Actualités of Tuesday, 9 August 2022

Source: Info Matin

Epervier : les avocats d’Atangana Kouna brisent enfin le silence et font des confidences

Basile Atangana Kouna, libreBasile Atangana Kouna, libre

Basile Atangana Kouna, libre
L’ancien ministre de l’Eau et de l’énergie, incarcéré depuis mars 2018, pour« détournement de derniers publics en coaction », « complicité » des mêmes faits et « émigration clandestine », a été libéré, ce 29 juillet, après un arrêt de poursuites autorisé par le président de la République, Paul Biya.


Basile Atangana Kouna est un homme libre. La présidente du Tribunal Criminel spécial (Tcs), Noëlle Bahounoui Batende, a présidé ce 29 juillet 2022 l’audience en délibéré de l’affaire opposant le ministère public, Camwater à Basile Atangana Kouna et co-accusés. Programmée à 15 heures, c’est finalement à 16h6mn que la présidente de la collégialité des juges fait son entrée dans la salle d’audience. Aussitôt, elle engage la lecture des dispositions juridiques et d’annoncer l’arrêt de poursuite contre l’ancien ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee). 16h 13 minutes, l’audience est levée. Basile Atangana Kouna, entouré de son conseil, laisse transparaître l’émotion sur son visage. Les embrassades s’enchaînent, les membres viennent saluer et congratuler l’ancien pensionnaire de la prison centrale de Kondengui ainsi que son avocat, Me Luc Sack. L’ancien détenu retourne à la prison centrale de Yaoundé à bord du car hiace de la maison d’arrêt pour, a-ton appris, aller finaliser les documents en vue de sa mise en liberté totale. L’arrêt des poursuites a été requis par le Procureur général près le Tcs à la demande du ministre d’État, ministre de la Justice garde des sceaux, Laurent Esso. Ceci à la suite de la restitution du corps du délit au trésor public, soit un montant total de 1,265 milliards de Fcfa.

Retourné au pénitencier pour les formalités d’usage, l’ancien ministre a regagné sa résidence au quartier golf à Yaoundé en début de soirée. Accueilli par les chants de joie et d’allégresse entonnés par ses proches. 1,2 milliard de F cfa. Dans sa correspondance du 25 juillet 2022, adressée au ministre d’Etat, ministre de la Justice garde des sceaux, Laurent Esso, abondamment partagée sur les réseaux sociaux, le ministre d’Etat secrétaire général à la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, dit répercuter les instructions présidentielles autorisant l’arrêt des poursuites contre l’ancien directeur général de la Camwater : « J’ai l’honneur de vous répercuter les hautes instructions du chef de l’État vous réitérant son accord en vue de l’arrêt des poursuites, tout en indiquant que le recours à l’art 64(3) du Code de procédure pénale est sans intérêt en l’espèce, l’intéressé ayant intégralement restitué le corps du délit », lit-on. Arrêté au Nigeria en mars 2018, Basile Atangana Kouna avait été ramené au Cameroun dans la foulée pour y être placé en détention. Accusé de « détournement » et « violation des dispositions du Code des Marchés publics », le natif de la Mefou-etAkono était cité dans cette affaire au même titre que Jean William Sollo, son successeur à la tête de la Cameroon Water Utilities (Camwater), ainsi que quatre autres prestataires, René Martin Mbida, Jean Parfait Koe et Jean Dieudonné Mah.

Il lui était notamment reproché d’avoir mis sur pied en coaction une « société écran » dénommée Aspac Cemac Sarl pour sous-traiter frauduleusement un contrat commercial d’environ 40 milliards de F cfa conclu en novembre 2009 entre la Camwater et l’entreprise belge Aspac International. Au tribunal, l’ancien ministre et ses coaccusés s’étaient dits disposés à rembourser les sommes visées par la prévention, soit environ 1,2 milliard de F cfa. Le 23 septembre 2019, il avait ainsi signé au profit de l’État un ordre de virement d’un montant de 125 millions de F cfa depuis son compte de la BGFIBank. En outre, l’ancien Minee a proposé de prélever la somme de 1,1 milliard de F cfa dans son coffrefort, logé dans le même établissement. La suite c’est cet arrêt de poursuite décidé par le chef de l’État, Paul Biya.



Me Luc Sack

« Mon client est libre, c’était cela l’essentiel » « On ne peut pas crier victoire parce que ça n’a pas été facile. Mes sentiments d’abord à l’endroit de sa famille, sa femme et ses enfants qui ont souffert toute cette période-là, mais qui n’ont pas ménagé des efforts pour appuyer le collectif de la défense pour le défendre normalement. Pour nous les avocats, nous avons également un très bon sentiment à l’égard du chef de l’État qui a été d’une mansuétude à l’égard de nos requêtes aux fins d’arrêt de poursuites et du ministère public, les magistrats également. Voilà c’est un sentiment mi-figue, mi-raisin. La suite c’est que le mandat est levé, mon client est libre c’était cela l’essentiel, c’est pourquoi je continue de dire que nous remercions à la fois le ministère public qui est incarné par le chef de l’Etat ».

Me Atangana Ayissi, chef du collectif des avocats de Basile Atangana Kouna «Nous avons travaillé d’arrache-pied» « Je suis un avocat heureux, tout comme mes confères qui ont été avec moi dans ce dossier. Je pense à Me Luc Sack et Me Yossa. Ils ont travaillé d’arrache-pied pour aboutir au résultat que nous venons d’enregistrer avec beaucoup de satisfaction. Imaginez-vous que lorsque vous avez suivi un détenu pendant près de quatre ans, et qu’au terme de ces quatre années, il recouvre sa liberté, ma joie, la satisfaction et le bonheur sont entiers »