Ayant intégré des sectes ésotériques ou faisant abondamment usage des gris-gris de marabouts et féticheurs, les fossoyeurs de la fortune publique se croient invulnérables.
Il est difficile de ne pas intégrer cette thèse au vu du comportement des gestionnaires de la fortune publique depuis le lancement de l’Opération Épervier en 2006. Tant les arrestations et condamnations d’anciens gestionnaires dans le cadre de cette opération d’assainissement, des mœurs publiques, ne produisent pas l’effet dissuasif escompté.
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Si la présence d’anciens poids lourds du régime actuellement dans les geôles ne les dissuadent pas, il est clair que ces personnalités, ministres, directeurs généraux, chefs de projets, présidents de conseil d’administration, croient fermement qu’ils sont intouchables.
Ils ont foi, selon une certaine opinion, à leur appartenance à des sectes ésotériques qui proposent protection et invulnérabilité. Ainsi, ils croient dur comme fer que leurs écarts de gestion seront ignorés, qu’ils passeront inaperçus devant les enquêteurs du CONSUPE, de la CONAC ou de l’ANIF, que les limiers qui montent les dossiers et procèdent aux arrestations ne s’arrêteront pas sur leur nom.
Pour y parvenir, ils font venir des marabouts des quatre coins du pays. Payés à grand frais, ils sont souvent logés dans les hôtels de luxe à Yaoundé. Au cours des rites nocturnes, ils offrent décoctions, scarifications, bains spirituels, etc.
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Au sein de l’opinion, on leur attribue les macabres pratiques de crimes rituels qui ont défrayé la chronique à Yaoundé au cours des années 2012 et 2013. Les organes prélevés sur les victimes (organes génitaux, cœur, yeux, etc.) serviraient à accomplir des rites qui confèrent l’invulnérabilité, la longévité au poste, une promotion ou une victoire à une élection.
De fausses croyances pour ces suppôts du diable qui finissent toujours par tomber entre les griffes de l’épervier. Les faits, tout au long des 12 ans de l’histoire de l’Opération Épervier au Cameroun devraient pourtant appeler à plus de sagesse et de discernement.
Dans les maisons d’arrêt, on retrouve deux anciens secrétaires généraux de la présidence de la République qui sont passés à la trappe : Jean Marie Atangana Mebara et Marafa Hamidou Yaya. Un ancien Premier ministre : Inoni Ephraïm. Des directeurs généraux des sociétés d’Etat: Gervais Mendo Ze, Amadou Vamoulke, Joseph Edou, Gilles Roger Belinga, Emmanuel Gérard Ondo Ndong, Alphonse Siyam Siewe, Zachaeus Fordjidam, Iya Mohammed.
Des anciens ministres : Polycarpe Abah Abah, Urbain Olanguena Awono, pour ne citer que ceux-là.
Leur condamnation pour des faits de détournements de deniers publics n’a pas empêché ceux qui viennent les rejoindre aujourd’hui en prison de continuer les indélicatesses ce qu’on reprochait à ceux qui les ont précédés à ces postes et dans ces maisons d’arrêt.
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Les nouvelles arrestations, les nouvelles interdictions de sortir du territoire montrent à suffisance que les fossoyeurs de la fortune publique, se croient invulnérables. Visiblement, ils souffrent tous d’une même maladie difficile à soigner : la carence en fierté patriotique et l’absence de dignité.