Actualités of Friday, 15 September 2017

Source: https://www.info-cameroun.com/

Fédéralisme: un universitaire étale les limites de Joseph Wirba

Le député du SDF Joseph Wirba, élu du département du Bui dans le Nord-ouest. Le député du SDF Joseph Wirba, élu du département du Bui dans le Nord-ouest.

Dr. Séverin Ndéma-Moussa, Docteur d’état en Droit public et en Science politique, Professeur d’Université et Avocat au Canada, questionne les fondements idéologiques de la pensée de la partie militante de la communauté anglophone à l’exemple des récentes interventions politico-médiatiques de l’Honorable Joseph Wirba.

En regardant le Cameroun de l’intérieur comme de l’extérieur, on peut affirmer que le Cameroun fait face à une mutation socio-politique indéniable et la crise de la communauté anglophone n’en est qu’un révélateur certain qui cache peut-être une attente ou une invitation à des mutations plus grandes et plus profondes de son système socio-politique de la part de la société camerounaise et des différentes tribus et communautés qui la composent.

On peut aussi dire sans risque de se tromper que la richesse et le grand défi du Cameroun est la multiplicité et la diversité de ses ethnies. Cette multiplicité et cette diversité ne sont cependant pas sans soulever la question de sa gestion et surtout de sa gestion équitable et équilibrée par les pouvoirs publics au niveau central, au niveau infra étatique et au niveau social et politique.

La récente éruption de colère et les revendications dans et de la communauté anglophone portées par ses membres les plus illustres que sont les syndicalistes, les professeurs, les politiciens et la société civile en général imposent de faire une analyse froide et objective des fondements idéologiques de la pensée politique qui les sous-tendent pour en identifier son contenu, comprendre ses apports et ses limites et surtout pour identifier les solutions à prendre pour une gestion plus responsable des demandes de la communauté anglophone dans le respect de la digité de tous les camerounais.Les solutions à proposer et à adopter doivent cependant être en harmonie avec les dispositions constitutionnelles du Cameroun, le vivre ensemble de toutes les composantes de la communauté camerounaise.

Il s’agit ultimement de viser l’élaboration d’une réponse réaliste, satisfaisante et acceptable pour l’État camerounais, la communauté anglophone elle-même dans son ensemble et le restant de la nation camerounaise considérée à tort et avec beaucoup de légèreté comme francophone. Les réponses ainsi adoptées pour être acceptées tout au moins majoritairement doivent en définitive assurer et conforter l’affirmation de l’unité du Cameroun comme un seul pays dans ses frontières reconnues à ce jour.

Pour la compréhension des fondements idéologiques de la pensée de la partie militante de la communauté anglophone, les déclarations sur le perchoir de l’assemblée nationale et les interviews télévisées de l’Honorable Joseph Wirba dans l’émission «the inside -Host Honorable Joseph wirba»- à Equinox TV du Samedi 25 Juin 2017 avec le journaliste Hanson Nfor et dans l’émission «Entretien avec: L’Honorable Joseph Wirba», avec le journaliste DipitaTongo, STV du Jeudi 29 Juin 2017 serviront de cadre de référence. Pour ce faire, nous traiterons d’une part le recours à dessein à «l’absolutisme démocratique» et d’autre part les limites structurantes qui découlent de cette pensée politique et enfin la nécessité de la prise en compte de la réalité à travers les limites imposées par la constitution et le principe de son respect par tous – acteurs politiques, gouvernementaux et société.

I- Le recours à dessein à «l’absolutisme démocratique».

Le point de départ de l’analyse porte sur ce que l’on peut qualifier dans l’idéologie soutenue et défendue par l’Honorable Joseph Wirba et ses partisans le recours à l’absolutisme démocratique en soulignant ses apports et la confirmation des réalités et obligations dans et d’un État de droit.

A)– l’érection et le respect de tout temps de l’état de droit

Il s’agit ici d’affirmer, de revendiquer et de solliciter des pouvoirs publics en particulier le respect intégral de tout temps de l’état de droit notamment par l’identification dans l’État, de l’organe institué –le peuple ou le gouvernement-détenteur en droit et dans les faits de la souveraineté nationale.

