Le constat des déflagrations issues des feux d'artifices habituellement utilisés au Liv's night club ayant consumé le plafond de l'édifice, entraîné, par la suite, deux explosions et provoquant la panique et les bousculades permet de se questionner, de fond en comble, sur la sécurité des boîtes de nuit. En effet, lorsque l'ancien Yaoba s'est transformé, le 19 décembre 2021, en "Liv's night club", une cliente régulière a fait un tweet dans lequel elle espérait que le promoteur a installé les sorties de secours. "Ils ont mis les sorties de secours j'espère, car l'ancien Yaoba me faisait peur en cas d'incendie", se préoccupait alors cette dame. Autant quiconque s'inquiète de l'absence des issues de secours dans une boîte de nuit d'une telle envergure, autant il faut chercher à savoir, durant l'enquête approfondie menée par les autorités gouvernementales, si cet espace a un déclencheur automatique, un extincteur ou un signal d'alarme. Toute chose susceptible de détecter, au préalable, une faille ou un danger en matière de prévention des risques et de sécurité. Les Ingénieurs de génie électrique sont, en pareille circonstance, interpellés pour accomplir cette besogne.
Au-delà de la vérification des déterminants de la sécurité interne d'une boîte de nuit, d'un cabaret, d'un snack-bar ou d'un bar-dancing, il est loisible de s'assurer, dans la même veine, de la sécurité de ces espaces et, par extension, de celle des bâtiments publics. En réalité, en suivant les explications des Ingénieurs de génie civil, il apparaît, manifestement, l'irrespect des normes en matière de construction des édifices. De plus, il y a un déficit de suivi et d'entretien desdits bâtiments. Dans le cadre de la boîte de nuit "Liv's night club", il est urgent, dans l'enquête diligentée par le gouvernement, de savoir si les règles en matière de construction sont strictement respectées. Les Ingénieurs de génie civil sont, à ce sujet, interpellés pour analyser la qualité et la fiabilité des matériaux de construction si tant est que le doigt accusateur est, très souvent, pointé sur les composantes de ces matériaux.
Par ailleurs, il y a la question de la sécurité des installations électriques de cette boîte de nuit qu'il est impératif de scruter surtout dans un contexte contemporain où il y a, dans les grandes villes camerounaises, le problème récurrent des branchements électriques frauduleux, voire anarchiques. Bien d'incendies dans les grands marchés de Yaoundé et de Douala sont, entre autres, causés par la piètre qualité des installations électriques. Tout mauvais branchement électrique, dans un espace environnemental donné, est à même de créer un incendie, source de dégâts matériel et financier préjudiciables pour les propriétaires et de nombreuses familles, dont les membres sont employés de ces derniers. A ce giron, les Ingénieurs de génie électrique sont aussi interpellés pour disséquer le circuit des installations électriques de cette boîte de nuit. Puisque tout dysfonctionnement peut causer, à court, à moyen et à long terme, un drame.
En dehors de ces expertises qui se recrutent dans les ministères des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), des Travaux publics(Mintp), il y a aussi le ministère du Tourisme et des Loisirs(Mintoul), qui doit, en principe, contrôler, de manière régulière, les établissements de loisirs pour s'assurer de leur conformité aux normes et règles en vigueur. Les circuits de plaisir et de loisir, tels que les bars-dancings, les cabarets et les boîtes de nuit relèvent de son ressort. Un contrôle systématique est-il fait pour débusquer les établissements non-conformes et leur infliger des sanctions pénales ? Qu'est-ce qui est fait pour expier l'ivraie dans ce secteur d'activité ? En feuilletant le registre des décrets, il s'avère que le 15 mars 2018, avait été créée la brigade mixte de contrôle des établissements publics. Comment cet organe travaille-t-il, de manière conjointe, avec le ministère du Tourisme et des Loisirs (Mintoul) pour s'assurer de la conformité de ces structures, dont certaines défaillances sont, très souvent, relevées ? Le palier de la tolérance administrative n'a-t-il pas, au demeurant, participé à tuer les principes normatifs dans chaque microcosme social ? Devisons tous sur ce questionnement pour analyser les responsabilités des uns et des autres dans le drame qui s'est produit au moment où des entrepreneurs économiques, promoteurs de boîtes de nuit, cabarets et snack-bars, sont englués dans une course effrénée pour le profit exubérant et l'enrichissement colossal.
Serge Aimé Bikoi