Au Cameroun, l'ascension politique de Cabral Libii intrigue et divise l'opinion publique. Le jeune homme qui s'est illustré lors de la présidentielle de 2018, avec une performance inattendue, fait face à un dilemme : où se positionner entre Paul Biya et Maurice Kamto ? Jeune Afrique a examiné la trajectoire politique de ce trublion à l'approche des élections de 2025.

Lorsqu'il a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2018, Cabral Libii a été accueilli avec scepticisme par la classe politique camerounaise. Son profil atypique, son jeune âge, et son absence de notoriété internationale semblaient jouer en sa défaveur. Cependant, il a réussi à obtenir 6,28 % des voix lors du scrutin, reléguant ainsi plusieurs figures politiques chevronnées. Cette performance inattendue a fait de lui une figure incontournable de la politique camerounaise.

Depuis lors, Cabral Libii navigue entre les eaux de la majorité présidentielle et l'opposition, suscitant des critiques sur son opportunisme politique. Certains l'accusent de compromissions avec le parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). D'autres louent sa stratégie politique habile. La question demeure : quelle sera sa place et celle de son Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) en vue de la présidentielle de 2025 ?
Bien que le pouvoir en place tente régulièrement de le rallier à sa cause, Cabral Libii préfère maintenir ses distances et se revendique comme le défenseur du peuple camerounais. Sa position modérée face à la radicalité du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, qui prône des mobilisations dans la rue, soulève des débats au sein de l'opinion publique.

Dans sa volonté de rassembler les Camerounais, Cabral Libii a opté pour un projet de fédéralisme communautaire, se positionnant entre les orientations de Paul Biya et de Maurice Kamto. Cependant, cette voie médiane n'est pas sans controverse, car elle pourrait accentuer les clivages tribaux. Cabral Libii insiste sur le fait que le fédéralisme vise à fédérer les communautés plutôt qu'à les diviser.

Des allégations selon lesquelles il serait proche de certains caciques du régime de Paul Biya ont également suscité des débats. Cabral Libii nie toute proximité avec le gouvernement et défend sa position d'opposant modèle. Il a également exprimé son engagement en faveur de la formation d'une coalition d'opposition pour les élections de 2025, afin de contrecarrer les plans du RDPC et de Paul Biya.

La trajectoire politique de Cabral Libii, désormais bien connue, le place en bonne position pour les élections à venir. Il a gagné en notoriété grâce à ses interventions médiatiques et à son activisme à l'Assemblée nationale, bien qu'il ne bénéficie plus de l'effet de surprise qui l'a distingué en 2018. À l'approche des élections de 2025, l'avenir politique de Cabral Libii reste incertain, mais il est clair qu'il est devenu un acteur clé de la scène politique camerounaise.