La réponse à cette question est prévue clairement et sans aucune ambiguïté dans l’article2.alinéa (1) de la constitution qui stipule que «La souveraineté nationale appartient au peuple camerounais qui l’exerce soit par l’intermédiaire de du Président de la République et des membres du Parlement, soit par voie de referendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.

Sur la base de cet article précité, l’analyse des fondements idéologiques de la pensée des militants, promoteurs et défenseurs de la cause anglophone montre que ces derniers donnent une priorité absolue au peuple aussi bien dans la définition des politiques qu’à leur exécution et cela parce que selon l’article 2 alinéa 1 précité «la souveraineté appartient au peuple» et à personne d’autre et ce n’est que son exercice qui peut être déléguée.

Il en est ainsi par exemple de l’édiction des lois relatives aux libertés publiques à l’égard desquelles pour ces derniers leur libre exercice est la règle et leur encadrement l’exception en ce sens que ce n’est que de manière très marginale que le gouvernement peut en limiter l’exercice et cela uniquement pour les préserver.

Dès lors, selon la constitution et selon l’Honorable Joseph Wirba et ses partisans, le gouvernement n’exerce qu’une souveraineté déléguée comme le prévoit la constitution dans son article 2 alinéa 1 qui dispose que «La souveraineté nationale appartient au peuple camerounais qui l’exerce soit par l’intermédiaire de du Président de la République et des membres du Parlement, soit par voie de referendum». C’est pour cette raison que l’Honorable Joseph Wirbadéclare dans ses interviews précités que «le gouvernement est au service du peuple et non le peuple au service du gouvernement. Le peuple est au service du pays».Il ajoute que «on sait ce que les pouvoirs publics veulent mais on ne s’est jamais posé la question de savoir ce que veut la population(…)».

De cette prémisse, il découle des fondements théoriques de cette pensée comme le déclare l’Honorable Joseph Wirba que «Government exist because of people. People do not exist because of government. Quand tu renverses et fait comme si le peuple doit s’agenouiller devant le gouvernement et trouver que tout ce que dit le gouvernement est juste et bien, alors (…) tu as abandonné ta liberté aux gouvernants. Ce n’est pas qu’il faut lutter avec les gouvernants, seulement ils doivent savoir qu’ils sont là où ils sont à cause du peuple. (…)». «Dans les pays civilisés, il ne faut pas qu’il y ait une foule pour que le gouvernement agisse. Lorsqu’une personne se plaint, le gouvernement intervient par son administration. Le peuple ne compte pour rien devant le gouvernement au Cameroun». C’est l’affirmation et la revendication pratique du droit de la protestation caractérisé par la marche pour les revendications prévu par la loi et son corollaire l’obligation pour le gouvernement d’en protéger le libre l’exercice.

B)- La suprématie du peuple dans l’état : le problème du titulaire de la souveraineté

La suprématie du peuple invoquée et décrite plus haut par l’Honorable Joseph Wirba pose cependant le problème du type de souveraineté dont est titulaire le peuple et surtout à quel moment le peuple est dans la plénitude de l’exercice de la souveraineté que lui reconnait la constitution.

En fait la souveraineté à laquelle se réfère l’Honorable Joseph Wirba et ses partisans c’est l’exercice du pouvoir constituant originaire dont le peuple serait le détenteur contrairement au pouvoir constituant dérivé attribué par la constitution au gouvernement et au parlement.

Toujours dans le respect des fondements idéologiques de cette pensée et se basant sur le type de souveraineté et donc de pouvoir constituant dont le peuple est pourvu, il en découle une conception assez précise du but de la loi et du rôle et devoirs des représentants du peuple au parlement.

C)- La loi, son élaboration, le rôle et le but du législatif en rapport avec la population.

