Le rapport sur la mal-gouvernance au Cameroun entre 2002-2016, serait écrit à l’encre de la rage pour qu’aucun proche collaborateur du président Paul Biya ne soit épargné en commençant par Martin Belinga Eboutou actuellement malade à l’étranger, et d’autres pontes plus en vue dans le premier cercle du chef de l’Etat depuis quelques années. Tous pourris ? se demande un illustre confrère la semaine dernière. Mais nos sources confient qu’en lisant ce rapport, une fois qu’il a été déposé sur sa table, le 27 juin 2018 (une date qui va rester une marque indélébile sur la frise de l’histoire de son long règne de 35 ans à la tête du Cameroun), le président Paul Biya a dû se pincer plusieurs fois pour y croire. Pourtant, dans leur quête, les auditeurs d’un institut européen spécialisé dans l’intelligence économique dont nous n’avons pas pu avoir le nom, soulèvent des lièvres bien dodus, bien que tous ne se recrutent uniquement pas dans les sillages du pouvoir. Pour ces pointilleux auditeurs, de 2002 à 2016, les postes ministériels se sont très vite transformés en machines à distribuer des avantages inouïs aux nombreux hommes-écrans des ministres et des faveurs énormes à leurs proches. Ceci, à travers l’octroi des marchés fictifs et l’usage abusif de la surfacturation, en ayant pour seule référence, la satisfaction des intérêts particuliers et claniques.
En faisant une incursion dans tous les secteurs d’activité, comme l’avait déjà relevé notre illustre confrère du quartier Dakar à Yaoundé, la semaine dernière, et en recensant les nombreux comptes bancaires de ces hommes-écrans des ministres, logés dans des paradis fiscaux, ces auditeurs ont pu établir dans leur rapport des acoquinements insoupçonnés qui étalent au grand jour toutes leurs pratiques illicites. Bien que certains d’entre eux, milliardaires mondialement reconnus, les camouflaient à merveille derrière un hédonisme dépensier tape-à-l’œil comme cela a toujours été le cas avec des milliardaires comme Baba Hamadou Danpoulo, Mohamadou Abbo, Sylvestre Ngouchinghe et autres André Siaka. Jusque-là, au-dessus de tout soupçon, ces puissants opérateurs économiques, membres du Comité central du RDPC, sont toujours apparus comme de grands et bienveillants évergètes du parti au pouvoir en multipliant à chaque événement politique des dons sans compter.
Ainsi, malgré leurs visages d’ange, ce rapport leur trouve des traits de caïds et de Judas en décolleté. Ils sont ainsi plus de 200, ces personnalités dont les comptes ont été passés au peigne fin. L’hallali n’aurait épargné ni les personnalités prétendument indexées comme les protégés de la Première Dame, Chantal Biya. Selon le rapport, ces personnalités sont soupçonnées de monnayer leur carnet d’adresses et ce prétendu pouvoir occulte dont ils jouissent aux côtés d’elle, pour s’offrir à peu de frais des privilèges inouïs. Parmi celles-ci, nos sources citent le nom de Pierre Ismaël Bidoung Mkpwatt. Même les officiers supérieurs et généraux de l’armée camerounaise ne seraient pas épargnés. Au contraire, pour ce qui est de leur cas précis, le rapport serait tout simplement sans appel : de 2002 à 2016, les caisses de l’Etat ont trinqué à travers des pratiques telles que le « Mboma ». Ainsi, des milliers de milliards de Fcfa seraient passés à la trappe en enrichissant profusément non seulement ces hauts gradés de l’armée, mais tous les gestionnaires de crédits du ministère de la Défense. La même chose aurait été observée par les auditeurs à la police, dans les communes urbaines, à l’Assemblée nationale et même dans la société civile où les noms de certains promoteurs des ONG auraient bénéficié des mêmes méthodes de surfacturation et de marchés fictifs, pour devenir de puissants multimilliardaires aujourd’hui.
RDPC
Vraiment tous des insoupçonnés plaqués probes et incorruptibles comme il y a du plaqué or : grattez un peu, vous trouverez un féroce et impitoyable prédateur. D’ailleurs, jusque-là les allusions perfides à leur aisance financière et matérielle étaient toujours vite perçues comme relevant de cette cabale dont sont l’objet la plupart des proches collaborateurs du président Paul Biya. Mélange d’étonnement et de révolte, une gêne profonde accompagnerait donc les révélations accablantes de ce rapport dans l’entourage du président. Et pour cause ? Plus de la moitié de ceux qui sont ainsi épinglés seraient originaires des 2 régions du Centre et du Sud. De sa lumière glauque, ce rapport serait ainsi en train d’éclairer toutes leurs collusions et leurs graves compromissions. Il convient de bien mesurer la gravité de ces révélations aujourd’hui que la plupart d’entre eux veulent faire porter au seul président Paul Biya, en fin de règne, le chapeau de toutes ces grosses magouilles qui ont ruiné le Cameroun.
Voilà pourquoi ceux qui ont leurs habitudes dans ce très proche entourage présidentiel, ont commencé à voir dans l’avenir immédiat un temps nimbé de mystère et d’interrogations. Ils pressentent même que la mer se forme. Dans les phrases secrètes, derrière les confidences et les mots acides, pointe discrètement l’impression que les formules d’assainissement, pour nettoyer les écuries d’Augias, sommeillaient depuis longtemps dans la tête du président face à ce degré intolérable de prédation et de trahison. Le pouvoir, son fumet et ses délices paraissant trop importants pour que le président Paul Biya acculé à préserver sa survie politique à la veille de la prochaine présidentielle, tolère indéfiniment la présence à ses côtés de toutes ces bombes à retardement sur qui des notions de « rigueur » et de « moralisation » ont toujours glissé comme une eau grasse de vaisselle. Il faut le dire. Tous ont toujours claironné avec frénésie un soutien des bouts de lèvre au régime de Paul Biya, alors que la réalité du rapport sur la table du président, démontre à suffisance aujourd’hui qu’ils n’ont été que les plus habiles pourfendeurs de la morale publique. Ceux-là même qui, étrangement, tambourinaient des déclarations publiques pour des effets de tribune, tout en accordant des permis de transgression illimitée de la fortune publique. Au point de faire du RDPC, une cache à prédateurs, une terre d’excellence de corruption et un repaire de délinquants à col blanc. A l’ivresse des cimes du pouvoir pourraient donc succéder dans les tout prochains jours des temps plus difficiles.