Actualités of Thursday, 10 November 2022

Source: InfoMatin N°1180

Etoudi : un proche de Biya livre les secrets de sa longévité au pouvoir

Biya a échappé aux manœuvres déstabilisatrices Biya a échappé aux manœuvres déstabilisatrices

Le jeudi 4 novembre 1982 à 20h, le Cameroun est marqué
par la déclaration du président Ahmadou Ahidjo qui
annonce contre toute attente « (…) j’ai décidé de
démissionner de mes fonctions de président de la République
du Cameroun » Le peuple camerounais dans son ensemble est
avant tout bouleversé à l’écoute de cette annonce. Le président
Ahidjo avait développé un charisme au point où l’appellation
de son seul nom faisait encore flipper plus d’un camerounais.
Cette démission, quoi qu’en dise les uns et les autres, demeure
un mystère malgré les diagnostics évoquant tantôt une
démission volontaire liée à la lassitude du pouvoir qui faisait
du président Ahidjo, depuis 30 ans, un personnage usé qui
voulait passer volontairement à autre chose » ou encore le
coup d’Etat médical dont Ahidjo aurait été victime. Au regard
de ce qui demeure encore le mystère Ahidjo, le champ de
l’évaluation de l’exercice du pouvoir sous Paul Biya après 40 ans
à la tête de l’Etat , est l’intérêt que nous portons à l’analyse du
bilan du renouveau qui repose sur 4 piliers que sont :
(1) Les manœuvres de contrôle effectif du pouvoir par
le nouveau chef d’Etat
(2) La tentative de prise en main du pouvoir et le
contrôle de l’UNC [Union nationale camerounaise, Ndlr] par le
président Paul Biya : les putschistes s’en prennent au chef de
l’Etat.
(3) La création du RDPC [Rassemblement
démocratique du peuple camerounais, Ndlr], un instrument de
consolidation du pouvoirdu Président Paul Biya
(4) La crise économique, les années de braise et le
péril des premières élections pluralistes de 1992
1- Les manœuvres de contrôle effectif du pouvoir par
le nouveau chef d’Etat.
Message de démission président Ahidjole 4 novembre 1982.
Comme il le disait lui-même dans un entretien avec Jean
Claude Ottou au club de la presse du Tiers-Monde le 20 mai
1988
la définition de l’Etat s’appréhende à partir de sa triple
signification: socio anthropologique ; organisationnelle ou
administrative et juridique Sur le plan socio anthropologique,
c'est une population aux variantes culturelles plurales, vivant
sur un territoire déterminé délimité et soumise à un
gouvernement. Du point de vue organisationnel, c'est une
forme d’organisation institutionnelle ou coutumière, que la
société utilise pour s'orienter et se gérer afin de garantir la
régulation sociétale .L'État désigne également un ensemble de
personnes qui acceptent de s'imposer un ordre sous certaines
conditions. Sur le plan juridique, « l'État peut être considéré
comme l'ensemble des pouvoirs d'autorité et de contrainte
collective que la nation possède sur les citoyens et les individus
en vue de faire prévaloir ce qu'on appelle l'intérêt général, et
avec une nuance de morale et d’éthique le bien public ou le
bien commun.
Doutes, incertitudes, psychose, méfiance et rumeurs règnent
autour de l’exercice effectif du pouvoir par Paul Biya. A
l’intérieur comme à l’extérieur du pays, très peu de
Camerounais admettent que le président Paul Biya contrôle le
pouvoir . A l’intérieur du pays, certains Camerounais persistent
dans leur illusion qui consistaient à faire croire que
lesprésidents Biya et Ahidjo se seraient entendus afin que le
second gouverne dans l’ombre.
1.1. L’avènement de la démission du président
Ahmadou Ahidjo à la tête de l’Etat le 4 novembre 1982
Lorsque le président Ahidjo annonce sa démission à la tête de
l’État camerounais, l’enthousiasme, la surprise et l’émotion
suscités par cet événement majeur font oublier à l’opinion qu’il
est encore à la tête de la présidence de l’UNC, le principal
levier politique de mobilisation des populations. Par
conséquent, le conflit Ahidjo - Biya est ouvert entre le
président national de l’UNC et le président de la République.
1.2. La succession des remaniements ministériels : un
indice du manœuvrier Paul Biya à la recherche des hommes de
confiance.
Entre le 6 novembre 1982 et le 6 novembre 1992, le président
Paul Biya va effectuer 15 remaniements ministériels. Ce qui
représente en termes de pourcentage environ 1.25
remaniement par an. Cette succession de remaniements
ministériels va être la preuve que le président Paul Biya est à la
recherche des hommes et des femmes de confiance
susceptibles de l’accompagner valablement au sein de l’Etat à
travers le gouvernement. Cela ne souffre d’aucun doute, le
président Paul Biya en a réellement pris conscience. Rappelons
que le remaniement du 18 juin 1983 demeure qui révèlera au
grand jour les prémices d’une rupture entre l’ « ancien » et le «
nouveau » comme les qualifiait convivialement l’homme de la
rue.