Il ressort de cette pensée que « la loi est faite pour préserver (Protéger) la vie et non pour en éliminer. La loi est là pour la protection des citoyens. Quand les lois deviennent un outil de déni de la vie, alors c’est la loi qui est mauvaise. C’est ainsi que pour l’Honorable Joseph Wirba, «le droit de faire des marches, de protester associé au terrorisme n’est pas acceptable (..). Dès lors la loi est anti peuple. Quand on tue à cause de la loi, c’est que la loi est mauvaise».

Dans des fondements idéologiques de la pensée des militants, promoteurs et défenseurs de la cause anglophone, cette évolution dans le contenu de la loi et surtout dans ses effets pose le problème du rôle et de la responsabilité politique et sociale des parlementaires normalement considérés comme les représentants du peuple selon l’article 2 alinéa1de la constitution précité.

Dans les fondements de cette théorie, un député représente au parlement d’abord ceux et celles qui l’ont élu ce qui veut dire dès lors, qu’il a la responsabilité et surtout l’obligation de rapporter avec fidélité au parlement les préoccupations petites ou grandes de ses électeurs, devant le gouvernement et ce même si cela doit se faire au mépris des règles parlementaires comme ce fut le cas lors des deux interventions marquées de l’Honorable Joseph Wirba au parlement en 2016 et en 2017. Dès lors, cette position est contraire à la déclaration d’un ministre à qui l’Honorable Joseph Wirba venait alerter avant la crise de la situation des anglophones et qui lui a répondu qu’il avait «le courage» de venir lui parler de la situation dans la partie anglophone». Cette position et conception du ministre est donc contraire à la conception de l’Honorable Joseph Wirba sur ce que c’est qu’un député, sur ce que c’est que son rôle et surtout sur ce que c’est que sa responsabilité vis-à-vis de ses électeurs.

D)_ Le principe du respect absolu par tous et tous les pouvoirs publics y compris le gouvernement de la constitution et de la loi : un gouvernement responsable

Pour ce qui est du gouvernement, sur la base des fondements idéologiques de cette pensée politique, son rôle est le strict respect de la loi et rien d’autre. Comme le déclare l’Honorable Joseph Wirba, le gouvernement ne peut pas considérer comme il le fait que «les membres du gouvernement sont au – dessus de la loi»

C’est l’affirmation du principe du gouvernement responsable sur les plans administratif et politique. Ceci veut dire que le gouvernement engage sa responsabilité pour les actions posées par l’un quelconque de ses membres ou par le gouvernement collectivement. Il en découle dès lors que le membre du gouvernement auteur directement ou indirectement par l’intermédiaire de l’un de ses agents doit démissionner au cas où l’action en question se révèle être désastreuse sur le plan individuel, collectif ou pour ce qui est des finances publiques ou de la diplomatie. Dès lors, il n’est pas acceptable pour cette pensée politique et donc pour ses adeptes et partisans que par exemple pour les personnes décédées lors des évènements liés à la protestation au nord –Ouest et au Sud Ouest qu’aucun ministre ou aucun fonctionnaire haut, moyen ou petit n’est fait l’objet d’une révocation. En fait c’est la revendication et l‘application du gouvernement responsable qui impose une responsabilisation politique, administrative et personnelle du membre du gouvernement et du gouvernement dans son ensemble et qui conduit au respect de tout temps de la loi et des administrés ou peuple par les membres du gouvernement et par le gouvernement.

De cette théorie il en découle aussi l’exigence de l’établissement et le renforcement de la responsabilité politique des agents de l’administration et l’obligation de rendre des comptes de tous les intervenants publics à tous les niveaux, bref de tous ceux qui gèrent les deniers publics ou qui se sont vus octroyer le pouvoir de contrainte de l’État.

Il en est ainsi de l’exigence du strict respect des lois et des règlements par tous les gouvernements et administrateurs donc en favorisant l’expression dans le calme du mécontentement et des préoccupations du peuple à l’endroit des politiques gouvernementales et des mesures prises soit par le gouvernement soit par les administrateurs pris individuellement.

