Vendredi, 04 septembre 2015. La division régionale de la police judiciaire du Sud à Ebolowa est saisie d’une affaire de mœurs. Une fille de 15 ans est porteuse d’une grossesse de six mois. La fille est élève en classe de troisième au lycée blanc d’Ebolowa.
D’après la première visite prénatale et l’aveu de l’auteur de la grossesse, cette dernière est sexuellement active depuis l’âge de 13 ans. L’auteur de la grossesse, un conducteur de moto âgé de 26 ans et la fille sont tous d’un même village. Enongal bulu, non loin de la ville d’Ebolowa. Le conducteur de moto est accusé de « détournement de mineur, atteinte à la pudeur et corruption de la jeunesse ».
La famille de la fille racontant que, « le conducteur de moto à usage commercial, flattait souvent leur fille avec du pain chargé, du chocolat et des jus avant les rapports sexuels».
Samedi, 30 mai 2015, la division régionale de la police judiciaire du Sud est saisie d’une autre affaire de mœurs. Une fille de 14 ans fugue le domicile familial pendant six jours et s’installe chez son petit ami pour des rapports sexuels. La jeune fille est élève en classe de troisième au collège Jezi d’Ebolowa. Son partenaire, un jeune homme de 17 ans, est lui, élève en classe de première au Collège de référence de l’amitié (Coréa).
Les parents de la fille portent plainte au jeune garçon. Il est interpellé et gardé à vue. Les parents de la fille exigeant aussi à l’occasion, que leur fille fasse des examens médicaux pour savoir si elle est tombée enceinte ou non pendant les six jours d’intenses rapports sexuels non protégés, ou encore, si elle est infectée d’une maladie sexuellement transmissible (MST) ou d’une infection sexuellement transmissible (ist).
Expériences
Samedi, 28 février 2015, des parents d’une fille de 14 ans se présentent à la division régionale de la police judiciaire du Sud à Ebolowa. Leur problème, c’est que leur jeune fille entretient des rapports sexuels avec un homme. Le mis en cause, Jean Gaston Mengue, 23 ans, est sans emploi. D’après le témoignage de la mère de la fille, « l’homme entretient des rapports sexuels avec la fille depuis que cette dernière est âgée de 12 ans au quartier Ebolowa-Si 2 camer.be». Elle ajoute, « ce, en dépit des multiples mises en garde à lui adressées par la famille de sa jeune partenaire.
L’année dernière, la fille est même tombée enceinte de cet homme, à l’âge de 13 ans. La mère de la fille raconte aussi que le même Jean Gaston Mengue a fait avorter sa fille. Liliane Emvono, 18 ans, est élève en classe de seconde au lycée d’Efoulan par Ebolowa. La jeune fille dit être sexuellement active depuis l’âge de 14 ans.
La cause, le décès de son père. Après la mort de son père, sa mère s’est remariée avec un autre homme du village. Le nouveau mari de sa mère ne voulant pas d’elle, la jeune fille est donc contrainte d’aller vivre ailleurs. Chez des oncles maternels, dans un village proche du lycée d’Efoulan.
Et là-bas, la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Liliane se plaint tout le temps, « qu’à cause des mauvaises conditions de vie, j’étais obligée de vite connaître l’homme pour subvenir à mes besoins de base ». L’an passé, elle est tombée enceinte et a accouché d’une fille. Cette année scolaire 2015/2016, elle doit poursuivre deux lièvres à la fois.
Aller à l’école et s’occuper du bébé. Viany Andeme, âgée de 18 ans, est du village Nsélang par Ebolowa. Elève en classe de quatrième année, industrie de l’habillement au lycée technique d’Ebolowa, elle, également, est déjà mère d’enfant. Depuis l’âge de 17 ans. Elle confie néanmoins que, bien avant sa grossesse, elle connaissait déjà l’homme. Donc sexuellement active, bien des années auparavant.
La jeune fille raconte que ses expériences sexuelles remontent à 2011. Elle avait alors 13 ans. Viany relate, « c’est surtout par curiosité que j’ai voulu connaître l’homme. Je me demandais comment ça pouvait être, alors je me suis engagée Camer.be». Cette année scolaire, la jeune fille a repris le chemin de l’école après une pause due à la maternité. Comment va-t-elle concilier les études et la prise en charge de l’enfant ?
Elle reste dubitative à cette interrogation. Nadine A, 21 ans, est infirmière stagiaire à l’hôpital régional d’Ebolowa. La jeune fille, du village Nyabizan, dans l’arrondissement de Ma’an, département de la Vallée du Ntem, ironise : « j’ai conçu à l’âge de 15 ans, pour goûter ». L’infirmière stagiaire raconte que, « c’était sur insistance de mes cousines.
