• Mfomkpa Abada Nforen est juge au tribunal de Première Instance de Douala-Bonanjo
• C'est lui qui suivait l'affaire qui opposait la société libanaise Cana Bois à Cyrus Ngo'o
• Ce magistrat a été instrumentalisé et sacrifié dans cette affaire
Mfomkpa Abada Nforen est un magistrat au tribunal de Première Instance de Douala-Bonanjo qui était peu connu du public. Mais l'affaire de recouvrement de redevance domaniale qui oppose la société libanaise Cana Bois au Directeur Général du port autonome de Douala, Cyrus Ngo'o l'a mis sous le feu des projecteurs. C'est ce juge qui a délibéré cette affaire en août dernier à la faveur du libanais. Quelques mois après, les secrets de ce procès se révèlent. La rédaction de Camerounweb.com a pu avoir des informations qui démontrent comment ce juge a été instrumentalisé, utilisé et sacrifié.
Pour mieux comprendre comment ce juge a été instrumentalisé, utilisé et sacrifié, il convient de revenir sur la genèse de l'affaire Cana Bois contre Cyrus Ngo'o. En effet, la société Cana Bois est une société libanaise propriétaire d’un espace construit en entrepôt dans la zone portuaire de Douala. En 2018, Cyrus Ngo'o, Dg du Port Autonome de Douala (Pad) exige à une cinquantaine de ses amodiataires, une nouvelle tarification des redevances locatives en leur demandant de reverser 300 à 500 % en termes de locations. Une décision que Nassar Bouhadir, le patron de Cana Bois assimile à une chasse aux sorcières. C'est ainsi qu'en 2020, Nassar Bouhadir introduit une citation directe contre le Dg du Pad pour les motifs "d'abus de fonction et de concussion". Cana Bois dit avoir été surpris d’avoir reçu certains individus agissant au nom et pour le compte du Pad, lesquels ont apposé des scellés sur son grand portail. L'affaire est enrôlée et le procès se déroule au Tribunal de Première Instance de Douala-Bonanjo jusqu'au 5 août 2021 où le magistrat Mfomkpa Abada Nforen donne le verdict et condamne Cyrus Ngo'o à 06 mois
de prison avec sursis pendant 05 ans et à payer une amende de 1,7 million de Fcfa. Aussi de s'acquitter de la somme de 3,2 milliards de Fcfa à titre de réparation. Soit 2,7 milliards de Fcfa de préjudice économique et 500 millions de Fcfa de dommages et intérêts. En outre, il avait été également condamné à verser près de 161,8 millions de Fcfa représentant les dépens. La contrainte par corps était fixée pour une durée de 05 ans en cas de non paiement des dépens. Un mandat d'arrêt avait été décerné à son encontre. Lequel mandat sera exécuté si Cyrus Ngo'o ne s'exécute pas pendant cette période.
Comment le juge Mfomkpa Abada Nforen a été utilisé et sacrifié
Des informations glanées auprès des sources dignes de foi par Camerounweb.com, nous rapportent que tout au long des différentes audiences, le juge Mfomkpa Abada Nforen aurait subi d'énormes pressions de sa hiérarchie pour à tout prix condamner Cyrus Ngo'o dans l'affaire Cana Bois contre Pad.
En effet, à en croire notre informateur, face à la réticence doublée d'un refus résolu du juge de condamner le Dg du Pad, ses supérieurs au palais de justice de Douala, vont exercer des pressions sur lui pour qu'il donne une sentence défavorable à Cyrus Ngo'o. Seulement, après le verdict, Mfomkpa Abada Nforen va décider d'écrire au président de la République pour lui expliquer les non-dits de ce verdict qui condamnait le Dg du Pad. Informés, des personnes au palais de justice de Douala vont manipuler les avocats du Pad parmi lesquels un certain Me Elame Bonny qui est un ami de longue date de du juge Mfomkpa Abada Nforen. Ces personnes feront savoir à ces avocats que le magistrat a condamné le patron du Pad parce qu’il ne lui a pas donné de l'argent pour achever la maison de sa maman au village. D'où leur courroux qui révèle les échanges entre le juge et Elame Bonny.
Ces conversations WhatsApp entre le juge et l'avocat dont Camerounweb.com a eu des copies, datent de juin 2021 et portent sur des échanges liés aux charpentes d'une maison.
Pour certains analystes et observateurs avertis, l’affaire Cana Bois pour laquelle le Directeur général du Port autonome de Douala a été condamnée, cache en fait une véritable guerre des lobbies du sérail, dans laquelle, «tel baron veut neutraliser tel gestionnaire de société, tel autre thuriféraire veut esquinter tel opérateur économique».