1.3. Les prémices entrouverts du conflit Ahidjo-Biya :
les signes témoins des déclarations impétueuses du président
Ahmadou Ahidjo
Suite à la démission du président Ahmadou Ahidjo, l’opinion
nationale et internationale observent qu’une rivalité oppose au
Cameroun l’ancien président Ahmadou Ahidjo, président de
l’UNC au président Paul Biya en fonction et premier vice￾président de l’UNC . Le président Paul Biya sera enfin confronté
à la réalité de l’exercice du pouvoir suprême. Une attitude de
cette mesure se produira lors du premier incident protocolaire
opposant le chef de l’Etat Paul Biya et au président national de
l’Union de Nationale Camerounaise UNC, Ahmadou Ahidjo, le
03 mars 1983.
Les deux hommes d’Etat, en guise de rappel, ne s’étaient plus
revus physiquement depuis le 6 novembre 1982 après la
prestation de serment du président Paul Biya à l’Assemblée
nationale. Le premier incident qui va les opposer est d’ordre
protocolaire.
Il s’agissait de la remise du prix Dag Hammarskjöld pour la paix
octroyé par les Nations Unies au président Ahmadou Ahidjo
pour avoir contribué et servi d’exemple aux œuvres de paix en
Afrique à travers sa démission volontaire.
Il fut alors question que l’Etat camerounais organise deux
semaines après, la réception de ce prix au Palais des congrès
de Yaoundé. Cependant, ce fut une occasion qui aurait permis
aux deux chefs d’Etat Paul Biya et Ahmadou Ahidjo d’étaler à
l’opinion leurs bonnes relations. Le protocole d’Etat,
embarrassé au demeurant encore Ahidjoïste, avait prévu
l’arrivée de Paul Biya puis celle d’Ahmadou Ahidjo à la salle des
cérémonies. En guise de réaction, Paul Biya personnellement
opposera un refus sec à cette préséance. Il rappelait au
protocole d’Etat qu’il n’était plus question que le président
national de l’UNC, le parti unique, ait préséance sur le
président de la République. Cette condition du président Paul
Biya va difficilement être acceptée par le président Ahmadou
Ahidjo. Après moult négociations et concertations avec les
membres du corps diplomatique et de nombreuses autorités
politiques et gouvernementaux nationaux, l’organisation du
protocole sera revue, respectant ainsi la préséance qui fera
venir le Président de l’UNC dans la salle avant celle du
président Paul Biya.
1.4. La réunion du Lac et le gouvernement du 18 juin
1983 : la rupture irréversible entre les présidents Biya et
Ahidjo.
Quarante ans après, l’incident protocolaire du 3 mars 1983 au
palais des congrès, ci-dessus présenté, ne fut en réalité qu’une
alerte d’une autorité disputée entre les présidents sortant et
entrant du Cameroun. Deux incidents majeurs sonneront le
glas d’une rupture désormais irréversible opposant les deux
hommes d’Etat ayant entre leurs mains, le destin du
Cameroun.
Le premier incident est inhérent à une déclaration du président
Ahmadou Ahidjo à la presse en mai 1983.
De mémoire, lors d’un entretien entre le président Ahidjo et les
journalistes du quotidien Cameroon Tribune, qui voulaient
davantage comprendre l’effet d’une dualité naissante entre le
chef du parti et le chef de l’État, le président Ahidjo répondra :
M. Biya est chef de l’État à part entière (…) Il ne saurait y avoir
dualité mais complémentarité entre son action et la mienne et
il n’existe pas de dissension entre nous (…). Par ailleurs, si pour
une raison ou une autre, je ne voulais pas que M. Biya accède à
la magistrature suprême, j’avais la possibilité, au moment de
ma démission, de mettre fin à ses fonctions de Premier
ministre et de le remplacer. Si je ne l’ai pas fait, c’est qu’il jouit
de ma confiance et que je souhaitais le voir me succéder,
conformément à la Constitution .
Le deuxième incident est inhérent à la composition du
gouvernement du 18 juin 1983 sans la concertation préalable
du président Ahmadou Ahidjo.
Sept mois après son accession à la tête de l’Etat, les rumeurs
de complot et de tentatives d’assassinat du président Paul Biya
ne cessent de s’accentuer. Son prédécesseur Ahmadou Ahidjo
se confie à de nombreuses personnalités « Biya est fourbe. J’ai
maintenant la preuve que je me suis trompé dans mon choix »
Il se laissera tout de même convaincre par le président français
de l’escorter à Garoua, où s’est retiré le président Ahidjo dans
sa ville natale après le désistement de M. Biya à participer à la
réunion du Bureau politique de l’UNC. . Il promet à François
Mitterrand de le faire, une fois arrivé à Grace dans le sud de la
France où il détenait une petite propriété privée.