Il découle des fondements politiques de cette idéologie que les libertés ne peuvent être que des droits garantis par la constitution et non des privilèges et cela parce que la vraie protection ne peut être que constitutionnelle du fait des conditions attachées à la révision constitutionnelle et non des privilèges qui eux sont prévus par la loi ou par des actes juridiques de niveau inférieur comme les règlements, les décrets ou les circulaires lesquels peuvent être annulés, retirés ou réduits dans leur force ou leur exercice par acte unilatéral du gouvernement, du ministre ou de l’un de ses agents de niveau inférieur.

Sur les plans administratif et de l’administration du territoire, les fondements idéologique de cette pensée politique revendiquent un respect strict du principe de territorialité de l’administration et de la justice qui veut en effet, que les problèmes liés à l’administration du territoire doivent être gérés par des décideurs locaux –fussent-ils locaux ou agents déconcentrés de l’État et non le recours à des éléments extérieurs à la région et par conséquent non connaisseurs des dynamiques locales, des sensibilités locales et des réalités locales et cela tout simplement parce que «le Cameroun n’est pas en état de guerre»et aussi parce que les prisons où sont détenus les personnes arrêtées et les tribunaux chargés de les juger existent aussi dans le Sud –Ouest et le Nord Ouest, «dès lors pourquoi les transférer à Yaoundé pour y être jugés ?». C’est le recours au respect du principe de la territorialité de l’administration et de la justice.C’est la raison pour laquelle L’honorable Joseph Wirba dans ses entrevus télévisés se réfère à la brutalité policière constatée par lui et par d’autres à Bamenda,principalement à l’endroit des étudiants de l’université parmi lesquels une de ses nièces. De cet évènement entre autres, il en tire les conclusions politiques de la nécessité de constater et d’exiger l’arrêt ou tout au moins la réduction à son strict minimum du principe de mobilité des fonctionnaires. Cette demande vise le renforcement de l’unité nationale tout en évitant de favoriser ou de de maintenir l’anonymat dans la prise de décision parle renforcement du principe de la responsabilité individuelle et collective des agents de l’État responsables dans les territoires de la prise de décision ayant pour effet la brimade des libertés publiques. En effet, le contraire serait la limitation à la portion congrue des particularités socio -économiques et ethniques des entités régionales plus ou moins homogènes d’une part et d’autre part leur non -respect et leur non promotion.

II)- Les limites structurantes découlant des fondements idéologiques de la pensée politique des militants et les défenseurs de la cause anglophone

L’une des principales limites de la théorie est le recours à des éléments prétendument dela théorie de «la différenciation culturelle»dont l’un des marqueurs est une assimilation erronée et une confusion volontairement entretenue entre l’état et la population francophone.

A)- Une confusion volontairement entretenue entre l’état et la population francophone.

En effet dans ses entrevues télévisées, l’Honorable Joseph Wirba recoure à deux mots clés à savoir le «we» et le « they and us» pour expliquer la situation de la partie anglophone et de sa population.

L’Honorable Joseph Wilba constamment affirme que «Nous avons une certaine culture par rapport à vous. Dans notre culture, ce sont des genres de choses que nous faisons. Nous confrontons nos leaders, nous leur lançons des défis parce qu’ils sont au pouvoir grâce à nous et pas pour eux-mêmes». Il ajoute «Nous avons des cultures différentes. Le seul moyen que ses cultures auraient pu fonctionner ensemble auraient été que chaque culture se développe séparément. Ce que l’on veut faire c’est francophoniser (Frenchefy the westCameroonians) le Cameroun Occidental ». Pour lui il s’agit de « faire que nous ressemblions, que nous soyons comme vous. Nous faire penser comme vous alors que (quand) on nous voit nous lever tous ensemble comme un seul homme et dire certaines choses c’est notre culture qui nous l’enseigne. C’est parce que nous avons cette capacité, même dans nos écoles où les enfants peuvent dire au professeur je conteste votre réponse parce que j’ai travaillé sur le sujet et j’ai découvert que c’était droit pas rond. Le professeur demande la vérification, tout le monde vérifie et c’est le débat.Il ajoute« we west Cameroonians, we have our own set of values that should be there, things we can work on and know where the results will take us to. Those are the things we are asking. Anybody who believes that being united means turning the English speaking people to French speaking people.. in fact the term I use to is in fact their objective was from the beginning was to «frenchefy» us, to make us be like them. The biggest error the government of this country has made has been this particular one thing: they want us to be like them and that is not unity and that is what I am decrying and it must end».Parlant de ses collègues parlementaires non Anglophones il déclare : «J’ai dit à mes collègues francophones, si pour vous c’est normal, pour nous ça ne l’est pas parce que nous appartenons à une culture différente. N’essayez pas de me faire être comme vous parce que je ne le serai point. Si vous ne pouvez pas vous tenir debout devant le gouvernement, lorsqu’il va contre le peuple».

