La commission électorale nationale indépendante a publié la liste provisoire des candidatures à l'élection présidentielle de décembre prochain. La liste doit encore être examinée par la Cour constitutionnelle.
La liste définitive des candidats sera publiée le 18 novembre, à la veille de l'ouverture officielle de la campagne électorale.
Parmi les candidatures provisoires, reçues par la Céni entre le 9 septembre et le 8 octobre, 16 sont indépendantes. Six candidatures sont portées par des partis politiques et deux représentent des regroupements politiques.
Félix Tshisekedi brigue un deuxième mandant
Au pouvoir depuis janvier 2019, le président Félix Tshisekedi est candidat à un nouveau quinquennat.Pourtant désigné officiellement candidat de "l’Union sacrée", la majorité au pouvoir, pour l'élection présidentielle de décembre 2023, Félix Tshisekedi est inscrit comme candidat indépendant sur la liste provisoire publiée par la Céni. Lors d’un congrès le 1er octobre, l'UDPS, le parti au pouvoir et les autres partis membres de "l'Union sacrée de la nation" avaient plébiscité le président sortant comme leur porte étendard.
Pour les observateurs de la scène politique congolaise, Félix Tshisekedi, bien que porté par une coalition, se présente en candidat indépendant pour deux raisons.
D’abord, parce que "l’Union sacrée de la nation", la coalition de partis politiques soutenant la candidature du président Félix Tshisekedi à sa réélection en décembre, n’est pas "officiellement enregistrée" comme une plateforme politique.
Autre raison, le président Félix Tshisekedi à la tête de l’UDPS, n’a pas voulu "frustrer" les autres partis politiques qui soutiennent sa candidature.
A la présidentielle du 20 décembre, il pourra compter sur le soutien de Jean-Pierre Bemba, l’actuel vice-Premier ministre en charge de la Défense ou encore de Vital Kamerhe, vice-Premier ministre en charge de l’économie.
Qui sont les challengers les plus connus de Felix Tshisekedi ?
Face au président Felix Tshisekedi, l'opposition aligne plusieurs poids-lourds. Ci-dessous, nous passons en revue les plus éminents.Moïse Katumbi
Le richissime homme d'affaires et ancien gouverneur du Katanga (sud-est) a déposé sa candidature le mercredi 4 octobre.Le leader du parti Ensemble pour la République n’était pas candidat en 2018 ; en disgrâce avec l’ancien président Joseph Kabila, il était en exil. Mais depuis son retour en 2019 et son divorce politique avec Félix Tshisekedi, il se présente désormais comme un challenger sérieux du président sortant.
Martin Fayulu
Porté par la coalition "Lamuka", Martin Fayulu a maintenu le suspens sur sa praticipation aux prochaines élections, avant officialiser sa candidature le 30 septembre.Le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 revendique toujours sa victoire et se fait appeler "président-élu".
Arrivé en 2e position avec 34,8 % des voix, Martin Fayulu envisage cette année de se " battre pour exiger la transparence des élections".
Martin Fayulu avait réclamé un audit international et indépendant de l’actuel fichier électoral qui selon lui, sur 43,9 millions d'électeurs inscrits, il y en aurait "10 millions de fictifs", entre autres raisons qui l'ont poussées à essayer de boycotter cette présidentielle.
"Cette fois-ci, ça ne passera pas... Nous refusons de blanchir la fraude (...), nous devons nous mobiliser pour empêcher que la parodie électorale en préparation ne se réalise», avait-t-il déclaré face à la presse.
Adolphe Muzito
Le leader du parti Nouvel Elan est candidat à la prochaine présidentielle. Adolphe Muzito, a, lui également déposé samedi 30 septembre sa candidature au scrutin du 20 décembre.L’ancien premier ministre s’était récemment retiré de la plateforme "Lamuka" de l'opposant Martin Fayulu.
Le président du Nouvel Élan avait saisi, par correspondance, le 22 décembre 2022, le coordonnateur de Lamuka, pour l’informer de son retrait volontaire du présidium.
Il avait rejoint la coalition Lamuka suite à l’invalidation de sa candidature par la Céni en 2018.
Adolphe Muzito promet de changer le régime politique de la RDC du régime semi-présidentiel au régime parlementaire, s’il est élu.
Il envisge la "construction d’un mur de séparation entre le Rwanda, l’Ouganda et la RDC"
Dr Denis Mukwege
Le prix Nobel de la paix 2018 pour son action en faveur des femmes violées, a annoncé sa candidature le 2 octobre dernier.Inscrit en candidat indépendant, le natif de Bukavu sera accompagné par l’Alliance des Congolais pour la refondation de la nation (ACRN), un regroupement de huit partis mis en place le 18 mai dernier.
Marie-Josée Ifoku Mputa
Sur les 24 candidatures enregistrées, elle est la seule femme comme en 2018.Agée de 58 ans, la présidente de l’AENC (Alliance des Elites pour un Nouveau Congo) veut arrêter "le temps des hommes".
Son projet se resume en un terme : la "kombolisation", dérivé du mot “kombo” qui signifie “balai” en lingala.
Marie-Josée Ifoku envisage ainsi le nettoyage des antivaleurs et des mauvaises pratiques dans la société congolaise.
"Je suis la première personne à évoquer la rupture. En 2018, je parlais de la rupture. Le système et l'état de prédation mis en place depuis l'État indépendant du Congo se perpétuent malheureusement à travers nos dirigeants depuis l'indépendance, jusqu'à maintenant. C'est comme si le peuple est une proie pour ceux qui dirigent. Nous voulons rompre avec ce système", annonce-t-elle.
La présidentielle de décembre prochain sera couplée aux élections législatives, provinciales et communales, pour lesquelles des milliers de candidatures ont été enregistrées.
La cour constitutionnelle doit rendre public la liste définitive des candidats à la présidentielle le 18 novembre prochain, la veille du début de la campagne électorale.
Le climat politique est tendu depuis plusieurs mois.
Les partis d'opposition dénoncent un rétrécissement de l'espace démocratique. Ils redoutent des élections entachées de fraude malgré les assurances des autorités.