La vie n’est pas si rose que cela en a l’air à la présidence de la République camerounaise. Les employés sont payés mensuellement, en fonction de leurs tâches et de leurs diplômes, cela va de soi. Une jeune citoyenne qui a eu le plaisir de passer par ce lieu très convoité raconte comment les travailleurs sont payés.

« L'histoire commence en 2012 ou j'apprends par une connaissance qu'il y a un vaste recrutement à la présidence. N'ayant que le BEPC je me dis que je vais passer par où pour être recrutée là-bas même si c'est comme femme de ménage.

Ayant un oncle qui y bosse je prends mon courage à deux mains et je décide d'en parler à ma mère et à mes frères (qui eux sont intellectuels). Mes frères se moquent de moi en disant je cite "tu as refusé de fréquenter parce que tu comptais faire le ménage à la présidence de la République camerounaise (PRC) hein ? D'ailleurs qui va t'y recruter ?".

Je ne me suis pas découragée et j'ai tellement mis la pression à ma mère pour qu'elle en parle à son frère qui y bossait. Pour se débarrasser de moi elle a fini par le faire en début 2013. Contre toute attente en début mai il m'appelle et me demande de photocopier ma CNI et mon diplôme le plus élevé, ce que je fis.

En octobre 2013 pendant que je suis dans mes marches un soir mon téléphone sonne, sur l'écran je vois un numéro de fixe. Je décroche et on me demande si je suis madame X. Je réponds par l'affirmative la dame me dit OK je vous appelle de l'intendance principale de la PRC vous êtes attendue demain à l'esplanade de la PRC à 07h30 pour un entretien d'embauche.

Wow, imaginez ma surprise. Je rentre à la maison en courant et j'en parle directement à ma mère qui appelle son frère et lui rend compte. Le lendemain l'oncle en question vient me chercher à la maison très tôt et m'y conduit mon frère une fois sur place j'ai failli tomber des nues, il y avait près de 1 500 jeunes.

Je me suis dit avec tout le monde si je serai retenue que je suis l'enfant de qui ? Lorsque les navettes de la PRC ont commencé à effectuer les tours entre l'esplanade de la PRC et la salle dans laquelle l'entretien aurait lieu j'ai récité tous les chapelets que je connaissais jusqu'à ce que l'intendant nous apprenne que sans entretien particulier nous étions tous recrutés.

Et pourquoi ? Étant vaste et après intégration des temporaires qui s'y trouvaient avant les 25 000 jeunes diplômés la PRC avait besoin de personnel allant de jardinier jusqu'aux cadres dans les bureaux.

Parmi nous on trouvait des licenciés, des gars avec doctorat... Et j'en passe. Tu sais pour combien ? 36 000 francs CFA qui n'étaient d'ailleurs pas réguliers. J'ai lavé le sol là-bas comme jamais et je le faisais à cœur joie parce que je me disais qu'un jour je deviendrais quelqu'un dans ce pays.

Comme Dieu sait faire ses choses en 2018 on lance l'intégration, je n'avais même pas 05 francs, la veille de la clôture c'est mon ex (le père de ma fille) qui me donne l'argent pour la constitution du dossier. Je l'ai fait et j'ai déposé le dossier. En avril 2019 les premières listes sortent et devinez quoi, mon nom y figure.

C'est comme ça qu'on m'affecte au ministère du Tourisme et des Loisirs que ce dernier m’affecte dans l'Adamaoua sans salaire. J'y suis allée sans rechigner, sans salaire mais là ma mère m'a épaulée. J'y ai bossé de 2020 jusqu'en avril 2021 sans salaire.

Ma prise en charge prend effet et n'ayant que le BEPC je ne touchais que 51 000 mais je ne me plaignais pas. Ne pouvant pas vivre avec cette somme je décide de rentrer à l'école là-bas en cours du soir. Après on m'affecte à Douala en juillet 2022.

Cette année je ferai le probatoire parce que je me suis juré de devenir une femme influente dans ce dehors et ainsi de faire de mes enfants des hommes avec des valeurs. Je sais que ce n'est pas gagné mais je sais aussi une chose mon matricule ne me donne pas grand-chose (financièrement) pour le moment.

Mais au moins avec lui et avec le niveau intellectuel que je me suis fixé d'avoir je pourrais payer l'école à mes enfants durant toute la période où ils voudront bien fréquenter. Alors je pense que si quelqu'un crache sur un boulot de 90 000 francs c'est qu'il ne souffre pas et que la vie ne l'a pas encore enseigné ».