Ces déclarations démontrent cependant clairement une assimilation des francophones au gouvernement par l’Honorable Joseph Wirba, ce qui est complètement faux. Elles traduisent surtout une ignorance sans doute volontairement entretenue de la position de la population dite francophone sur la situation vécue par les anglophones. Dès lors on est en droit de se demander s’il s’est posé la question de savoir ce que veulent les francophones du point de vue de leur relation avec le gouvernement camerounais ? Quelle est la position des francophones sur ce que dénonce et défend l’Honorable Joseph Wirba? On peut noter dès lors à regret que l’Honorable Joseph Wirba a à l’égard des francophones un jugement de valeur totalement gratuit et non fondé.

On peut dès lors noter que l’Honorable Joseph Wirba recours à une certaine caractérisation pour le moindre très romancée de la culture anglophone qui serait meilleure en tout et surtout du point de vue de l’administration du territoire et du respect des libertés publiques.et du respect du jeu politique alors que la culture francophone serait tout le contraire. Il en découle dès lors une caractérisation ou une définition ou une appréhension totalement erronée de la culture des francophones.

B)- Mauvaise caractérisation ou définition des francophones, de la culture francophone

La conception de ce que sont les francophones et leurs attitudes vis-à-vis du gouvernement et de l’État camerounais en général qui découle des déclarations de l’Honorable Joseph Wirba conduit à se demander si selon lui ce n’est pas le propre des francophones en particulier et de la culture francophone en général que d’accepter docilement les abus réels ou supposés par rapport aux libertés publiques et à la gouvernance effectués par les gouvernements.

Si les affirmations de l’Honorable Joseph Wirba étaient exactes, comment expliquer dès lors l’existence de milliers de francophones de par le monde qui n’ont pu rentrer dans leurs pays respectifs ou qui ont peur pour leurs vies au point de ne pas oser rentrer y rentrer, qui y sont en ?prison pour leur idées, ou tout simplement à l’origine de révolutions tel qu’au Burkina Faso ?

Or ceci est tout simplement faux comme le démontrent les incidents du début des années 90 au Cameroun et les incidents politiques de la période avant l’indépendance jusqu’aux années 70.

En effet, contrairement à ce que veut faire passer l’Honorable Joseph Wirba, le respect et la promotion des libertés publiques et la lutte pour la limitation de l’oppression gouvernementale n’est pas uniquement dans le DNA de la culture anglophone car la France tout comme l’Angleterre fonctionnent sur la base du respect des règles démocratiques. Ces deux cultures le font dans le cadre du respect de la démocratie et même si par moment c’est par le recours à des mécanismes différents et distincts.

C)– Qualification erronée de la volonté gouvernementale et ignorance de la réalité intrinsèque de tout gouvernement.

