Actualités of Friday, 2 June 2023

Source: www.camerounweb.com

Entretien choc entre Jean Fochivé et Ernest Ouandié quelques jours avant l’exécution de Ouandié

Les deux hommes ont eu de vives échanges Les deux hommes ont eu de vives échanges

Ernest Ouandié était le dernier chef historique de l’Union des populations du Cameroun. Connu pour sa témérité, Ernest a mené le combat pour la véritable indépendance du Cameroun jusqu’au sacrifice suprême.

Le 19 Août 1970, il est arrêté à MBANGA dans le MOUNGO. Le même jour, il est conduit à la B.M.M. de Yaoundé où il sera auditionné par le terrible Fochivé. Voici l’entretien avec les 2 hommes.

Ouandié : Nous sommes quand même ici chez nous, que je le sache. Pendant combien de temps crois-tu que nous continuerons à laisser les Français nous dicter leurs lois sans réagir ?

Fochivé : Ceci durera tant que des hommes comme toi n’auront pas trouvé une stratégie de lutte autre que la violence contre le néocolonialisme

Ouandié : Ce néocolonialisme ne doit son existence et sa force qu’à des gens comme vous

Fochivé : Si ce n’était pas nous, ce serait vous. Ce n’est qu’une question d’idéologie.

Ouandié : Explique-moi un peu votre choix et votre amour pour la France

Fochivé : Cela s’est déjà vu en Afrique, c’est le choix et l’amour de l’esclave pour son maître

Ouandié : Qui s’explique simplement par la peur.

Fochivé : Oui, la peur d’être là où tu es en ce moment

Ouandié : Parce que tu crois que j’ai peur de mourir ?

Fochivé : Tout homme qui se donne une valeur a toujours peur d’une mort inutile. La tienne aujourd’hui ne servirait pas ta cause. Il y a aussi la vie de ces innocents, de jeunes Bamiléké que des illusionnistes comme toi ont embarqués dans cette galère. C’est tout cela qui doit te tourmenter quand tu penses à la mort. Et puis, permets-moi de te poser une question : Crois-tu que si le départ ou la mort de M. Ahidjo était une garantie pour le bien-être des Camerounais ou plus particulièrement des Bamiléké que tu évoques, serait-ce une affaire laissée entre les mains d’un instituteur ? Non, il y a beaucoup d’autres valeurs chez les Bamiléké, des gens qui n’iraient pas au-devant d’un char d’assaut avec de vulgaires fusils de chasse. Avec la mort de M. Um Nyobé, l’UPC était morte. La classe intellectuelle Bassa qui l’animait s’était retirée. Il y avait eu des ralliements et certains avaient préféré s’exiler en Europe. Seuls sont restés dans le maquis des illettrés à l’horizon obscur qui terrorisent, pillent et massacrent des populations innocentes :

Ouandié : Voilà une conversation qui tourne à l’insulte. M’en veux-tu personnellement ?

Fochivé : Oui, et ceci pour deux raisons : j’ai tenté vainement et à l’insu de mes patrons, de t’empêcher d’être où tu es en ce moment. Je t’en veux comme j’en veux à Félix Moumié qui, lui aussi, est mort inutilement. Je vous reproche à tous deux d’avoir mobilisé la dynamique jeunesse de l’Ouest pour l’envoyer à l’abattoir. Vous avez transformé des jeunes désœuvrés en guérilleros sans leur donner les moyens de se défendre. Vous vous êtes laissé tromper et les avez trompés.

Ouandié : Si je suis aussi naïf et minable que tu veux me faire croire, pourquoi donc tout ce tapage médiatique autour de mon affaire ?

La suite en lisant le livre réédité “Les révélations de Jean Fochivé” de l'écrivain Arol Ketch.