Sept mois après son accession à la tête de l’Etat, les rumeurs
de complot et de tentatives d’assassinat du président Paul Biya
ne cessent de s’amplifier. Son prédécesseur Ahmadou Ahidjo se
confie à de nombreuses personnalités « Biya est fourbe. J’ai
maintenant la preuve que je me suis trompé dans mon choix »
Le président Ahmadou Ahidjo oublie qu’il n’est
plus stratégiquement l’homme de la situation. Car, l’Etat est
plus fort que le Parti. Il n’a qu’une ambition. Faire du parti
l’instrument dominant et englobant de l’Etat. Mais cette
intention est démesurée. Car, c’est l’Etat qui fait le parti et non
le contraire . Pour preuve, si quarante ans après, le président
Paul Biya décide au plus haut de ses fonctions de président de
la République, de créer son parti, il est certain que la masse le
rejoindrait.
Le président Ahmadou Ahidjo n’avait pas compris
qu’il ne disposait plus du principal instrument
d’ordonnancement et de positionnement des hauts cadres de
l’Etat qui est l’action suprême du pouvoir d’Etat ; le détenteur
de son déploiement est désormais Paul Biya, le chef de l’Etat.
C’est Paul Biya qui le détient et de la plus belle des manières;
d’autant plus qu’il n’accède pas au pouvoir par coup de force,
mais légalement. Il a conscience de la nécessaire reprise en
main des prérogatives de chef de l’Etat.
Cette étape de reprise en main du contrôle de l’État était
nécessaire pour la survie au pouvoir de Paul Biya. D’autant plus
qu’il n’était ni souhaité, ni attendu, ni soutenu par la grande
baronnie aux multiples courants du régime auquel il
appartenait. Celle-ci ignorait un fait par habitude ou par
naïveté ; c’est le chef de l’État qui définit la politique de la
Nation. À cet effet, c’est Paul Biya président de la République et
non Ahmadou Ahidjo Président de l’UNC qui détient « le code
nucléaire » de transformation, de promotion et du
positionnement des grands commis de l’État. Ces indicateurs
de gouvernance suprême se confirment lorsque le président
Biya, pour reprendre en main le contrôle de l’État, va procéder
le 18 juin 1983 à un remaniement ministériel sans consulter
l’ancien président comme il était de coutume depuis son
accession à la magistrature suprême .
2. La tentative de prise en main du pouvoir et le
contrôle de l’UNC par le président Paul Biya : les putschistes
s’en prennent au chef de l’Etat.
2.1. Le risque de coup d’Etat s’installe, le manœuvrier
Paul Biya accède à la tête de l’UNC : l’alerte de Germaine
Ahidjo.
La presse et de nombreux médias nationaux et internationaux
ont fait du conflit Biya – Ahidjo et du Cameroun des
interprétations dignes d’un film de fiction. Pour les uns,
l’ancien président a été trompé. Ses médecins français de la
côte d’azur à Grace aux environs de Nice, lui auraient ressorti
un pronostic médical alarmant.
Pour les autres, notamment l’ex-première dame, Germaine
Ahidjo, l’une des voix les plus autorisées pour justifier le départ
du président Ahidjo, soutient que: « le président se sentait très
fatigué, c’est pourquoi il a volontairement passé le pouvoir
sans pression de qui que ce soit à Monsieur Biya en qui il avait
entièrement confiance ». Le 20 juin 1983, le président français
François Mitterrand séjourne au Cameroun. Le 22 juin 1983
François Mitterrand et le président Paul Biya se rendent à
Garoua à le rencontre du président Ahmadou Ahidjo. Les
présidents Paul Biya et Ahmadou Ahidjo par la force du destin
ne se verront plus jamais. De ce voyage deux concessions sont
faites entre les deux hommes.
La première est l’accord donné par Paul Biya afin que soit mis à
la disposition du président Ahidjo l’avion présidentiel (Le
Pélican) pour lui permettre de se rendre à Nice en France.
La deuxième concession est l’accord de démissionner à la tête
de l’UNC donné par Ahmadou Ahidjo aux présidents
Mitterrand et Paul Biya. En aout 1983, à partir de Nice,
annonce sa démission à la tête de l’UNC et le 5 septembre
1983, Paul Biya accède à la tête de l’UNC au poste de président
National. Un tel contexte ne rassurait pas. Les deux présidents
ne se parlent plus.
Dans cette ambiance morose 40 ans après l’accession du
président Paul Biya à la tête de l’Etat, le souvenir des craintes
de coup d’Etat planaient sur la tête du président Paul Biya
demeurent. D’autant plus que l’UNC en tant qu’instrument de
mobilisation populaire, n’est plus maitrisé par celui-ci.
2.2. L’affaire Salatou ou la première tentative
d’assassinat du président Paul BIYA : la rupture ouverte entre
les présidents Ahidjo et Biya.