Les questions que l’on serait dès lors en droit de poser à l’Honorable Joseph Wirba face à ce qui découle des affirmations que l’on peut qualifier d’assez simplistes pour ce qui est de la nature des francophones face au gouvernement et à l’État sont celles de savoir qu’est-ce que la culture anglophone, quelles en sont ses composantes et surtout en quoi serait –elle fondamentalement différente de la culture francophone en général et plus particulièrement aux attentes de tout camerounais face aux pouvoirs publics et face à l’État? En quoi est ce que la culture francophone a à voir avec le comportement et les actions du gouvernement ? Est-ce que le gouvernement ou l’État agit de telle ou telle manière parce qu’il est francophone ? Ou alors n’est – il pas plutôt exact, plus judicieux et plus conforme à la réalité de s’interroger sur la nature du gouvernement, de l’État et de ceux qui le dirigent plutôt que du fait de l’état de francophone de ses dirigeants et d’ailleurs pas tous puisqu’il y a aussi des ministres anglophones? Il s’agit plutôt du problème de la création des institutions fortes respectueuses des libertés publiques et conformes aux attentes de la population du point de vue de sa forme et de son administration le tout dans le strict respect de son intégrité physique.

En fait l’Honorable Joseph Wirba semble ignorer que le comportement du gouvernement –bon ou mauvais– est tout simplement lié à la réalité de tout gouvernement qui est celle de conserver le pouvoir et son exercice sans entraves de quelque groupe que ce soit –politique, ethnique, régionale ou linguistique.

Cette mauvaise qualification a aussi un impact sur la caractérisation de la situation des membres de la communauté anglophone arrêtées et emprisonnées.

D)- La caractérisation et la qualification maladroites de la situation des personnes emprisonnée : .le non recours au principe de vérité et de respect de la population tant anglophone que francophone et le monde en général

Dans ses interventions télévisées, l’Honorable Joseph Wirba déclare que : « les gens en prison y sont parce qu’ils sont différents, parce qu’ils sont du Cameroun occidental». Il ajoute «Ils sont en prison parce que notre culture est différente de la leur».

Ce que l’on peut dire est que cette affirmation est totalement fausse et inacceptable et cela parce que son affirmation soulève la question de savoir qui lui a dit que la culture francophone est d’être soumise de manière béate et docile face à ce qui est ou peut être considéré comme les abus de quelque gouvernement que ce soit?.

Cette affirmation est aussi fausse car la réalité est que c’est parce que ces personnes détenues revendiquent le pouvoir –un pouvoir que détient l’État- et cela indépendamment de leurs origines ethniques et régionales. La réaction du gouvernement est plutôt celle de conserver le pouvoir et non la volonté d’éteindre la culture anglophone. C’est la lutte pour la conservation du pouvoir entre les blocs –gouvernement et un bloc de défenseurs des droits des anglophones. Comme le reconnaît lui-même, l’Honorable Joseph Wirba lorsqu’il affirme«nous sommes dans une situation à laquelle tout ce que nous chérissons a été mis de côté et l’effort fait c’est parce que nous vous aimons. On ne peut pas tuer la culture. Si c’était possible 55 ans cela aurait déjà été fait»

La vérité est que l’Honorable Joseph Wirba vise plutôt une question de pouvoir et non une question de rapport entre la population anglophone du Cameroun et la population francophone du Cameroun

Il s’en suit dès lors l’obligation pour l’Honorable Joseph Wirba en sa qualité de leader, de dire la vérité d’abord aux anglophones et ensuite à tout le pays et enfin à l’étranger en commençant avec la recherche d’une responsabilité endogène à la communauté anglophone elle-même.

E)- La non identification et la non affirmation d’une certaine responsabilité des anglophones dans la situation passée et actuelle

La nécessité de cette vérité qui s’impose à L’Honorable Joseph Wirba est d’abord celle d’identifier la responsabilité indéniable de certaines des élites politiques et sociales de la communauté anglophone elle – même dans la situation qui est aujourd’hui celle des anglophones aussi bien dans la partie anglophone que dans le reste du pays. C’est le regard dans les causes endogènes de la réalité actuelle décriée majoritairement par les anglophones et une partie importante des francophones qui s’impose aussi.

Il est en effet très étonnant de constater la non évocation du rôle des représentants gouvernementaux, parlementaires et élus locaux, délégués du gouvernement, maires, ministres et fonctionnaires de toutes catégories et agents publics originaires du Sud Ouest et du Nord Ouest.

