Un détournement massif de fonds destinés aux populations locales a été mis au jour dans le cadre du projet de construction de la route reliant Bonepoupa à Yabassi, révèle une enquête exclusive. L'affaire met en lumière des pratiques de corruption qui privent les communautés rurales de leurs droits légitimes.
L'entreprise BUN'S, propriété de l'ancien premier ministre Peter Mafany Mussongue, a obtenu le contrat de construction de ce tronçon routier démarré en 2017. Depuis le début des travaux, de nombreuses familles ont été directement impactées par ce chantier, perdant des terres, des cultures, et dans certains cas, leurs habitations.
Dès 2018, une commission préfectorale a été mandatée pour évaluer précisément les préjudices subis par les populations locales du département du Nkam. Un travail méticuleux a été réalisé, documentant avec précision les destructions : cultures arrachées, tombes déplacées, maisons démolies. Des fiches détaillées ont été établies, accompagnées de calculs précis des indemnisations dues à chaque famille.
Pourtant, six ans après ces évaluations, rien ne semble avoir bougé. Les sommes promises n'ont jamais été versées aux villageois, laissant des communautés entières dans une situation de précarité et d'injustice criante. Tout indique un détournement systématique et délibéré des fonds destinés à l'indemnisation.
Ce scandale met en lumière les pratiques opaques qui continuent de gangrener les grands projets d'infrastructure dans la région. Les populations, déjà fragilisées par la perte de leurs terres et de leurs moyens de subsistance, sont une nouvelle fois victimes de l'appât du gain de quelques-uns.
Les autorités compétentes sont désormais interpellées. Une enquête approfondie semble plus que nécessaire pour faire la lumière sur ce détournement qui bafoue les droits des communautés locales et illustre les dérives d'un système où l'intérêt particulier prime sur l'intérêt général.
La question qui se pose aujourd'hui est simple : quand et comment ces familles seront-elles justement indemnisées ? Le silence assourdissant des autorités ne fait que renforcer le sentiment d'impunité qui règne autour de ce dossier.