Actualités of Thursday, 7 September 2023

Source: Le Jour N°3996

Etoudi : plusieurs gendarmes arrêtés pour torture et meurtre

Une plainte avait été déposée au tribunal militaire de Yaoundé Une plainte avait été déposée au tribunal militaire de Yaoundé

La plainte déposée par l’Ong Mandela Center et Nouveaux droits de l’homme a conduit à l’interpellation de certains éléments en service à la brigade territoriale d’Etoudi.

Mandela Center international et Nouveaux droits de l’homme, deux Ong de protection et de défense des droits humains au Cameroun portent à l’attention du public qu’une enquête a été ordonnée après le décès suspect d’Olivier Ndongo Bilogo.

L’objectif de cette enquête ouverte au secrétariat d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie nationale vise à faire la lumière sur les circonstances exactes du décès de ce jeune homme qui a trouvé la mort quelques jours après une garde à vue « abusive et arbitraire » dans les locaux de la gendarmerie territoriale

« Les enquêtes dirigées par le Colonel Nana du poste de commandement opérationnel de la gendarmerie du secrétariat d’Etat à la défense ont permis l’interpellation et la garde à vue des présumés auteurs. Les enquêtes se poursuivent pour établir les différentes responsabilités bien qu’il soit certain que l’arrestation de Ndongo Bilogo Olivier était illégale suivie d’une détention arbitraire », précise l’Ong Mandela Center dans un communiqué publié le 2 septembre dernier.

Le communiqué de l’Ong Mandela Center international ne précise pas le nombre de gendarmes interpellés. Olivier Ndongo Bilogo, jeune électricien de 41 ans est décédé le 19 juillet 2023. Il est mort alors qu’il sortait d’une garde à vue. La victime affichait une santé de fer avant son interpellation, a été arrêté sans mandat ni convocation le 1er juin 2023 par les éléments de la brigade de gendarmerie territoriale de Yaoundé 1er au quartier Etoudi. Il a été placé en garde à vue sans être auditionné. L’Ong Mandela Center international affirme qu’aucune plainte n’avait été déposée contre ce jeune homme. Son interpellation est liée à une affaire de colis qu’il devrait transmettre à une dame dans un hôtel.

Au cours de cette garde à vue sans aucun titre, il a été violemment frappé à la tête à plusieurs reprises par les gendarmes, puis libéré, quatre jours après, grâce l’intervention de ses proches auprès d’un magistrat. Il n’était pas en bonne santé lorsqu’il a recouvré la liberté, car il présentait plusieurs hématomes sur le corps. Les urgences de l’hôpital général de Yaoundé, où il a été conduit, ont diagnostiqué des « Hématomes intra-parenchymateux temporels ». Des examens approfondis ont révélé un lien entre ces blessures et sa garde à vue abusive. Avant son interpellation, il n’avait aucun problème de santé.

Suite au décès suspect d’Olivier Ndongo Bilogo, une plainte avait été déposée au tribunal militaire de Yaoundé et au Secrétariat d’Etat à la défense chargé de la Gendarmerie nationale contre le commandant de la brigade et ses éléments.

Jean Fogno, le secrétaire exécutif de Mandela Center affirme que l’enquête a été prescrite par le ministre délégué à la présidence de la République en charge de la Défense. Les associations de défense des droits de l’homme saluent l’interpellation des gendarmes et souhaitent qu’ils puissent répondre de leurs faits devant une juridiction impartiale et transparente. Leur interpellation constitue en effet un signal fort à l’encontre de certains fonctionnaires de maintien de l’ordre accusés de torture dans les commissariats et brigades de gendarmerie. Au Cameroun, plusieurs personnes sont décédées ces dernières années dans les commissariats et brigades de gendarmerie. Ce phénomène prend de plus en plus de l’ampleur à cause de l’impunité.