En effet, il n’est pas nécessairement vrai que la situation actuelle décriée par les anglophones n’est que le fait des différents gouvernements tout seul sans la participation active directe ou non des membres influents ou non de la partie anglophone du pays qui inéluctablement ont été et / ou sont bénéficiaires directes ou indirectes des actions et des inactions du Cameroun.

F)- L’évocation de l’unanimisme de et à l’intérieur de la communauté anglophone.

L’honorable Joseph Wirba fait référence à la demande unanime de la communauté anglophone. S’il est vrai qu’un nombre important de membres de la communauté anglophone partagent à des degrés divers la situation soulevée par l’Honorable Joseph Wirba, il est totalement faux d’affirmer que c’est la totalité de la population. A l’intérieur de la communauté anglophone comme dans toutes les communautés, à côté des intérêts collectifs il y a aussi les intérêts individuels qui malheureusement déterminent beaucoup plus les positions en plus de la réalité du changement des détenteurs locaux du pouvoirs et des intérêts sociaux, politiques et économiques qui découleraient tout changement. La question dès lors est de savoir jusqu’où les différents segments de la population anglophone sont prêts à avancer ou non dans les changements proposés ou induits dans la plate – forme idéologique des partisans de l’idéologie portée par l’Honorable Joseph Wirba.

L’évocation de l’unanimisme de la société anglophone n’est donc en réalité qu’un leurre et uniquement un positionnement politique et pose en plus le problème de la représentation politique des élus passés et actuels de la communauté anglophone. Dès lors, il y a une obligation très grande pour l’Honorable Joseph Wirba et ceux qui partagent ses positions et plus généralement la population anglophone dans son ensemble d’affirmer, identifier et surtout de prendre une certaine responsabilité interne dans sa situation sociale, politique et économique.

Cette responsabilité s’impose aussi à l’Honorable Joseph Wirbaet ses partisans et supporters au niveau de la souveraineté.

G)- La nécessité d’identifier le type de souveraineté dont dispose le peuple.

Affirmer comme le fait l’Honorable Joseph Wirba que le peuple est au dessus de tout et peut théoriquement tout commander, tout ordonner n’est tout simplement pas exact.

En effet, pour que le peuple exerce la plénitude de la souveraineté comme le laisse entendre l’Honorable Joseph Wirba, cela signifierait que le peuple est détenteur dans l’exercice de l’activité socio politique du pouvoir constituant originaire. Or ce n’est pas vrai. Ce pouvoir constituant originaire qui est la marque même de la plénitude du pouvoir ne se manifeste qu’à des périodes exceptionnelles d’un état à savoir au moment de la création d’un état, généralement à la suite d’un coup d’État qui fait table rase de l’ordre juridique préexistant et à l’occasion de la fin d’une période de colonisation et de la création d’un état. Or tel n’est pas le cas directement ou indirectement du Cameroun.

Dès lors ce dont l’Honorable Joseph Wirba parle ou devrait parler est le pouvoir constituant dérivé qui, par essence, est limité par la constitution existante de l’état ce qui veut dire qu’il ne s’exerce qu’à travers les dispositions prévues par la constitution et reliées à l’exercice du pouvoir législatif principalement et par le recours au référendum. Dès lors, on comprend donc que la marge d’action est limitée et encadrée par les dispositions constitutionnelles et légales existantes et elle envoit l’action principalement au niveau local- municipal et régional-, au niveau parlementaire et au niveau présidentiel et plus spécifiquement au niveau électoral.

