Huit Nigérians accusés d'une escroquerie à la drague sur Internet ont comparu devant un tribunal sud-africain à l'issue d'une vaste opération internationale impliquant le FBI et Interpol.
Les autorités des États-Unis, d'où est partie l'enquête et où se trouvent la plupart des victimes présumées, ont demandé leur extradition.
Ils sont accusés d'avoir escroqué plus de 100 victimes pour un montant total de près de 7 millions de dollars (3 944 878 100 FCFA) au cours de la dernière décennie.
Ils n'ont pas commenté les accusations.
Il s'agit de la plus grande affaire de ce type en Afrique du Sud, selon le porte-parole de la police, le colonel Katlego Mogale.
Les suspects, âgés de 33 à 52 ans, ont été arrêtés au Cap mardi, à la suite d'une demande d'assistance judiciaire des États-Unis.
Le FBI et les services secrets américains auraient mené l'enquête et collaboré avec les autorités sud-africaines, notamment l'unité d'élite de la police, les Hawks.
Les hommes sont recherchés au Texas et dans le New Jersey pour diverses infractions, notamment pour conspiration en vue de commettre une fraude électronique et postale, blanchiment d'argent et vol d'identité aggravé.
En s'opposant à la libération sous caution, le procureur Robin Lewis soutient que les hommes sont membres du Black Axe (La Hache Noire), un syndicat du crime organisé transnational originaire du Nigeria, dont la spécialité est de blanchir de l'argent par le biais de divers comptes.
L'État a fait valoir que les hommes risquaient de s'enfuir car ils avaient toujours accès aux comptes prétendument utilisés.
Les suspects risquent 20 ans de prison s'ils sont reconnus coupables.
Les suspects inventent des histoires à faire pleurer
Il est présumé qu'ils se sont attaqués à leurs victimes sur des sites de rencontres en utilisant de fausses identités. Les victimes, souvent des veuves ou des divorcées vulnérables du monde entier, pensaient avoir une véritable relation amoureuse.Le colonel Mogale explique qu'une fois que les suspects "s'étaient mis dans les bonnes grâces de leurs victimes, ils leur auraient concocté des histoires larmoyantes sur les raisons pour lesquelles ils avaient besoin d'argent - impôts pour débloquer un héritage, voyages à l'étranger indispensables, dettes écrasantes, etc.
"Les fraudeurs intimidaient et réprimandaient leurs victimes, ruinaient leur vie, puis disparaissaient", ajoute-t-elle.
Un voisin de deux des suspects, s'exprimant sous couvert d'anonymat, affirme à la BBC qu'il a été choqué d'apprendre que les deux frères étaient censés faire partie d'un gang criminel nigérian.
"Ils étaient amicaux et n'ont jamais commis de crime dans la région. L'un des frères était marié à une citoyenne sud-africaine", dit-il.
"Une fois par semaine, une dizaine de voitures de luxe arrivaient et repartaient quelques heures plus tard. Il s'agissait de véhicules haut de gamme comme une Mercedes Benz 2021, une Jeep et une Ferrari. A la façon dont ils s'habillaient, on pouvait dire qu'ils étaient riches",poursuit-il.
Le voisin a été réveillé par le bruit des chiens qui aboyaient lorsque les maisons des frères ont été perquisitionnées mardi. Une soixantaine d'hommes de différentes unités de police ont passé environ six heures à recueillir des preuves dans les propriétés. Sept autres propriétés ont également été perquisitionnées dans le même quartier.
M. Lewis souligne que certains des hommes ne sont pas en situation régulière en Afrique du Sud, leurs passeports ayant expiré. Il soutient également que si les hommes sont libérés sous caution, ils peuvent falsifier les preuves numériquement.
La demande de libération sous caution est fixée à mardi et jeudi prochains, dans l'attente d'une audience d'extradition.
Selon le journal sud-africain TimeLive, les Hawks sont à la recherche d'un neuvième homme lié à l'affaire.