hôpitaux, nos enfants qui peinent à rejoindre leurs établissements scolaires," explique un chef traditionnel de la région.