Elles mettent en cause les voitures chinoises de la Camrail, dont le système de freinage était manifestement défectueux.
Le procès ouvert à Paris en France contre l’entreprise Camrail à la suite de cet accident qui avait coûté la vie officiellement à 79 personnes - plus d’une centaine selon d’autres sources, aux encablures de la gare d’Eséka le 21 octobre 2016 n’a pas prospéré, les tribunaux français s’étant déclarés incompétents pour connaître de la cause. A tout le moins, les coulisses de la procédure ont permis de confirmer certaines indiscrétions qui se susurraient déjà autour de l’enquête ordonnée par le chef de l’Etat Paul Biya le 26 octobre 2016, et qui avait donné un délai d’un mois à la Commission présidée par le premier ministre pour rendre ses conclusions.
Malgré le dépôt chez qui de droit de ces conclusions dans le délai imparti, l’opinion était toujours dans l’attente des véritables causes de cette catastrophe, qui avait sérieusement endeuillé le pays. Désormais, on sait que les voitures chinoises rattachées au train Intercity du 21 octobre 2016, en partance de Yaoundé pour Douala, présentaient des défaillances dans leur système de freinage, ce qui n’aurait pas permis au conducteur du train d’éviter le pire. Dans un reportage diffusé sur les antennes de Rfi - Radio France international, la semaine dernière, quelques mécaniciens de la Camrail dénonçaient ouvertement le système de freinage des voitures made in China, qui ne favorise toujours pas une bonne maitrise de la circulation ferroviaire.
Plus de sécurité
Et dire que l’arrivée de ces voitures chinoises avait été célébrée en grande pompe à Douala en décembre 2015, au cours d’une cérémonie grandiose présidée par pas moins que le premier ministre chef du gouvernement Philémon Yang ! Cérémonie au cours de laquelle le partenariat Etat-Camrail avait été magnifié, et même sablé au champagne, pour l’inauguration de ces voitures qui n’ont pas tenu longtemps, laissant sur le carreau près d’une centaine de vies humaines après leur arrosage.
Les responsables de la Camrail viennent d’ailleurs de cautionner cette thèse, à travers la publication d’un communiqué officiel annonçant le retrait des voitures chinoises du réseau de l’exploitation de ses trains, et notamment sur les trajets Douala-Yaoundé-Ngaoundéré. Désormais, ce sont les voitures de fabrication française et allemande qui permettront d’assurer le trafic sur ce corridor, une mesure prise en vue de garantir plus de sécurité dans le transport des personnes et des biens.
Dans une posture d’entreprise responsable qui entend tirer les leçons du drame d’Eséka, Camrail avait déjà retiré ces voitures chinoises de la circulation, bien avant la publication de ce communiqué. Et les observateurs avaient bien fait de noter depuis un certain temps que les trains Camrail qui desservent la ligne du nord comptent désormais un nombre limité de voitures, moins de 6, contrairement aux habitudes. Trêve de spéculations donc sur les responsables de Bolloré Africa logistics dont la gestion post-catastrophe met en lumière la bonne foi de ses responsables, qui, on peut s’en douter, ignoraient le caractère défectueux du système de freinage des voitures chinoises aujourd’hui mis en cause.
Faut-il le rappeler, en dépit de la procédure judiciaire ouverte à la suite de cet accident, autrement dit de cet évènement imprévisible, Camrail a pris toutes les mesures qui s’imposaient pour accompagner les victimes, et notamment la prise en charge médicale, et le versement aux familles des victimes d’une indemnité funéraire pour l’organisation des obsèques, forfaitairement fixée à 1,5 million de FCFA par corps, sous réserve de la décision judiciaire qui pourrait suivre. En plus, à l’occasion des fêtes de fin d’année, les équipes de Camrail ont sillonné les établissements hospitaliers où étaient encore prises en charge les dernières victimes de la catastrophe pour leur apporter quelques cadeaux en guise de réconfort moral.
Sans préjuger des suites que les tribunaux réserveront à l’espèce, on peut d’ores et déjà penser que le véritable responsable, au-delà de Camrail, que certains esprits retors avaient déjà vilipendée et sacrifiée à l’autel des commentaires haineux, serait au dernier chef l’entreprise chinoise fournisseur des voitures défectueuses, au titre de sa responsabilité civile. Just wait and see.