Actualités of Thursday, 29 March 2018

Source: 237online.com

Epervier: la malédiction rôde autour des élites de la Mefou et Akono

Le siège du Tribunal Criminal Special Le siège du Tribunal Criminal Special

Dans le cadre de l’opération de l’assainissement des mœurs publiques engagée par Paul biya, plusieurs fils de ce département ont été épinglés par le rapace.

Du patriarche Obouh Fegue à jean william Sollo l’on compte une bonne brochette d’infortunés.

Les récentes interpellations de Jean William Sollo et de Basile Atangana Kouna vient de remettre au goût du jour la sempiternelle question des quotas dans les arrestations orchestrées par le pouvoir de Yaoundé. Très actif dans les milieux politiques, les natifs de cette unité administrative paient –ils les frais d’une confiance aveugle à eux faite par le décideur central ou bien des dérives entretenues par ces derniers dans l’exercice de leurs fonctions ? En tout, il apparait que depuis des années, l’on a assisté à la neutralisation pour une raison ou une autre des origines de ce département qui s’apparente à une purge d’un clan sous le couvert du nettoyage de l’establishment des ripoux de la République.
On peut citer la condamnation à vie de l’ancien Directeur de la société nationale des eaux du Cameroun

(Snec) Clément Obouh Fegue et compagnie, de l’artiste-producteur Ekeg’s pour des faits de détournements de fonds publics. Mais bien avant c’est Titus Edzoa aujourd’hui bénéficiaire d’une grâce présidentielle qui vient de passer 17 ans de sa vie en prison pour dit-on officiellement, détournement de fonds publics. L’ancien Sgpr selon une certaine opinion n’était rien d’autre qu’une victime politique pour avoir manifesté l’intention de défier « son créateur » lors de la présidentielle de 1997.

Sa vie a été broyée et nombre de ses projets partis en fumée. Il se concentre aujourd’hui à la production littéraire et à quelques apparitions sporadiques sans véritable effet. Un autre qui est toujours en prison malgré la décharge des chefs d’accusations qui pesaient contre lui dans le cadre de « l’Affaire Albatros » c’est Jean Marie Atangana Mebara, lui aussi ancien secrétaire général de la présidence de la République. Il est mêlé dans un dossier qui tient à cœur le chef de l’Etat et une affaire de complot de l’achat foireux d’un aéronef devant servir au déplacement du président de la République. L’homme qui vient de publier le « code de conduite d’un prisonnier Vip » continue de croire du fond de sa cellule qu’il est victime d’une machination entretenue par certains barons.

Gâteau empoisonné
Présenté comme un peuple travailleur épris des bonnes intentions, les populations des villages constituant la Mefou et Akono se voient coller l’étiquette de « voleurs » patentés sans mots dire. Il y a lieu de questionner la portion congrue qui leur est réservée dans le partage du gâteau national. Des postes de souveraineté pour une fin funeste dans un cachot. Triste sort pour cette élite qui est pourtant animée de bonnes intentions à proprement parler. Servir la nation pour mériter la confiance d’un homme reste un crédo dans lequel semble se mouvoir, ces fils de cette partie du Cameroun. Si à chaque cueillette, une grosse légume tombe dans la nasse des fins limiers, l’on n’a pas envie de croire qu’il s’agit d’un complot ou d’une purge envers une clique.

Désormais la promotion à un poste de responsabilité pour les originaires de cette partie du pays est assimilée à une logique du piège permanent de la part du tenant du pouvoir. Malgré quelques satisfactions souvent enregistrées, les efforts sont balayés d’un revers de la main pour un avenir incertain. C’est le cas aujourd’hui de l’actuel ministre de l’eau et de l’énergie Gaston Eloundou qui remplace à cette fonction Basile Atangana Kouna lui aussi cueilli au vol après avoir mis à sac de nombreux projets et financements.

Le tort causé à l’Etat est de plusieurs milliards de francs CFA. Le nouveau promu retrouve ainsi à la fonction ministérielle Marie Thérèse Abena Ondoua qui trône à la tête du ministère de la promotion de la femme et de la famille depuis 2009, un département ministériel semblable à une véritable coquille vide en termes de représentativité et de prestige confié à cette pédiatre.

L’universitaire se contente ainsi de quelques miettes sans pour autant faire sortir des tiroirs le projet du code de la famille. Ondoua Akoa ancien Dg de la Camwater est aujourd’hui dans les oubliettes. Mais peut-être pourra refaire surface en cas d’interpellation pour venir répondre de sa gestion éphémère de cette structure qui est une véritable broyeuse. Que dire alors de jean Baptiste Nguini Effa qui, à l’époque, ne manquait pas de convaincre le conseil d’administration par la qualité des rapports et des bénéfices.
Sa passion pour le football avec la mise sur pied de Renaissance de Ngoumou s’est finalement poursuivie en prison où il organise en temps opportun des championnats entre différents quartiers des bagnards.


Epopée d’antan
Basile Atangana Kouna a rejoint « ses frères » au gnouf. « Don Basilio » comme l’ont surnommé les intimes, est par ailleurs président de l’association des élites de Ngoumou et secrétaire de l’association de développement de la Mefou et Afamba est venu en rajouter la valse de quolibet servit au quotidien lorsqu’on évoque ce département. Et pourtant l’histoire rappelle qu’un digne fils de ce terroir Vincent de Paul Ahanda, l’unique premier ministre qui a quitté le gouvernement d’Ahidjo pour incompatibilité. Un geste plein d’audace qui a fait dire à cette époque que la Mefou et Afamba regorge de la pogne. Parmi les autres serviteurs de la nation l’on peut citer Simon Pierre Tsoungui, Etienne Ntsama rien à voir avec le spectacle auquel l’on assiste. Incompatibilités d’humeurs, clientélisme, guerres de leadership qui viennent donner du sens à la « dératisation » en cours alors même que le chef-lieu du département de la Mefou et Akono est l’ombre de lui-même.

En dehors de la route bitumée aucunes autres réalisations ou installations dignes de ce nom ne font office de fierté. La misère est végétative, les populations sont en quête de pitance quotidienne et le comble est que personne n’arrive à porter la voix du département pour que cesse la saignée. Chacun préférant protéger son morceau de bifteck.

Face à tout cela, l’on voit comment Paul Biya, ancien pensionnaire du petit séminaire d’Akono continue de faire confiance à l’élite locale peut-être en souvenir du temps passé en ces lieux lorsqu’il faisait ses humanités. Cette Mefou et Akono est devenue le théâtre d’une tragi-comédie qui a pour metteurs en scènes les décideurs et leurs affidés et la masse silencieuse ne peut qu’assister éberluée à la décomposition du tissu social ambiant. Encore des arrestations, des condamnations, et la malédiction alors que le temps est venu de conjurer le sort car les victimes se comptent déjà assez.