Actualités of Thursday, 26 January 2017

Source: cameroon-info.net

Eséka: CAMRAIL épinglé dans un rapport d’expertise

Accident ferroviaire à Eseka Accident ferroviaire à Eseka

Il s’agit d’un des quatre rapports d’expert commandés par le Procureur général près la Cour d’appel du Centre, chargé de l’enquête menée conjointement par la police et la gendarmerie camerounaises pour le compte du tribunal d’Eseka.
Dans ce document d’une vingtaine de pages, dont Jeune Afrique dit avoir eu accès, un expert ferroviaire a analysé les débris des voitures, les témoignages des acteurs et le déroulement des faits, en plus des données provenant de la boîte noire du convoi ayant déraillé le 21 octobre 2016 à Eseka.

«Et ses conclusions sont édifiantes, en particulier à l’encontre de la société ferroviaire Camrail, qui connaissait selon lui l’existence de graves dysfonctionnements dans 13 des 17 voitures formant le convoi (dont les huit ajoutées pour pallier l’afflux de voyageurs sur le trajet du 21 octobre 2016)», indique Jeune Afrique.

«Selon les informations recueillies, le défaut de freinage de ces voitures (dont 12 de série 1300 CSR et de fabrication chinoise, NDLR) serait connu de tous les opérateurs à Camrail», écrit ainsi le spécialiste, dont la société a réclamé la récusation au motif qu’il était un de ses anciens employés. Il ajoute même que plusieurs incidents se sont déjà produits par le passé à cause de ces mêmes anomalies, en mai et en juillet 2014 notamment, lorsque plusieurs conducteurs avaient perdu le contrôle de leur convoi, peut-on lire sur le site internet de Jeune Afrique.

Au-delà du problème de freinage, l’expert ajoute également que trois autres causes ont contribué au drame: la surcharge du convoi «en violation des capacités prescrites» (ce que conteste Camrail) et l’ajout de voitures «ayant parcouru plus de 600 kilomètres sans vérification fiable de leur état», la «mise hors-service par les services d’entretien du système de frein rhéostatique de la locomotive» (qui aurait pu permettre de ralentir le moteur électriquement, NDLR), et la «non-prise en compte par la direction technique des réserves émises par les conducteurs». Il ajoute: «Dans de telles conditions, la catastrophe était inévitable».

Pour l’expert, la cause du déraillement est donc, «techniquement», la survitesse du train. «Mais en réalité, celle-ci n’est que la conséquence des défaillances techniques connues de longue date, des erreurs graves et des décisions inconséquentes qui ont été prises lors de la formation du train et de son départ de la gare de Yaoundé, alors que son système de freinage était gravement défaillant», explique-t-il.

En conséquence, estime l’expert, Camrail porte la «responsabilité totale et entière » de la catastrophe. Le rapport précise même que la chaîne des responsabilités s’étalerait sur quatre niveaux, dont le premier, le plus important, serait occupé par le Français Didier Vandenbon, directeur général de Camrail, ayant selon lui « ordonné» la formation du convoi.

«Officiellement, 79 personnes auraient péri dans l’ «Accident», comme le désigne aujourd’hui la société ferroviaire dans ses documents officiels. Mais le bilan serait en réalité bien plus lourd, de l’ordre de plusieurs centaines de disparus. De nombreuses familles sont en effet toujours à la recherche de proches ayant pris place à bord du train le jour du drame», conclut Jeune Afrique.