Le capitaine Adamou Salatou depuis les années 1970, est l’aide
de camp attitré du président Ahmadou Ahidjo. Dès son
accession au pouvoir le 6 novembre 1982 en homme d’Etat
impartial, légaliste et républicain le président Paul Biya n’a
effectué aucun mouvement au sein des forces spéciales de
défense et de sécurité. La garde républicaine, à l’instar de tous
les corps spéciaux de défense et de sécurité, est demeurée
intacte. Le capitaine Adamou Salatou, le commandant –
intendant du palais Ibrahim Oumarou auraient sollicité un
frère d’armes du palais le maréchal de logis chefs Etienne
Honlong aujourd’hui colonel à l’effet d’abattre physiquement
le président Paul Biya. L’honneur et la fidélité s’imposant, le
sous-officier Etienne Honlong leur opposera un refus et en
informera sa hiérarchie.
L’affaire Salatou prend corps en juin 1983 et s’achève en
février 1984 par la condamnation d’Ahmadou Ahidjo par
contumace. C’est un procès qui fut ouvert au tribunal militaire
de Yaoundé, présidé par le Magistrat militaire, Colonel
ANANGA. Aux motifs que les prévenus ont participé à
«l’incitation à la haine contre le gouvernement de la
République, la participation à une entreprise de subversion, la
propagation de rumeurs malveillantes sur le remaniement
ministériel du 18 juin 1983, la conspiration en vue d’assassiner
le Chef de l’Etat et le renversement des autorités de la
République »
Adamou Salatou de son vrai nom alias toupouri Moussa est et
demeure jusqu’au déclenchement de cette affaire, l’aide de
camp du président Ahidjo. L’ancien intendant le capitaine
Ibrahim Oumarou et l’intéressé seront condamné à mort. Alors
que l’ex président Ahmadou Ahidjo impliqué dans le même
procès, considéré comme le commanditaire et le complice de
la tentative d’assassinat du président Paul Biya écopera de 5 ans de prison par contumace.
Cette tentative de coup de force, demeure 40 après la
commémoration de l’accession du président Paul Biya à la tête
de l’Etat, l’un des souvenirs les plus obscurs déclencheur de la
rupture ouverte entre les présidents Ahidjo et Biya. Ces
condamnations de l’ex président par contumace survenues le
28 février 1984 et de ceux qui furent considérés comme ses
acolytes seront à l’origine d’une prise d’arme ouverte contre les
institutions et celui qui incarne : le président Paul Biya. C’est
la tentative de coup d’Etat du 6 avril 1984.
2.3. L’effondrement béant des putschistes : la tentative
de coup d’Etat du 6 avril 1984
Le 6 avril 1984, pour la première fois dans l’histoire politique
du Cameroun, une tentative de coup d’Etat a failli emporter le
deuxième président de la République du Cameroun Paul Biya.
Ce triste évènement aura un impact visible sur le
comportement de Paul Biya, le chef de l’Etat.
2.4. L’impact de la tentative de coup d’Etat du 6 avril
1984 sur Paul Biya le chef de l’Etat.
Devenu méfiant et renfermé, Paul Biya n’avait plus confiance
en qui que ce soit. Dans ses relations avec ses collaborateurs, il
va réduire la séquence du conseil de ministres. De nombreux
collaborateurs vous avoueront qu’ils ont très peu passé le
temps aux côtés du chef de l’Etat. Pourtant, ils n’y sont pour
rien après cette tentative de coup d’Etat. Pour le peuple
camerounais tout entier, en accord avec l’initiative du chef de
l’Etat, la garde républicaine au sein de l’Etat ne disposait plus
des exigences morales et des qualités d’éthique nécessaires
pour continuer à exister. Elle sera dissoute au profit de la garde
présidentielle (la GP). De nombreuses réformes vont
également s’opérer d’une part au sein de l’Etat et d’autre part,
au sein du parti unique l’UNC qui n’a pas fait preuve de
loyalisme absolu à l’égard du chef de l’Etat, Paul Biya. Et ce sont
ces deux points qui marqueront une fois de plus les nouvelles
manœuvres de Paul Biya, chef de l’Etat.
3. La création du RDPC, un instrument de
consolidation du pouvoir du Président Paul Biya.
3.1. Le RDPC dans les stratégies du Renouveau
Les évènements tragiques du 6 avril 1984 ont disqualifié l’UNC
à réconcilier les Camerounais entre eux. Car en tant qu’appareil
politique, l’UNC n’a pas été capable d’assurer une transition
paisible entre le président Paul Biya et son prédécesseur. Au
contraire, elle est apparue comme un mouvement conflictuel,
un parti où règnent des menaces antagonistes, inconciliables
au regard des visions qui les opposent.Au plan économique, les
objectifs du développement autocentré basés sur la libre
entreprise contenue dans pour le libéralisme communautaire
deviendront problématiques au regard des nouvelles exigences
des bailleurs de fonds. Enfin, l’UNC aura-t-elle été à la hauteur
des projets sociaux les plus importants particulièrement
évoqués par le président : l’enseignement, la santé, le
logement et une répartition équitable des fruits de la
croissance ? Ou encore aurait-elle pu faire face aux enjeux du
pluralisme démocratique ? Ces interrogations prémonitoires
du président Paul Biya dans sa politique du renouveau vont
l’inciter à convoquer le IVe congrès ordinaire de l’UNC à
Bamenda du 21 au 24 mars 1985. Celui-ci aboutira à la
création du RDPC le 24 mars de la même année.
