Rarement j’ai vu l’Europe du foot s’enflammer pour un talent avant son éclosion. Les Mathis Tel, Varane, Vieira et autres Anelka n’ont véritablement enflammé les médias que lorsque les « Grands » les avaient déjà enrôlés. Mais là, Enzo fait courir tout le monde. Le Havre son club formateur, Marseille, Paris et surtout Manchester United qui semble être son choix définitif.
Cet engouement cache forcément un potentiel qui va faire chavirer l’Europe. Évidemment nous ne l’avons presque pas vu jouer. Mais les qualités proclamées, nous rapprochent d’un crack. Avant-centre, fixe ou qui avale les espaces. 1.83m, plus de 80 kilos, Finition raffinée, mouvement sans ballon parfait, créativité hors du commun, positionnement intelligent, physique hors normes, sens du but très aiguisé, la presse cherche un nouveau vocabulaire pour qualifier le phénomène.
Mais si cet enfant a pris ne serait-ce que la moitié des qualités de son papa Kana Biyick, en bénéficiant de l’encadrement que son papa n’a pas eu, je peux vous assurer que le monde entier va vivre quelque chose de particulier. En fait, le André Kana Biyick que vous avez vu avec les Lions, n’a pas donné 50 % du « Simonsen » que nos yeux ont vu au Lycée Classique d’Édea, Sphynx, Pouma, Union de Douala et Diamant dans une certaine mesure. Il est jusqu’à présent, le joueur le plus complet de l’histoire du football camerounais.
Le monde n’a presque rien vu de l’immensité de son talent, par le « vagabondage positionnel » sur le terrain. Il était tellement doué, que chaque entraîneur le mangeait à sa sauce. Tantôt milieu offensif, tantôt milieu défensif, tantôt défenseur central ou arrière droit. Il était partout phénoménal. Et c’est ce qui a fini par diluer son génie et dressé le lit douillet des blessures. « Mooh Mallam », c’est à dire « entre de bonnes mains » l’autre petit nom qu’on lui donnait, venait simplement du fait que quand il avait le ballon, il était dans de bonnes mains et on savait que quelque chose allait se passer.
Juste un indice qui indique sa puissance. En 86 à la CAN, il n’a que 21 ans, quand Claude Leroy lui confie les clés du milieu de terrain, devant…Mbida Arantès et autres M’fedé ! Et si Enzo réparait l’ingratitude que le foot a eu sur le talent de son père ?