Après les USA, l’Afrique du Sud et Paris, Franck Biya, le fis aîné du président de la République a officiellement déposé ses valises à Yaoundé en 2020 en pleine pandémie de Covid-19. L’homme à qui il est attribué des ambitions présidentialistes s’est entouré d’un réseau de technocrates bien introduits dans l’appareil d’Etat. La course pour la succession de Paul Biya se serait accélérée depuis le passage en juillet 2022 du président Emmanuel Macron en France. Le dirigeant français, selon des sources proches d’Etoudi aurait validé le choix de Franck Biya comme futur président de la République. Les deux personnalités se sont d’ailleurs rencontrées au Palais de l’Unité.
Pour atteindre cet objectif, Franck Biya sait qu’il aura besoin de l’appui se ses soutiens dans le régime. Selon le magazine Jeune Afrique, il peut compter sur les membres de sa famille qu’il a pris le temps de bien positionner au sein du sérail.
« S’il s’est toujours tenu loin des projecteurs, Franck Biya n’a pas hésité à user de son influence auprès de son père pour promouvoir des membres de sa famille maternelle. Successivement ministre du Travail puis des Transports, entre 2002 et 2015, Robert Nkili est le frère cadet de sa mère. L’actuel ministre des Finances, Louis-Paul Motaze, est quant à lui son cousin. Tous deux doivent en partie à Franck Biya leur maroquin », rapporte le média panafricain qui explique comment Franck Biya rend des services à ses amis.
« Ce dernier est aussi une porte d’entrée pour accéder au chef de l’État. C’est lui qui a invité, le 13 février, Yannick Noah à l’apéritif donné pour l’anniversaire du président. L’ancien champion de tennis, dont le projet immobilier – « La Cité des cinquantenaires » à Yaoundé – est empêtré dans les tracasseries bureaucratiques, a pu plaider sa cause entre deux verres de jus d’orange », indique le média.
Ferdinand Ngoh Ngoh longtemps considéré comme le dauphin de Paul Biya est de plus en plus fragilisé depuis le passage de Macron au Cameroun. Les « hautes instructions du chef de l’Etat » qu’il distribuaient à tour de bras ont drastiquement diminué. Désormais, « Monsieur le vice-président » lutte pour sauver sa peau. Le tribunal criminel spécial fait tout pour l’entendre dans l’affaire de détournement des fonds covid-19.
Le moment est donc idéal pour Franck Biya de tester son pouvoir. Après un premier échec face aux soutiens de Samuel Eto’o dans le sérail, le fils aîné du président de la République jauge la fidélité de son ami le Directeur Général des impôts Modeste Mopa qui tient tête régulièrement au ministre des finances Louis-Paul Motaze.
CamerounWeb vous propose la liste des hommes de l’ombre de Franck Biya publiée par Jeune Afrique.
Ghislain Samou Nguewo
Âgé de 44 ans, il est l’un des plus proches collaborateurs de Franck Biya. Diplômé d’économie de l’Université Yaoundé II, Ghislain Samou Nguewo a pris en février 2019 la tête du conseil d’administration de Boissons Vins et Spiritueux (BVS), une agro-industrie lancée par Guillaume Sarra et son épouse Virginie Palu-Sarra, cette dernière étant par ailleurs la nièce de l’industriel français Pierre Castel.
Basée à Douala, l’entreprise est dirigée par l’Ivoirien Stéphane Soumahoro, fils de l’ex-président ivoirien Robert Gueï.
Christian Mataga
Il est le fils de Philippe Mataga, un ancien ambassadeur et ex-directeur du cabinet civil de Paul Biya, dont il fut également le ministre (du Travail et des Affaires étrangères). Les deux hommes sont si proches que celui-ci accepta d’être le parrain de baptême de Christian.
Franck Biya considère ce diplômé en finances de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne comme son propre frère. Christian Mataga dirige la Société commerciale industrielle et forestière (Scifo), spécialisée dans la production, la transformation et la commercialisation d’espèces tropicales de bois, à partir de concessions attribuées par le ministère camerounais des Forêts.
Alamine Ousmane Mey
L’actuel ministre de l’Économie est un ami de longue date de Ghislain Samou Nguewo qui l’a présenté à Franck Biya. Cet ingénieur formé à l’Université technique de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, à Aix-la-Chapelle, en Allemagne était alors directeur général d’Afriland First Bank, la deuxième banque du pays, avant d’être propulsé par Paul Biya à la tête du ministère des Finances, sur recommandation de Franck.
À la faveur du dernier remaniement, Mey est passé du portefeuille des Finances à celui de l’Économie, permutant avec Louis-Paul Motaze.