3.2. La tentative de démocratisation du jeu politique
par la concurrence au sein du RDPC : les conservateurs
neutralisent le Renouveau
À Bamenda, le 21 mars 1985, à l’ouverture du IVème Congrès,
qui est aussi le dernier de l’UNC, le Renouveau est un projet
politique crédible influencé par deux tendances ; d’une part les
rénovateurs, partisans de Paul Biya, qui croient en la sincérité
de sa vision, dont le porte étendard est le professeur Georges
Ngango.
D’autre part les conservateurs, un groupe acéphale dont les
membres et leur porte-étendards, membres du bureau
politiques de l’UNC que sont : François Sengat- Kuoh, Jean
Nkuété, Joseph Charles Doumba, Ibrahim Mbombo Njoya,
considèrent que le Renouveau n’est qu’un simple slogan. Ceux￾ci ne recherchent que le contrôle de l’administration du parti
afin de rompre avec la personne Ahidjo sans rejeter le système
d’Ahidjo. Ceux-ci ne recherchent qu’une chose pratiquer de
l’Ahidjoïsme politique sans Ahmadou Ahidjo.
Cet état de fait sera à l’origine de la rupture qui opposera à
terme le secrétaire politique François Sengat-Kuoh au président
national Paul Biya. Le passage de ces trois anciens membres
du bureau politique de l’UNC à la tête du Secrétariat général du
RDPC compte parmi les moments de purge, torture et de
maltraitance que les plus difficiles que les militants du RDPC
n’aient jamais connus.
3.3. Le pape Jean Paul II au Cameroun et la purification
du palais d’Etoudi
Pour la première fois depuis son accession à la magistrature
suprême, le Pape Jean Paul II arrive au Cameroun pour un
voyage d’Etat de cinq jours (du 10 au 15 aout 1985).
Deux faits inédits vont susciter de nombreuses interrogations
sur l’arrivée du pape et de ce qui a été dit.
Premier fait : le palais d’Etoudi serait hanté par les grands
marabouts.
Dès son entrée au palais d’Etoudi où le président Ahidjo a
séjourné très peu, les grands maitres ayant initié le président
Paul Biya au rituel cosmique africain, n’ont pas hésité à
demander au nouveau président de la république que le palais
laissé par son prédécesseur soit exorcisé.
Ces recommandations chez tous les initiés ayant reçu le
président Paul Biya étaient les mêmes lors de ses tournées
dans les 7 provinces du Cameroun dont la première s’est
effectuée à Bamenda dans le Nord-Ouest dès février 1983.
Etait-ce un mythe ou une réalité ? Constatons que c’est
l’imbibition ritualo-cosmique qui amena le chef de l’Etat
comme nous le verrons dans les pages qui suivent, à ne rien
banaliser pour se protéger et protéger son pouvoir. Du point
de vue diplomatique, le papa Jean Paul 2 ne séjourna pas au
Cameroun par un simple fait hasard.
3.4. La suppression des prisons politiques et des «
exilés politiques » par le régime du Renouveau.
Au moment où nous évaluons l’action du renouveau et sa mise
en œuvre 40 ans après, nous avons voulu anticiper en
soulignant que l’un des fleurons les plus positifs du renouveau
40 ans après est la démocratie.
La fin des exilés politiques et celle des prisonniers d’opinion
témoigne de cette transformation sociopolitique du Cameroun.
En guise d’illustration, les prisons de haute sécurité de
Mantum, de Tcholliré, de Yoko, ou la BMM n’existent plus. Le
Cameroun compte environ 300 partis politiques légalement
reconnus. En 40 ans de présence à la tête de l’Etat
camerounais, une rotation d’une dizaine de représentants de
partis politiques se sont succédés à ce jour au parlement.(
l’assemblée nationale et le Sénat) Au sein des municipalités,
près d’une trentaine de partis politiques ont successivement
participé à travers leurs représentants à l’animation de nos
communes.
Avec l’avènement des régions, le pluralisme politique a permis
aux populations locales de prendre conscience des enjeux du
développement local.
Le plus grand impact du changement à la tête de l’Etat
camerounais fut économique, doublé de la contestation
sociale. Le président Paul Biya et le RDPC ont été mis à
l’épreuve des élections.
4- La crise économique, les années de braise et le
péril des premières élections pluralistes de 1992
4.1. L’arrimage du Cameroun aux programmes
d’ajustement structurel imposés
Quatre ans après son arrivée à la tête de l’Etat, les contraintes
des bailleurs de fonds vont s’imposer au nouveau chef de l’Etat
dès 1986. Alors que les réserves du Cameroun à la banque
mondiale sont positives, le président Paul Biya sera contraint
de s’arrimer aux programmes d’ajustement structurels exigés
par les bailleurs de fonds.
