Le lanceur d’alerte Boris Bertolt vient de publier un témoignage qui met en lumière un scandale qui éclabousse le milieu de l’enseignement camerounais. Plus de 400 enseignants réclament leur argent au gouvernement de Paul Biya


400 ENSEIGNANTS RÉCLAMENT LEUR ARGENT AU GOUVERNEMENT… Témoignage
“ Nous avons eu la totalité de nos salaires entre août et septembre 2018. Le MINFI devait nous payer de façon automatique les rappels des compléments salariaux les mois suivants ceux où nous avons respectivement été complétés mais malheureusement, rien n'a été fait. Un plan d'apurement a néanmoins été publié par ce MINFI ce même mois de septembre 2018 et les paiements de nos rappels ont été programmés dans ce plan d'apurement, un an après soit en octobre 2019. Ce mois d'octobre 2019 justement, au lieu de nous payer les rappels des compléments salariaux, c'est-à-dire les rappels du tiers restant (1/3), le MINFI ne nous a payé que les rappels de l'indemnité du non logement (NL).
Nous revendiquons pour la plupart ces rappels du complément salarial. Il est bien vrai que certains revendiquent les deux rappels c'est-à-dire celui de l'indemnité de non logement et celui du complément salarial car en octobre 2019, ils n'avaient même pas eu le rappel de l'indemnité de non logement.

En fait, le paiement repose sur le système des 2/3 ; 1/3. Un système ignoble que tous les enseignants dénoncent. Selon ce système, lorsque vous sortez de l'ENS ou de l'ENSET, vous êtes affectés dans un établissement secondaire public et vous passez en moyenne 8 mois sans un sou. Le neuvième mois, le MINFI vous paye votre avance de solde c'est- à-dire les 2/3 de votre salaire. Quelques mois après, on vous paye le rappel des mois passés sans un sou. On appelle cela, le rappel des 2/3. En moyenne deux ans plus tard, parfois plus (3 ans, 4 ans voire 5 ans), votre salaire est complété c'est-à-dire que vous percevez désormais la totalité de votre salaire (les 3/3) et le mois suivant, vous avez le rappel du complément salarial, ce qu'on appelle dans notre jargon, le rappel du tiers restant. Il convient de rappeler que certains revendiquent le rappel de l'indemnité de non logement + celui du complément salarial parce qu'ils ne percevaient pas l'indemnité de NL lorsqu'ils étaient sous avance de solde c'est-à-dire lorsqu'ils percevaient les 2/3 de leurs salaires.
Nous revendiquons donc le paiement de ces rappels du complément salarial pour certains et ceux de l'indemnité du non logement + ceux du complément salarial pour d'autres.
Malgré nos multiples plaintes et requêtes, les fonctionnaires du MINESEC et du MINFI notamment ceux du Groupe de Travail chargé de l'apurement des rappels dus aux enseignants et partant, de l'implémentation des mesures du Chef de l'État, restent de marbre et nous tournent au vinaigre tels des enfants de la maternelle d'où notre exaspération et notre colère. Nous sommes fatigués des multiples descentes dans leurs bureaux, d'avaler leurs couleuvres et de subir leur arrogance et leur mépris. Ils racontent des mensonges aux syndicats des enseignants qui assistent à leurs réunions mensuelles pour retarder le paiement de nos rappels.
Ils disent que nous avons été victimes des erreurs de machine en 2018 (des bugs).
Ils nous renvoient tout le temps aux calendes grecs et font du pingpong. Le MINESEC nous renvoie au MINFI et le MINFI nous renvoie au MINESEC.

Nous avons déposé une correspondance auprès du Premier Ministre, Chef du gouvernement et grâce à cela, son Secrétaire Général (SGPM), le Pr Séraphin Magloire Fouda (un homme au grand coeur), a à son tour, fait une correspondance au MINFI pour lui demander de nous payer le mois de juin 2022 mais les technocrates du MINFI cités plus haut c'est-à-dire les membres du groupe de travail du MINFI chargés de l'apurement des rappels dus aux enseignants continuent de nous berner et dressent les syndicats présents à leurs sempiternelles assises contre nous.
La correspondance du SGPM au MINFI date du 17 juin 2022.
Nous sommes environ 400 dans ce cas. Certains réclament le rappel du complément salarial et d'autres celui du complément salarial + celui du NL et une minorité, celui des 2/3.
Au départ nous étions 772 enseignants dans cette situation mais il semble que certains ont déjà été désintéressés entre 2019 et 2021. C'est pourquoi il n'en reste qu'environ 400.”