Actualités of Monday, 3 July 2023

Source: www.camerounweb.com

Etoudi : Jeune Afrique livre les coulisses de la guerre Ferdinand Ngoh Ngoh et Adolphe Moudiki

Les deux protagonistes Les deux protagonistes

Dans un microcosme habitué à régler ses différends en coulisses, le secrétaire général de la présidence camerounaise, Ferdinand Ngoh Ngoh, et le directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), Adolphe Moudiki, se retrouvent en désaccord quant à la gestion du pipeline Tchad-Cameroun, a souligné Jeune Afrique.

L'affaire a éclaté au grand jour, mettant en lumière les affaires de la SNH comme jamais auparavant. Adolphe Moudiki, qui dirige cette entreprise publique depuis trente-deux ans, n'a jamais connu une telle humiliation.

Le différend entre les deux hommes couvait depuis plusieurs semaines, mais le 13 juin dernier, le conseil d'administration présidé par Ferdinand Ngoh Ngoh a infligé un camouflet à Adolphe Moudiki. Le compte rendu de la réunion annonçait le gel de la transaction conclue entre la SNH et la société Savannah Energy le 19 avril. Cette transaction aurait permis à la SNH d'acquérir 10% des actifs détenus par Savannah Energy dans le consortium Cameroon Oil Transportation Company (Cotco).

Cependant, la présidence de la République, par le biais de Ferdinand Ngoh Ngoh, a décidé d'annuler cette transaction, malgré les avantages qu'elle aurait pu offrir à la SNH, notamment une augmentation de sa participation de 5% à 15,17% dans le consortium exploitant le pipeline Tchad-Cameroun, suite au retrait d'ExxonMobil.

Cette décision inhabituellement exposée au grand public peut être interprétée comme une tentative de rassurer le Tchad, qui s'était fermement opposé à cette transaction. En effet, le 20 avril, le Tchad avait rappelé son ambassadeur à Yaoundé pour manifester son hostilité au projet.

Il est probable que l'affaire ne soit pas encore terminée et que la question de l'actionnariat de Cotco continue d'alimenter des appétits et des manœuvres sournoises. Néanmoins, la SNH sort de l'ombre, et Adolphe Moudiki, partisan de l'accord avec Savannah, a été publiquement désavoué. Pendant longtemps, la SNH a été une véritable entité autonome, une république à part dirigée par Moudiki, qui ne devait de compte qu'au président de la République, sans se soucier des autres Camerounais, y compris des secrétaires généraux de la présidence qui se sont succédé au cours de son long mandat. Cette époque touche-t-elle à sa fin ?

Quelques jours avant cet événement, Adolphe Moudiki avait déjà essuyé une humiliation similaire, orchestrée par Ferdinand Ngoh Ngoh. Suite à une réunion du conseil d'administration de Cotco qui s'est tenue le 24 mai à Paris, Moudiki a écrit une lettre furieuse au ministre des Finances, Louis Paul Motaze, pour se plaindre du comportement de Judith Menguele, représentante de la SNH lors de cette réunion.

La réponse, concise et tranchante, est parvenue à Moudiki quelques jours plus tard, signée par le secrétaire général de la présidence lui-même. Le président Biya a ordonné le maintien de Judith Menguele dans ses fonctions de représentante du ministère des Finances au conseil d'administration de Cotco, malgré les objections d'Adolphe Moudiki.

Jusqu'à cet épisode, rien ne laissait présager une quelconque animosité entre Moudiki et Ngoh Ngoh. Au sein de ce cercle restreint de fidèles de Paul Biya, les deux hommes sont des figures d'autorité, impitoyables et fidèles, à l'image de leur mentor. Mais la puissance de Ngoh Ngoh vient de se révéler à Moudiki.

Pourtant, Adolphe Moudiki dispose de pouvoirs spécifiques pour défendre les intérêts camerounais dans le secteur pétrolier et gazier, lui permettant théoriquement d'engager la SNH sans l'autorisation préalable du conseil d'administration. Sur le papier, il aurait donc pu augmenter la participation de la SNH dans Cotco en concluant un partenariat avec Savannah Energy, qui avait elle-même acquis les actions d'ExxonMobil dans le but de contrer les prétentions hégémoniques du Tchad sur cette entreprise stratégique.