Dans un reportage saisissant, Jeune Afrique dévoile les méthodes systématiques d'intimidation utilisées par les séparatistes camerounais, transformant le conflit en un cauchemar quotidien pour les populations locales.
Les données collectées par l'organisation Acled et rapportées par Jeune Afrique sont vertigineuses : près de 450 kidnappings en 2023, soit une augmentation hallucinante de 900% par rapport à 2018. Ces enlèvements sont devenus la principale source de revenus des "Amba Boys", avec des rançons pouvant atteindre plusieurs dizaines de millions de francs CFA.
Le journaliste Frederic Takang, lui-même victime d'un enlèvement, témoigne des méthodes utilisées. Enlevé en plein Bamenda, il a réussi à s'échapper, perdant néanmoins son véhicule et 400 000 F CFA.
Le journal met en lumière un mécanisme pernicieux de délation. Chacun peut dénoncer un supposé "traître" aux séparatistes, souvent pour des motifs personnels. Il suffit de posséder un numéro de téléphone d'un membre des "Amba Boys" pour potentiellement faire tomber un voisin ou un concurrent.
Les conditions de détention racontent à elles seules l'horreur du système. Les otages sont systématiquement emmenés dans des maisons abandonnées au cœur de la brousse, les yeux bandés. Ils témoignent de conditions de vie extrêmement difficiles : nourriture insuffisante, fouettés pour la moindre désobéissance.
Jeune Afrique a recueilli le témoignage de John Ashu, membre des "Amba Boys", qui justifie son engagement par la violence initiale de l'armée camerounaise. "À la violence, nous nous devions de répondre par la violence", explique-t-il, tout en niant les exactions commises.
Les sources militaires et de renseignement rencontrées par le journal sont formelles : le mouvement séparatiste a perdu son idéologie initiale. Un officier camerounais affirme sans détour : "Il n'y a plus d'idéologie sécessioniste. Ce sont des bandits qui se déguisent en séparatistes pour opprimer la population."