Actualités of Wednesday, 14 August 2024

Source: www.camerounweb.com

Equinoxe Tv : pourquoi la triple sanction du CNC est une erreure

Le sujet divise les Camerounais Le sujet divise les Camerounais

Le journaliste camerounais Jean Baptiste Ketchateng, comme de nombreux camerounais critique la deuxième sortie du président du CNC. Il évoque les conséquences de cette décision.

Hier soir, avec des amis, dont deux RDPC, on parlait de politique et l’un d’eux m’a dit : je ne suis pas surpris que tu dises que la mesure du Conseil national de la communication (CNC) contre la chaîne de télévision Equinoxe n’est pas juste. En fait, il a dû confondre la deuxième (un communiqué du président du CNC daté du 12 août 2024, lu au journal parlé de la CRTV à 13 H le même jour) et la première mesure tombée la semaine dernière qui suspend un journaliste et le programme « Droit de réponse » pour des raisons que je ne connais pas au fond.
Ce matin, …Benjamin Zebaze et les gens de leur bande aussi ont dû mal comprendre ce que je dis. J’ai écrit que je trouve injuste la sortie du CNC (en réalité du président du CNC M. Chebonkeng Kalabubsu), qui estime que Equinoxe contourne la sanction en remplaçant « Droit de réponse » par « 237 Le Débat ». M. Chebonkeng tente en effet de contraindre Equinoxe au « silence » le dimanche en mi-journée. Ce n’est pas acceptable comme sanction.
1- S’il est vrai que la sanction a pour but de réparer un tort et amener le fautif (et le reste des potentiels fautifs) à ne pas commettre à nouveau la faute, comment peut-on justifier que le CNC veuille doublement sanctionner Equinoxe ? La décision du CNC a déjà eu ses effets contre l’animateur de « Droit de réponse » et le programme lui-même. Pourquoi revenir dessus ? A moins que le successeur occasionnel ait commis la ou les mêmes fautes dimanche dernier…
Evidemment, certains objecteront que priver de parole Equinoxe et ses gens (invités et publics pro MRC) est le but de la sanction. Et qu’il faut donc arrêter tout débat à l’heure dite. Questions : comment arriverons-nous à débattre (ÉVITER DE NOUS BATTRE) si nous retirons à Equinoxe le droit de parler et de dire des bêtises y compris ? N’est-il pas mieux de réfléchir à autre chose si d’aventure la faute commise est vraiment de nature à justifier le retrait de la parole ?

C’est bien de cela qu’il s’agit. Dans le débat public au Kamerun, empêcher quelqu’un de parler dimanche à midi dans nos médias populaires ou en général, constitue une fraude. Et contre une antenne aussi populaire (vu le nombre de gens que le MRC et Cie drainent) une fraude massive. Surtout qu’on sait que dans le même temps, les concurrents seront là à faire globalement la même chose (forme et fond) que lui. La concurrence saine et parfaite est certes un leurre en milieu capitaliste (et pire encore dans les derniers wagons de ce système de sauvages) ; mais ce carton rouge-là déséquilibre aussi une Pme…

2- Faire taire Equinoxe dimanche à midi est en effet lui faire perdre de l’audience et donc de l’argent . Chacun sait que ce moment-là est relativement capital pour ceux qui s’intéressent à la politique au Kamerun. Chacun sait qu’une télévision comme Equinoxe, en dehors de ses choix politiques, est aussi une entreprise portée par un des patrons les plus malins du paysage médiatique kamerunais. Séverin Tchounkeu a en effet su se frayer un chemin dans cette jungle fort spéciale car liée intimement à la gouvernance globale du pays, à la formation de l’opinion. Dans le fameux trio de la presse d’opposition influente sur les électeurs des grassfields et une bonne partie du littoral kamerunais, M. Tchounkeu et son groupe d’entreprises représentent une espèce survivante. Mon ennemi intime Benjamin Zebaze est mieux placé que moi pour le dire. Ces gens-là, quoi qu’ils ne soient pas de mon bord, tiennent leur affaire depuis plus de trente ans. D’où leur idée –vieille comme leur combat- de remplacer un programme censuré. Enfant, je voyais déjà ce genre de solution au secours des coups contre « La Nouvelle Expression » ou « Le Messager » qui pouvait devenir « La Messagère ».
En jetant un regard rétrospectif sur cette époque néfaste, on peut se demander : à quoi ça a servi de censurer les journaux, vandaliser leurs investissements ? Ne pouvait-on pas procéder autrement ?

3- propos vise en effet à attirer l’attention des Kamerunaises et des Kamerunais sur la qualité de la discussion publique au Kamerun. Et donc, sur l’impérieux besoin de l’organiser autrement. Voilà une quinzaine d’années que le CNC sévit. Qui peut dire sérieusement que ses sanctions, comme celles barbares de l’époque 90 et avant, ont permis d’avoir une presse et un débat public de meilleure qualité ? Telle est la question centrale derrière ma sortie au sujet des manœuvres de la bande à Chebonkeng contre leurs associés-adversaires d’Equinoxe.