Elles me disaient toujours qu’à l’âge de 15 ans, j’étais déjà assez grande pour goûter au fruit défendu». Elle poursuit, « j’avais peur, mais, le père de mon enfant qui est également mon premier homme m’avait beaucoup encouragée et convaincue que nous devions le faire ». La jeune fille ajoute, qu’un jour, « j’ai rassemblé mon courage et je suis passée à l’acte Camer.be». Aujourd’hui, le petit junior est âgé de six ans.
Il est inscrit au cours élémentaire première année dans une école publique de la ville d’Ebolowa. Nadine dit ne pas trop souffrir de stress parce que le père de son enfant s’en occupe plutôt bien. Heureusement pour elle. Car, dans la plupart des cas, la fille mère se retrouve souvent seule avec la charge du bébé. Situations avec une incidence certaine sur l’avenir de cette dernière. D’où l’interpellation des parents.
Des parents désemparés
Esther Mengue tient un call box au centre-ville d’Ebolowa. Elle dit ne pas comprendre comment sa fille a pu se faire enceinter à l’âge de 14 ans. Juste un an après ses premières menstrues. Elle était alors élève en classe de deuxième année, industrie de l’habillement au lycée technique d’Ebolowa. Esther raconte : « elle avait pourtant tout pour ne pas aller dehors. Je me suis battue pour qu’elle soit à l’abri du besoin et qu’elle ne succombe point à la tentation. Hélas, en dépit de tous ces efforts, elle m’a ramené une grossesse à l’âge de 14 ans. Je ne savais pas encore qu’à cet âge, elle connaissait déjà le sexe ».
Mireille Mbengon, 53 ans, mère d’enfants, commerçante de fruits à Ebolowa, accuse le « modernisme ». La télévision, internet, le téléphone, la mode vestimentaire. Elle ajoute aussi à cette liste, la consommation des stupéfiants par nombre de jeunes. A ce jour, déplore-t-elle, « tu crois avoir une enfant de 12 ans à la maison, alors qu’elle est déjà une femme.
A cause des films pornographiques, elle maîtrise tout ce qui se passe dans l’intimité de l’homme et la femme. Elle connaît déjà le sexe Camer.be ». Pour Pauline Ntede, une autre commerçante de fruits installée au centre-ville d’Ebolowa, « les filles d’aujourd’hui sont très fragiles. Pour 1000 FCFA, elles se livrent ». Elle avertit donc, « quand tu vois ta petite fille commencer à mal s’habiller, si tu laisses, les hommes vont commencer à mettre l’œil sur elle ».
Martine Bityé Biya’a, mère d’enfants, épouse de pasteur, trouve que l’on accuse souvent les parents à tort dans les questions d’encadrement des enfants, surtout celle de la jeune fille. Elle argue en effet: « je ne connais aucun parent qui peut accepter souffrir pour envoyer sa fille à l’école pour que cette dernière revienne avec une grossesse ».
Qu’est-ce qui peut donc justifier le phénomène ? Le sujet fait débat et les avis ne convergent pas toujours. Libéralité des mœurs Magloire Mvondo, enseignant, pense que le problème est d’abord culturel. D’après l’instituteur, « avant dans la coutume des populations de la région du Sud, la fille devant aller en mariage devait laisser un substitut numérique pour combler le vide que devait créer son départ ».
Benjamin Yene, délégué régional de la Promotion de la femme et de la famille du Sud relève d’ailleurs à ce sujet que, « sur le plan socio culturelle, la mentalité de la femme est plus libérale dans la région du Sud.
La libéralité des moeurs
Assez poussée ici, fait que la sexualité n’est pas un sujet tabou ». Le fonctionnaire ajoute qu’il y’a aussi le facteur socioéconomique. D’après lui, on a tendance à vouloir transposer sur la jeune fille, ce qu’on a vécu. C’est ainsi que certaines mères tiennent à leurs jeunes filles un langage du genre, « à votre âge, je soutenais déjà la famille ».
Le délégué régional poursuit qu’il y a une autre catégorie de parents qui incite à ce phénomène pour que la jeune fille apporte sa contribution à la survie de la famille. La pauvreté galopante aidant, la jeune fille saisit implicitement le message. A ce chapelet, Benjamin Yene n’épargne pas « l’absence de plus en plus régulière des parents auprès de leurs enfants ».
Et puis, Il ne faudrait pas surtout oublier, la mauvaise gérance de la puberté. « Une gestion approximative de toute la curiosité se dégageant de cette période délicate chez la jeune fille. Un manque d’éducation sexuelle en somme», martèle enfin Marguerite Eugenie Nsongo Moukala, chef service de la promotion sociale de la femme et du genre à la délégation régionale de la Promotion de la femme et de la famille du Sud.