24h après le satisfécit exprimé par ces deux membres du gouvernement au sujet du bon déroulement du scrutin de dimanche dernier, Transparency international, dans une note publiée sur son site web, déclare que la mission d’observation déployée au Cameroun durant l’élection n’a reçu aucun mandat d’elle.
Arnaque, usurpation ou imposture politique ? C’est visiblement du bonnet blanc, blanc bonnet dans ce qui est désormais convenu de baptiser l’« affaire Transparency international ». L’histoire commence lundi 08 octobre 2018. Au lendemain du scrutin du 07 octobre dernier, une mission d’observation conduite par Raphaël Kalfon, qu’accompagnaient Salomon Benros, Amanda Benzikri, Nurit Greenger entre autres, donne face à la presse à Yaoundé, une communication sur la tenue des élections. Au micro de certains médias dont la Crtv, Canal 2 International et Équinoxe TV, cette délégation d’expatriés révèle que le processus électoral a été «transparent» et «crédible». De quoi rassurer les responsables d’Elecam, le ministre de l’Administration territoriale et son homologue de la Communication qui voient en cette déclaration, la preuve par 10 que la démocratie longtemps vantée au Cameroun, est une réalité traduite à travers le devoir du citoyen.
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Eloges
Faisant chorus sur la bonne tenue des élections, Raphaël Kalfon et ses collègues notent «une évolution dans le processus électoral au Cameroun». D’abord, de grandes avancées qu’il trouve étonnant. « C’est la première fois que j’ai vu ça au cours d’une élection: des affiches, des petites affiches en braille. Je n’ai vu ça nulle part ailleurs. En même temps, il y avait des affiches qui expliquaient merveilleusement bien le processus qui n’était pas facile. D’abord, l’encre bleue qu’il fallait mettre à la fin, etc. Finalement, c’était très bien expliqué. J’ai trouvé, pour ma part, que les élections se sont déroulées merveilleusement bien avec des présidents et des membres du bureau, des scrutateurs très impliqués. Des représentants de chaque parti derrière les bulletins de vote très impliqués aussi. C’était d’une grande sérénité et en même temps d’une grande émancipation», ajoutent les experts.
A propos de la Commission électorale, le groupe d’observateurs ne tarit pas d‘éloges. « J’ai trouvé la manière de faire d’Elecam très pédagogique. Il y avait des livrets dans chaque bureau… Il y avait vraiment des normes et des choses faites qui étaient très claires », renchérit un autre membre du groupe. La Crtv qui consacre une bonne partie de ses journaux télévisés à la sortie de ces émissaires dont les propos sont paroles d’évangile.
Structure inconnue
Sauf que hier, dans son communiqué, Transparency international dément toute affiliation avec les personnes présentées dans le sujet. « Les individus apparus dans les différents reportages diffusés dans les médias camerounais n’ont aucune affiliation avec Transparency », a révélé Patricia Moreira, directrice générale du secrétariat international de Transparency International. «Notre branche locale au Cameroun a mis sur pied un mécanisme de reporting à la portée du grand public, et en même temps, nous avons travaillé avec un réseau de citoyens pour rapporter de possibles irrégularités observées à notre représentation locale», a-t-elle ajouté. Par ailleurs, dans la note publiée sur son site web, l’institution affirme que « cet acte volontaire des personnes aperçues au Cameroun, qui se font passer pour Transparency, est inacceptable ».
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La section camerounaise de Transparency International à travers un communiqué de presse dont Le Messager a obtenu copie confirme ne pas connaître le groupe et s’étonne qu’il soit décrit comme une mission « d’observateurs ». Après recoupement auprès du secrétariat international à Berlin, écrit Me Charles Nguini, « il s’est avérée qu’aucune mission de ce type n’avait été déployée au Cameroun à l’occasion de l’élection présidentielle d’octobre 2018 et qu’il s’agirait plutôt d’un groupe d’individus déployé par une structure encore inconnue, s’étant servie de la plateforme www.elections.corruption-no-sissia.org, mise en ligne par TI-Cameroon pour remonter les données ».
Irrégularités
Transparency Cameroun qui annonce une communication officielle dès ce mercredi, affirme par ailleurs que la seule initiative prise par l’Ong durant ce processus électoral ajoute que cette plateforme est destinée au grand public visant à signaler les irrégularités éventuelles. Pour l’Ong, il s’agit dès lors d’une tentative délibérée d’usurper l’identité de Transparency International. Suffisant pour « exhorter tous les partis politiques et les médias à agir de manière responsable et intègre dans leurs communications autour de l‘élection et de ses résultats », conclut le communiqué. Qui sont donc ces fameux individus qui se sont fait passer pour une Ong à laquelle ils n’appartiendraient pas ? Par quelle alchimie le Minat leur a-t-il délivré des accréditations et comment a-t-on pu faire confiance à leur verdict post-électoral ? Affaire à suivre !