Cependant le président Paul Biya, quelques années avant
témoigne d’avoir hérité « d’une économie qui se porte très
bien » Malgré la réticence dont il a fait preuve en tentant de se
tourner vers le partenaire allemand Helmut Kohl, le Premier
ministre français de la cohabitation Jacques Chirac, sous
l’impulsion des partenaires économique, aura raison sur les
intentions du président Paul Biya à s’arrimer aux programmes
d’ajustement structurels.
Car, la France estime qu’en 4 ans, le pays n’a pas été bien tenu
économiquement. Au départ du président AhmadouAhidjo, le
bilan économique que le président Ahidjo laisse derrière lui est
éminemment positif. D’où le peu d’inquiétude des milieux
d’affaires étrangers. En outre, l’équipe, que laisse le président
Ahidjo sous la conduite du président Paul Biya, est composée
pour l’essentiel d’hommes de dossiers qui savent de quoi ils
parlent. Le président Paul Biya dans un discours, reconnait
d’ailleurs qu’il « (…) hérite d’un pays qui se porte
économiquement très bien »
A l’analyse, le président Paul Biya est beaucoup plus porté dans
son choix, pour la continuité que pour le changement au
regard de « la politique économique de prudence jusque-là
menée par le président Ahidjo » Dans leur majorité, ils sont
très nombreux, experts économiques nationaux et
internationaux à reconnaitre que le Cameroun est un Pays à
revenu intermédiaire (PRI), par conséquent émergent, qui fut
dès les années 1970 sur la voie du décollage vers son
industrialisation. Malheureusement, dès 1988, soit 6 ans après
le départ du président Ahmadou Ahidjo, la mauvaise gestion
des entreprises et les grandes trahisons dont sera victime le
président Paul Biya, vont engendrer la faillite de celles-ci . Par
conséquent, plus d’une trentaine d’entreprises publique et
para publique va mettre la clé sous le paillasson .
L’axe principal de la politique économique camerounaise
reposait essentiellement sur l’agriculture alors que le pétrole
qui fut dans un compte hors budget venait en second appui.
Le soubassement de la politique agricole du Cameroun
reposait sur deux piliers. Le premier fut la révolution verte,
alors que le second reposait sur les comices agro-pastoraux.
Cette stratégie de dynamisation économique visait avant tout à
augmenter la production en améliorant les rendements dans
les régions sélectionnées. A l’instar de Hollywood ou du
festival de Cannes qui sont des comices du cinéma aux Etats￾Unis et en France. Au Cameroun, les comices agropastoraux
sont nos festivals agricoles. C’est-à-dire des hauts lieux
d’encouragement et de promotion des meilleurs agriculteurs. Il
s’agissait aussi d’ouvrir des débouchés à l’agro-business
international.
Témoin, l’autosuffisance alimentaire réelle à laquelle le
Cameroun est parvenu dans les années 1970 en dépit d’une
croissance démographique rapide.
En termes de références à l’échelle mondiale, le Cameroun
occupe le 4e rang des producteurs de cacao et le 2e rang parmi
les fournisseurs africains de café. L’année 1981 a vu s’achever
le plan quinquennal de développement économique et social.
Le tissu industriel du Cameroun repose sur près de 700
entreprises qui fournissent le 1/5 de la production nationale
camerounaise. En guise d’exemple, le bois est transformé au
Cameroun à 50%. Aujourd’hui, 90% de ce bois est exporté. La
structure de veille stratégique mise en place par l’Etat qui est
seul à intervenir à son compte est la Société Nationale des
Investissements (SNI). Cette structure de veille stratégique de
l’Etat participait au capital de près de 80 sociétés. Comme en
Chine, en Malaisie ou en Corée, la SNI est l’œil du cyclone de
l’industrialisation du Made in Cameroon. Quarante ans après,
la production nationale des mines, des minerais et de
nombreuses ressources est exploitée au prix des agreement
octroyés à la tête du client, anarchiquement et de manière
artisanale par de nouveaux propriétaires de forêts, des espaces
minéralogiques et des ressources rares. Ces nouveaux
mercenaires agents de l’exploitation artisanale des ressources
camerounaises ont tout simplement relayé l’Etat au second
plan. Imposant ainsi un hold-up aux prérogatives régaliennes
de l’Etat, jadis reconnues à la SNI.
En faisant le bilan de 40 ans du renouveau sur le plan
économique, la double responsabilité de la crise est partagée :
elle est endogène et exogène. Endogène du fait de la mauvaise
gestion inhérente à l’indiscipline des personnalités bénéficiant
de la confiance du chef de l’Etat pour certains au sein de son
entourage le plus proche. Exogènes car à ce jour, aucune
société privatisée au Cameroun sous la contrainte du FMI et
de la Banque Mondiale n’a été performante. Les exemples de
la SONEL, de la SNEC etc. le démontrent.
