La menace s'alourdit sur les chefs coutumiers des régions anglophones du Cameroun au fur et à mesure qu'approche l'élection présidentielle du 7 octobre prochain.
Huit chefs anglophones ont déjà été enlevés en juillet dernier, dont un exécuté par les combattants sécessionnistes.
Les chefs coutumiers au Cameroun ont en effet un statut d'auxiliaire d'administration, et sont assimilés de fait aux membres du régime de Yaoundé dont ils perçoivent un salaire mensuel.
Cela engendre de manière directe ou indirecte leur implication dans la campagne électorale en faveur du régime.
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À la recherche de la stabilité
Sa majesté Douala Manga Bell du canton Bell à Douala, l'un des rois les plus influents de la côte camerounaise, explique comment les chefs coutumiers s'engagent dans la campagne électorale :
"Quand il y a des périodes électorales comme cela se présente dans notre pays, le positionnement du chef traditionnel est d'une importance considérable. Ce que nous cherchons particulièrement, c'est de faire en sorte qu'il puisse y avoir une stabilité, des mécanismes de paix, que les gens du canton Bell aillent vers les urnes en respectant le plus possible tout ce qui est sécuritaire, tout ce qui est stabilité, de manière à ce que cela se passe le mieux possible. Je suis, nous sommes pour la stabilité des institutions politiques. Stabilité des institutions veut dire paix sociale, paix à l'intérieur du pays."
Le sultan des Bamouns et le roi des Bandjoun à l'Ouest, ou encore le paramount chief de Kumba, dans le sud-ouest, et le lamido de Rey-Bouba au nord du Cameroun, sont des exemples de chefs coutumiers politiquement très marqués et qui sont d'ailleurs des sénateurs nommés par le parti au pouvoir.
Les deux jambes des chefs traditionnels
Leur statut et parti pris sont souvent critiqués. Mais Sa majesté Sikam Happi V, roi des Bana, affirme que les chefs coutumiers, qu'ils soient francophones ou anglophones, ne peuvent pas faire autrement que d'être dans cette « situation embarrassante » de membre de fait du parti politique de Paul Biya.
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Pour Sa majesté Jean Baptiste Djoumessi, chef traditionnel du village Moukentse par Dschang à l'ouest du Cameroun, qui reconnaît aussi cette situation que certains appellent "traîtrise des chefs coutumiers", l'idéologie politique qui doit gérer l'Etat comme la chefferie traditionnelle, doit cependant être une idéologie centriste : "Le chef traditionnel est dans la politique institutionnellement. En fait, le chef traditionnel marche sur deux jambes : une jambe de légitimité coutumière et une deuxième jambe qui est celle de la légalité. La légalité renvoie aux normes étatiques de la nation."
La mission s'avère aujourd'hui risquée pour les chefs coutumiers des régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du Cameroun, face aux combattants sécessionnistes et autres bandes armées, dans un contexte électoral critique.