Le 17 mai 2014, Paul Biya a déclaré la guerre à Boko Haram lors d’un mini-sommet sur la sécurité en Afrique centrale organisé à Paris sous la coordination de François Hollande, l’ancien président français.
Quatre ans plus tard, cette guerre n’est toujours pas gagnée par le pouvoir de Yaoundé. Les attaques à la bombe continuent. Le mois dernier, des fillettes activaient leurs engins explosifs dans un patelin perdu entre le Nigeria et le Cameroun.
La guerre contre Boko Haram n’est donc pas terminée. Si le sulfureux gourou de l’une des factions de cette secte, Abubakar Shekau, fait moins entendre parler de lui, depuis ses diatribes contre le régime de Yaoundé se font tout aussi rares. Mais la secte tient toujours à faire la démonstration de sa puissance: pour la fête du Ramadan, elle a posté une vidéo dans laquelle les soudards de Shekau prient, leurs kalachnikovs à portée de main.
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A Yaoundé, personne ne peut donc ignorer que Boko Haram reste une préoccupation sérieuse.
D’une guerre, le Cameroun en est aujourd’hui à deux, depuis que des Anglophones ont pris les armes pour lutter contre le pouvoir central de Yaoundé pour conquérir l’indépendance des deux régions anglophones du pays. Pour réponse, Yaoundé applique la méthode de la main forte. Mais la situation s’enlise, car les groupes armés continuent de mener des exactions et d’attaquer les forces de sécurité.
Et pour ne rien arranger, l’insécurité dans la région de l’Est, le long de la frontière avec la République centrafricaine (Rca), est une réalité. Les groupes armés centrafricains infestent cette frontière et les réfugiés centrafricains débarquent en masse sur le sol camerounais.
Raisons géostratégiques
Trois foyers de tension aux trois sommets du triangle national. Trois foyers de tension bien différents. A l’Est, le Cameroun souffre de la déstabilisation de la Rca. Un schéma qui en appelle un autre : la chute du Zaïre du général Mobutu qui a commencé par le pogrom rwandais. A croire que la Rca est une baïonnette pointée sur la tempe du Cameroun. Dans les régions anglophones, les collusions entre les séparatistes et les groupes hostiles au régime de Paul Biya, qui sont tapis dans l’ombre, sont évidentes.
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Il suffit de se convaincre qu’une guerre ça coûte beaucoup d’argent, et cet argent il faut le trouver. Dans le Grand-Nord, il n’est plus un secret que les émirs saoudiens et qataris financent le terrorisme sur le continent pour des raisons géostratégiques.
Le Cameroun est donc au milieu de ces feux au moment d’organiser la prochaine élection présidentielle. Mais le gouvernement rassure : il maîtrise la situation. Il est convaincu que le Cameroun ne basculera pas dans le chaos. Un ange passe et on croise les doigts.