4.2. La contestation sociale et les villes mortes
Entre 1990 et 1991, le Cameroun a vécu de sérieux remous qui
n’ont pourtant pas ébranlé l’édifice Paul Biya et le Renouveau
national. Pour ce fait, les adversaires du régime ne furent pas
avares de slogans de haine Biya Must go, Suffer don finish,
power for the people ou encore CPDM na thiefman. Ces
propos hostiles s’adressent au chef de l’Etat. Alors qu’il est
pourtant légalement arrivé au pouvoir. Contrairement à ce qui
s’est produit ailleurs dans certains Etats en Afrique.
La conférence nationale souveraine chez nos voisins africains
était nécessaire. Dans la mesure où la plupart des régimes en
question étaient issus des coups d’Etat. Pour cette raison, les
conférences nationales souveraines sous forme d’Etats
généraux s’imposaient ailleurs. Leur opportunité permettait
que les régimes issus des coups d’Etat (les gouvernants), se
réconcilient avec les populations (les gouvernés).
Le front groupé des opposants au régime nait véritablement au
Cameroun dans les années 1990. A cette période Paul Biya est
un chef d’Etat de 57 ans jeune et, qui ne capitalise que 8 ans
de pouvoir. Après la création du RDPC en 1985, le pouvoir du
renouveau tenu par les conservateurs comme nous l’avons
indiqué plus haut ne dispose pas d’un réflexe d’anticipation.
Car, en 1985, lors de la création du RDPC, de nombreux
rénovateurs souhaitaient pourtant que l’on laisse s’exprimer
tous les courants politiques naissants. Afin de permettre à
ceux-ci de se transformer librement en partis politiques sans
toutefois remettre en cause le projet politique du président
Paul Biya.
Ainsi, toutes les tendances pourraient alors dans le cadre d’une
libre concurrence se rendre aux élections. Malheureusement,
40 ans après, nous nous rendons compte que lesgrands
anciens de l’UNC n’avaient pas compris que gouverner c’est
prévoir. Cet immobilisme des gouvernants sera à l’origine
d’une organisation débordante regroupant à la fois les
membres de la société civile camerounaise et les opposants
politiques au régime. Ceux-ci vont paralyser les villes de
douala, Yaoundé, Bafoussam, Bamenda, Buea, Nkongsamba en
s’appuyant sur une organisation socialement structurée de
villes mortes intenables. L’aggravation de la situation va
s’opérer à travers les arrestations du bâtonnier Me Yondo
Black, des journalistes Pius Njawe et Célestin Monga et de
nombreux leaders estudiantins qui n’ont raté la moindre
occasion pour se faire entendre.
Les villes mortes ont aussi été à l’origine des arrestations
marquantes de certaines figures de la scène sociopolitique
camerounaise. Notamment, l’ancien SGPR Samuel Eboua, le
bâtonnierMe Charles Tchoungang et bien d’autres. Aussi,
l’arrestation à Bamenda d’Albert Mukong et de nombreux
founding fathers pour avoir « illégalement » été à l’origine de la
création du SDF, n’apaisera pas le climat social à Bamenda.
Tous réclamaient une conférence nationale souveraine que le
président Paul Biya a qualifié à juste titre de sans objet. le 30
octobre 1991, le président Paul Biya trouvera un compromis
sous l’auspice du premier ministre Sadou Hayatou qualifié de
Tripartite. Celle-ci regroupera l’Etat, l’opposition et la société
civile.. La Tripartite aura également été à l’origine d’un
consensus qui a abouti à la mise en place des dispositifs
contenus dans la constitution du 18 janvier 1996 et à
l’organisation des premières élections législatives pluralistes du
1er mars 1992 et présidentielles du 11 octobre 1992.
Ce front groupé transformé en Union pour le Changement
soutiendra aux élections présidentielles du 11 octobre 1992, le
candidat du SDF Ni John Fru Ndi qui mettra le président Paul
Biya en ballotage avec un score de 39 % pour Paul Biya et 36%
en faveur de Ni John Fru Ndi.
4.3. Les élections législatives pluralistes du 1er mars
1992
Le 1er mars 1992, le Cameroun s’est à peine relevé des villes
mortes, que les camerounais évoquaient déjà de la tenue des
premières élections pluralistes, celles des législatives fixées au
1er mars 1992.
Personne ne pouvait imaginer qu’en ce moment de bataille
âpre, sur le terrain que, le Secrétaire général du secrétariat
général du Comité central, le professeur Ebénézer Njoh
Mouelle irait se présenter à la base dans le Nkam, pour
affronter l’opposition. Cette initiative n’a pas été appréciée par
les conservateurs du régime, qui voyait en cette candidature,
une défiance qui remettrait en cause leur légitimité dans
l’administration. Voyant ce danger, les caciques du parti vont
instrumentaliser les opposants à l’intérieur du RDPC,
affectivement proches des caciques anti Biya de l’UNC
reconvertis au RDPC aux fins de mobiliser les militants contre le
candidat du RDPC, Ebénézer Njoh Mouelle. Ceux-ci vont
œuvrer et se rallier dans l’ombre pour faire battre le
professeur Njoh Mouelle, secrétaire général en fonction du
RDPC et faire émerger Joseph Charles Doumba
Le très respectable Charles Doumba n’ayant pas digéré
qu’Ebénézer Njoh Mouelle ai remplacé son camarade du
bureau politique de l’UNC François Sengat-Kouoh. Suite à un
bilan bien établi, sur 180 députés, le RDPC disposera d’une
majorité relative de 88 députés, l’UNDP de Bello Bouba Maïgari
de 68 député, l’UPC d’augustin Frédéric Kodock 18 députés
parmi lesquels Bernard Massoua II le tombeur du SG CC RDPC
dans le Nkam et 6 députés pour le MDR de Dakolé Daissala.
