Plusieurs étudiants des Universités et grandes Écoles s’offusquent de la décision de leurs chefs d’établissements d’imposer un style d’habillement dans les campus.
Tous les matins à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Yaoundé, le directeur Luc Owono est devant le portail pour vérifier le comportement vestimentaire des étudiants. Certains sont refoulés pour «tenues non-conformes». Sur le bien-fondé de cette nouvelle mesure, l’administration de l’ENS de Yaoundé explique que «les élèves s’habillaient très mal. Et le nouveau directeur a souhaité dès le départ imposer sa marque». Même son de cloche auprès de ce proche collaborateur du directeur de l’ENS : «ces enseignants s’habillaient très mal. Ils oublient qu’ils sont de hauts cadres de la fonction publique. C’est souvent très gênant de voir des enseignants sales dans les amphis. Il est donc de bon ton qu’on leur inculque cette discipline vestimentaire, pendant leur formation».
Selon le bihebdomadaire Repères qui rapporte les faits le 20 septembre 2017, une source laisse croire qu’il «est temps de ne plus se faire humilier par les élèves de l’ENAM donc le code vestimentaire est soigné tous les jours». Si coté enseignants et administration, on est d’accord de cette mesure, coté élèves, la grimace persiste. Bernadette, élève professeur à l’ENS ne cache pas son mécontentement. «Le directeur prend cette mesure, pourtant il est bien conscient que certains étudiants sont issus des familles dépourvues. On fait des pieds et des mains pour avoir déjà les droits universitaires. Si on ajoute encore cette autre tâche, vraiment cela devient pénible» s’inquiète-t-elle. Un étudiant dans cet établissement souhaite que «l’on donne des bourses comme à l’ENAM. A ce moment, on ne se plaindrait plus. Mais, avec la situation qui est la nôtre, ce n’est pas évident. Je ne vois pas en quoi nos habillements sont gênants et affichent une image négative de l’ENS».
Pas d’exigences en revanche dans les autres Ecoles supérieures, peut-on lire. A l’Ecole nationale supérieure des travaux publics (ENSTP) de Yaoundé, comme à la Faculté de Médecine et des Sciences biomédicales (FMSB) de l’université de Yaoundé 1 ou encore les universités publiques et privées, le vestimentaire dépend de l’étudiant. Libres de leur choix, ces derniers sont néanmoins appelés à soigner leur vestimentaire.
A Yaoundé I, le nommé «Jack Bauer», agent de la police des campus a une idée du style vestimentaire dans l’enceinte de la doyenne des universités camerounaises. «Dire que le style vestimentaire est au choix, c’est trop dire. C’est vrai que l’étudiant n’a pas de tenue précise décidée par l’université. Mais seulement, il est interdit de porter des jeans «destroyed», des minijupes ou encore des minirobes en dessous des genoux. De même, l’on interdit à ses derniers de porter des chaussures ouvertes», confie-t-il à Repères.