L’universitaire camerounais Vincent Sosthène Fouda fait une analyse sur le bras de fer entre la Fédération camerounaise de football et le ministère des sports. Il estime que les positions des deux acteurs du football camerounais sont inconciliables.
Deux positions inconciliables pour deux structures réconciliables
L’épreuve de force engagée entre la FECAFOOT et sa tutelle dure depuis longtemps. Rien ne nous dit qu’elle ne se soldera pas par l’un de ces savants compromis dont les dirigeants camerounais connaissent le secret. Seulement le spectacle n’est plus intéressant et c’est l’image du Cameroun qui est traînée dans la boue.
Interprétation des textes, entretien au vitriol, beau de babane ici et là, le conflit entre Samuel Eto’o et Mouellé Kombi paraît plus que jamais aigu, leurs positions respectives étant, en principe, inconciliables. Les reproches qu’adresse le Ministre au Président de la FÉDÉRATION semblent concerner des aspects fondamentaux de la politique de gestion du football tant à l’intérieure du pays qu’à l’extérieur.
Sur les Lions Indomptables équipe nationale du pays, le Ministre veut avoir les pleins pouvoirs sur la base des accords qui lient la Fédération à l’État. La prise de parole de l’un comme de l’autre convoque le Chef de l’Etat chacun se revendiquant de son soutien. Samuel Eto’o est le président de la FECAFOOT, il semble savoir où il veut aller mais personne ne souhaite lui laisser les mains libres. Tout le monde veut le contrôler, surveiller ses faits et gestes et chaque nomination autour et ou à la FÉDÉRATION semble ne poursuivre que cet objectif.
Le jusqu’au-boutisme primaire
Il y a bien un jusqu’au-boutisme primaire que je tire de Lacan dans ce conflit FECAFOOT/Tutelle.
En effet, Lacan a défendu et doctriné, cela bien avant qu’il ait refusé en 1963 de faire la moindre concession pour rester membre de l’IPA. En vérité, il a été jusqu’au-boutiste depuis le début de son enseignement, dans ses élaborations sur la fin de l’analyse, depuis ses réflexions sur la didactique jusque dans son invention de la procédure de la passe. Ce jusqu’au-boutisme, Lacan l’a exprimé de nombreuses manières.
Je n’en retiens qu’une : à la fin de l’analyse, aucun objet n’a plus de valeur qu’un autre. Je la retiens parce qu’elle heurte en nous le sentiment de l’amitié, sinon de l’amour. Eto’o et Mouellé Kombi ne deviendront jamais des amis, ils n’iront jamais en vacances ensemble et pire même la paix des braves semble impossible entre eux, enfermés comme ils le sont dans l’orgueil et le jusqu’au-boutisme.
Je ne sais plus d’où je tire cette référence mais vous la trouverez certainement dans un des séminaires de Lacan. Je n’ai pas le temps de lire toute la leçon et d’intégrer nos deux protagonistes dans l’affaire. Seulement il convient de dire à leur intention que la République est au dessus de leur personne respective.
Le Chef de l’Etat tranchera possiblement parce que le peuple le réclame chaque jour un peu plus. Avant le prochain match des Lions serait l’idéal à moins que Eto’o/Kombi soit un exutoire pour les politiques. Un ballon jeté au peuple pour qu’il oublie sa misère.