Dans un dossier exclusif, Jeune Afrique braque les projecteurs sur les conflits enracinés qui minent l'Université de Yaoundé 1. Au cœur de cette lutte acharnée, se profile-t-il une dimension politique ? Maurice Aurélien Sosso, personnage redoutable au sein du paysage politique camerounais et cadre influent du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), est en effet au centre de cette tourmente. Une position qui lui a valu à la fois de fervents alliés et des détracteurs farouches. Au fil des années, il s'est trouvé en opposition avec Jacques Fame Ndongo, ministre de l'Enseignement supérieur, et son nom a même été évoqué comme potentiel successeur de ce dernier, homme-clé du parti présidentiel et l'une des figures de proue de la région d'origine du président Paul Biya.
Au-delà de l'université, ce conflit pourrait-il être le prolongement d'une bataille de clans à l'échelon politique national, où chaque acteur puissant tisse sa toile en prévision d'une éventuelle succession à la tête de l'État ? Les sources internes à l'université en sont persuadées et pointent du doigt l'influence de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, dans les rouages de cette crise. Les contestataires, eux aussi appuyés par des soutiens influents au sein de l'appareil d'État, seraient-ils donc des pions manipulés dans un jeu politique plus vaste ? Une source confie à Jeune Afrique que cette hypothèse ne fait aucun doute.
De son côté, le recteur, Maurice Aurélien Sosso, adopte une position plus prudente. Il réfute toute implication politique au sein de l'Université de Yaoundé 1 : "L'université n'est pas l'antichambre d'aucun parti. Elle est apolitique", tranche-t-il. Bien que des étudiants aient parfois participé à des événements politiques ou aux déplacements du président, ces actes ont été volontaires et patriotiques, affirme-t-il. Fier de son bilan et de ses efforts pour propulser l'établissement vers de nouvelles réussites, le recteur souligne que son université figure parmi les 100 meilleures en Afrique.
Cependant, malgré ses déclarations, le conflit persiste. Damaris Mandob, Gaston Ndock Ndock et Fridolin Nke, les trois enseignants radiés, estiment que leur radiation n'a aucune validité juridique, notamment en raison d'un vice de procédure. Ils ont l'intention de reprendre leurs fonctions à l'université dès la rentrée de septembre. Les premiers jours de cours s'annoncent donc tendus, et Maurice Aurélien Sosso a prévenu : "J'ai le droit d'empêcher même un général de l'armée de pénétrer dans l'université."