L’affaire Martinez Zogo coince. Après plus d’une semaine de garde à vue au secrétariat d’Etat à la défense (SED), les enquêteurs peinent à monter un dossier solide pour inculper Amougou Belinga et compagnie qui sont retournés dans leurs cellules après avoir été présenté au commissaire du gouvernement. Le tribunal militaire exige un complément d’enquête et pourrait recevoir à nouveau les suspects dans les prochaines heures. Selon des indiscrétions, le commissaire du gouvernement souhaite avoir plus de lumière sur l’implication ou non du ministre de la justice dans l’assassinat de Martinez Zogo.

Le garde des sceaux est cité par le colonel Justin Danwe comme l’un des commanditaires de l’assassinat de Martinez Zogo. Pour tirer cette affaire au clair. Il faut auditionner le ministre. Pour cela, Paul Biya doit donner son feu vert. Problème, le ministre Esso est un ami personnel et de longue date du chef de l’Etat. Plusieurs analystes doutent de la capacité de Paul Biya à se démettre d’un homme de confiance de cette classe au soir de sa vie. Ils semblent avoir raison. Le ministre Laurent Esso faisait partie des personnalités triées sur le volet qui ont participé il y a quelques jours à la célébration des 90 ans du chef de l’Etat à Mvomeka’a.

Face à la polémique qui enfle, Laurent Esso a été contraint de s’expliquer chez son ami Biya. Selon le magazine Jeune Afrique, le ministre nie être l’ami de l’homme d’affaires Amougou Belinga. C’est ainsi qu’il serait parvenu à rassurer Paul Biya qui ne souhaite pas entacher la fin de son mandat avec une affaire aussi sanglante qui braque tous les projecteurs du monde sur son palais.

« Selon une source au palais d’Etoudi, Laurent Esso a pu s’entretenir avec le président dès que son nom est apparu dans cette affaire. Il lui a assuré n’être pas impliqué et a expliqué ne pas être un ami de Jean-Pierre Amougou Belinga. Paul Biya suivrait avec attention l’évolution du dossier, notamment via le contre-amiral Joseph Fouda », rapporte Jeune Afrique.

Et pourtant, au Cameroun l’amitié entre le ministre Laurent Esso et le sulfureux homme d’affaires Amougou Belinga est un secret de polichinelle. Lors de la première communion des enfants du patron du groupe l’Anecdote, Laurent Esso s’était déplacé en personne. Sur les vidéos, il s’affichait décontracté, sans protocole en train d’embrasser chaleureusement les épouses d’Amougou Belinga.