Actualités of Wednesday, 11 December 2024

Source: www.camerounweb.com

Fécafoot : la tyrannie des bouffons, Jean-Bruno Tagne sort la sulfateuse et détruit l'anniversaire d'Eto'o

Samuel Eto'o Samuel Eto'o

Trois ans après son élection triomphale à la tête de la Fédération Camerounaise de Football (Fécafoot), Samuel Eto'o, légende du football africain, se retrouve au cœur d'une critique acerbe. L'ancien capitaine des Lions Indomptables, qui promettait de redonner « toute sa grandeur » au football camerounais, fait aujourd'hui face à un bilan largement contesté, entre promesses non tenues, gouvernance controversée et tensions croissantes au sein de l'institution.




Fécafoot : la tyrannie des bouffons
Ce 11 décembre 2024 marque les trois ans de l’accession de Samuel Eto’o Fils à la tête de la Fédération camerounaise de football. Le 11 décembre 2021 en effet, la légende incontestée du football africain remportait haut la main une élection très disputée à l’issue de laquelle il prenait les rênes du football camerounais qu’il avait admirablement servi pendant une vingtaine d’années et contribué significativement à lui donner ses lettres de noblesse.

« Redonner au football camerounais toute sa grandeur ». Tel fut son slogan de campagne qui fit mouche. Il suscita une vague d’espoir jamais portée par aucun autre candidat à la présidence de la Fécafoot. Fort de son passé glorieux sur les terrains de football à travers le monde où il a collectionné des trophées et les distinctions les plus prestigieuses, l’ancien capitaine des Lions Indomptables semblait mieux que personne avoir le profil de l’emploi et toute la légitimité. Un juste retour des choses, s’enthousiasmait-on.
L’Arnaque !

Trois ans après l’arrivée de Samuel Eto’o à la tête de la Fécafoot, l’espoir s’est mué en déception avant de devenir carrément un véritable cauchemar. Les Camerounais se rendent compte à leurs dépens, que jouer au foot c’est une chose et l’administrer en est une autre. Samuel Eto’o n’était manifestement pas préparé. Disons-le clairement pour le regretter : il n’a pas le niveau.
Ce 11 décembre 2024 marque en même temps le premier anniversaire de la sortie de mon livre, L’ARNAQUE. Il VOULAIT REDONNER AU FOOTBALL CAMEROUNAIS TOUTE SA GRANDEUR paru le 11 décembre 2023 aux éditions du Schabel.

« Écrire c’est résister », disait Alfred Dreyfus. Mon livre, publié un an seulement après l’arrivée triomphale de Samuel Eto’o à la tête de la Fécafoot fut en effet un acte de résistance, mieux une audace. Dans un contexte de corruption, d’hystérie collective, d’aveuglement généralisé, d’admiration et de soumission religieuse à cette icône du football, mon bouquin faisait désordre et raisonnait comme un crime de lèse-majesté.
Le contrat du (Vème) siècle

« Un livre sorti trop tôt », persiflaient mes contempteurs, estimant qu’il était hâtif de faire le bilan d’un manager qui n’en était qu’à sa première année et qui avait encore trois ans pour réaliser ses promesses électorales.
J’étais moi-même convaincu qu’un an plus tard, « les grandes réalisations » de Samuel Eto’o à la Fécafoot feraient mentir mon livre, le vouerait à la Géhenne et pousserait son indigne auteur à la honte et au silence éternel. Mais les faits ont ceci de particulier qu’ils sont têtus et aucune propagande, aussi violente soit-elle, ne peut travestir la crue et cruelle réalité de la Fécafoot de Samuel Eto’o. L’ARNAQUE, un an après, se lit comme si je l’avais écrit hier.
Passons en revue la litanie non exhaustive de ses promesses non tenues.
Il avait promis au Cameroun le contrat équipementier le plus lucratif de l’histoire du football africain assorti d’un bus VIP pour le transport des sélections nationales. Alors qu’on attendait l’illustre élu, il sortit du chapeau un truc (One All Sport), inconnu au bataillon. Le fameux « contrat du siècle » resté mystérieux jusqu’à ce jour n’a pas fait long feu. Les Lions Indomptables du Cameroun jouent désormais sans équipementier depuis plus de quatre mois. Ayant perdu toute crédibilité, la Fécafoot de Samuel Eto’o peine à trouver une firme assez folle qui accepterait de collaborer avec une Fédération qui a fait preuve d’un amateurisme proverbial à maints égards et où la gouvernance et la transparence relèvent du mysticisme. Même sous Maha Daher, les Lions Indomptables de Joseph Antoine Bell avaient un équipementier.
Même Maha Daher…
Il avait annoncé de sa propre bouche lors qu’un show télévisé, la livraison du siège de la Fécafoot pour janvier 2023. Promesse non tenue. Suprême imposture, on fait mine de temps en temps de reprendre les travaux, juste pour les caméras et les besoins de la propagande 2.0. Mais le chantier n’avance guère. La bâtisse abandonnée continue de hanter le carrefour Warda à Yaoundé. Et ce n’est pas demain la veille.

Il avait juré avec l’aplomb qui le caractérise, qu’il offrirait pas moins que sept stades de football un peu partout au Cameroun. Trois ans après, il n’en a pas inauguré un seul.
Les résultats sportifs sont alarmants, la gouvernance de la Fécafoot est catastrophique et le football, qui fut souvent vanté par les politiques (certes peu inspirés) comme un élément de cohésion nationale est devenu sous le magistère de l’icône nationale, un motif d’affrontement violent entre Camerounais. Je vous fais grâce du championnat qui a repris cahin-caha après sept mois de suspension non justifiée…

Samuel Eto’o encore 20 ans

On peut à l’envie multiplier les exemples concrets de la failure spectaculaire de Samuel Eto’o à la tête de la Fécafoot. Son bilan, indigent, parle plus fort que la horde de propagandistes hystériques qui sévit en son nom dans les réseaux sociaux.

A un an de la fin salutaire de son mandat, on pensait pouvoir souffler et espérer meilleur manager pour le football camerounais. Mais il manœuvre par ci, traficote les textes par-là, joue des coudes pour s’arroger un autre bail à la tête de la Fédération en 2025. Grand bien lui fasse.

Mais Samuel Eto’o devrait avoir présent à l’esprit que c’est le bilan et les réalisations concrètes qui marquent le passage des hommes à la tête des institutions et non le nombre d’années. Mieux, on juge un dirigeant sur ses résultats et non sur sa capacité à s’éterniser coûte que coûte au pouvoir.
Si le nombre d’années était un gage de réussite à la tête d’une institution, le Cameroun de (son papa) Paul Biya après presqu’un demi-siècle au pouvoir, serait une sorte de petite Suisse d’Afrique centrale. On n’en prend même pas le chemin. Plus on s’accroche au pouvoir malgré les résultats décevants, plus on montre l’étendue de ses lacunes et on court à toute vitesse vers la poubelle de l’histoire.
Jean-Bruno Tagne