Pour la première fois depuis les indépendances en Afrique
subsaharienne, le parti d’un chef d’Etat au pouvoir perd
numériquement une élection législative. Les manœuvres du
président Paul Biya et le réel souci de paix qui animait les trois
partis de l’opposition, qui à eux tous seuls disposaient d’une
majorité absolue de 92 députés, vont aboutir à un consensus
gouvernemental qui fera de ces trois leaders de l’opposition,
des ministres d’Etat. Notamment Bello Bouba Maïgari qui sera
promu Ministre d’Etat chargé du développement industriel et
commercial, Austin Frédéric Kodock, Ministre d’Etat chargé du
plan et de l’aménagement du territoire et enfin Dakolé Daïssala
Ministre d’Etat chargé des Postes et télécommunications. Le
tour était ainsi joué.
4.4. Les élections présidentielles pluralistes du 11
octobre 1992
Après l’alerte des élections législatives du 1er mars 1992, le
président Paul Biya est en réalité un homme politiquement
seul. François Sengat-Kuoh, l’ancien membre du bureau
politique de l’UNC au Congrès de Bamenda l’a lâché. Sur le
terrain de la mobilisation, Sengat est l’un des chefs de file sinon
le principal chef de file de l’organisation de l’opposition. Il est
l’une des têtes pensantes de l’union pour le changement. Il fait
arme de tout et se fait accompagner sur le terrain par des
anciennes notabilités de l’Etat en l’occurrence de Samuel
Eboua, Adamou Ndam Njoya, Maurice Kamto, Garga Haman
Adji, Sindjoun Pokam, et bien d’autres personnalités
respectables qui n’avaient pour seul objectif que le départ du
président Biya du Pouvoir. L’autre grand malheur est l’arrivée
de Joseph Charles Doumba, l’ancien membre du bureau
politique de l’UNC, au poste de secrétaire général du comité
central du RDPC Au motif que le Pr Ebénezer Njoh Mouelle
venait de se faire battre aux élections législatives dans le
Nkam.
Or, Joseph Charles Doumba ne disposait d’aucun instrument
politique susceptible de mobiliser les opposants hostiles à la
candidature du président Paul Biya. A l’étranger comme à
l’intérieur du pays, leurs relais sont actifs et connus. En guise
de recours valable, le président n’a pas autour de lui la
quantité, mais la qualité.
Malgré les violences et les humiliations que connaitront les
partisans du président Paul Biya, l’engagement politique, la
détermination et leur implantation nationale seront leur passe
d’arme. La crainte qui s’est emparée à un moment donné des
Biyaïstes à moins de trois mois de l’élection présidentielle fut le
choc de l’annonce du décès le 24 juillet 1992 de la première
dame Jeanne Irène Biya. Car, nous croyions que le président
allait renoncer à se présenter d’autant plus qu’à ce moment
précis, aucun supposé candidat au sein du RDPC n’était
préparé. Nous nous sommes massivement rendus à Endom du
côté d’Akonolinga puis à Mvomeka’a pour l’inhumation de la
première dame. L’adversité fut tellement forte que l’on
s’appelait fortement camarades Biyaïstes sans avoir les lèvres
tremblotantes. C’est dans la solidarité et la détermination que
nous sommes allés affronter le candidat de l’Union pour le
Changement. Une combinaison des membres de la société
civile et de l’opposition politique camerounaise sortie des
urnes, le candidat Paul Biya capitalisera un score de 39 %, John
Fru Ndi 36%, Bello Bouba Maigari 18%. Quarante ans après,
nous pouvons regretter trois choses. Premièrement, la
contestation des élections par l’opposition, Deuxièmement, la
tribalisation des coalitions contre le président Paul Biya.
Troisièmement, la marginalisation des Biyaïstes qui ont
pourtant été déterminant dans la mobilisation.
En guise de conclusion, la première décennie du renouveau n’a
pas été de tout repos pour le président Paul Biya comme nous
l’avons titré plus haut. 1982-1992, furent des véritables années
d’épreuve du pouvoir.

Docteur en science politique de Science Po et de l’INALCO de
Paris,

Docteur en droit public de l’université de Paris 1 Panthéon
Sorbonne

Professeur titulaire en science politique et en droit public

Coordonnateur du Mouvement National des Biyaïstes