H)- Irréalisme sur l’applicabilité du respect des règles démocratiques tel qu’énoncé par l’Honorable Joseph Wirba : règles parlementaires et sur la discipline de parti au parlement

Il est illusoire de penser et de dire qu’un parlementaire peut tout dire et tout entamer au parlement. Ceci n’est tout simplement pas vrai parce qu’il faut tenir compte des règles et procédures régissant le travail des parlementaires mais aussi tenir compte de la réalité de la représentation en groupes et partis au parlement en plus de la discipline des partis et de la réalité du pouvoir au sein de chaque parti. Dès lors, pour être vraiment effectif, le parlementaire pris individuellement doit être capable d’établir des compromis, à faire du lobbying au sein de son parti, pour voir sa proposition même celle consistant à rapporter les préoccupations de ses électeurs devant toute l’assemblée pour considération et pour vote être retenue. A défaut d’une telle capacité, même une bonne idée ne verra pas le jour parce que non programmée par le parti ou le chef ou président du groupe à l’assemblée, Ceci est vrai dans toutes les assemblées aussi bien dans le système parlementaire britannique que dans le système parlementaire français.

I)- Le recours erroné à des systèmes utopiques et irréalistes d’États compte tenu des facteurs temps et lieu: la préférence pour la confédération d’états

Dans les déclarations de l’Honorable Joseph Wirba, il transparait clairement qu’il a une préférence pour la création d’une confédération d’États et cela se retrouve dans l’idée et la pensée qu’il indique être celle des pères fondateurs anglophones du choix de la fédération d’États au Cameroun en 1961 et cela contrairement aux francophones à qui il attribue de manière erronée et sans aucune preuve scientifique avancée un attachement à un «Etat unitaire (car) selon lui, c’est comme cela que les francophones ont été élevés».

Or la triste réalité est que tous les camerounais ont vécu une confédération d’états pendant au moins cinq (5) ans de 1961 à 1966 et après dans une fédération d’états. La preuve de cette préférence pour la confédération d’États est aussi illustrée par le fait que selon lui, «ce que devait faire le gouvernement Ahidjo et celui de Biya, c’était d’appliquer le principe du respect de la culture des anglophones (…).

On peut cependant déduire de ce que l’Honorable dit qu’il s’agit plutôt d’une question de répartition de pouvoirs et non de la forme de l’État, ce qui peut aussi très bien être intégralement respecté dans un État unitaire moderne c’est-à-dire vraiment décentralisé voire réellement régionalisé.

De plus l’Honorable Joseph Wirba devait savoir que la création de la Confédération d’États abouti inéluctablement à la destruction de l’État Cameroun. Or de nos jours il y a peu de sympathies à la création de nouveaux états par la destruction ou le démantèlement d’états existants. Les exemples de ce refus sont nombreux et pour ne citer hier avec la Bretagne, la Corse, l’Irlande du Nord et aujourd’hui avec le Sahara Occidental, le Biafra, L’île de Mindanao aux Philippines, Hong Kong et Taiwan

L’Honorable Joseph Wirba soulève ici son attachement à un système de confédération des états contrairement à la fédération des états, mais qui a muté vers un état unitaire avec l’assentiment sinon du peuple camerounais selon le résultat du référendum proclamé par le gouvernement de l’époque tout au moins avec l’assentiment des représentants issus du Nord Ouest et du Sud Ouest. Il en est ainsi par la référence à un système éducatif qu’il décrit comme «La création d’une seule université qui a contribué à forcer les enfants ressortissants du Nord Ouest et du Sud Ouest à aller faire leurs études à Yaoundé dans la partie francophone avec la conséquence leur «appatriation» et la perte progressive de leur identité culturelle, leur sens d’appartenance à l’anglophonie et leur francophonisation (francheisation) progressive».

Si jamais l’Honorable Joseph Wirba se référait à la création d’une fédération d’états, alors il devrait comprendre et accepter que le fédéralisme : implique une nouvelle répartition des compétences entre la collectivité supra étatique ainsi formée et les collectivités nouvelles fédérées ce qui entraîne l’existence de compétences exclusives pour chacun des deux niveaux d’États et même souvent pour les collectivités locales ou régionales, de compétences communes et de compétences concurrentes

L’Honorable Joseph Wirba est en effet pour une confédération d’états et non pas pour le fédéralisme. Or ceci a pour effet, inéluctable de fragiliser sérieusement l’unité nationale. La grosse erreur dans son interprétation et la limite dans son analyse est qu’il affirme lui-même que la volonté des pères fondateurs anglophones était de créer une fédération. Ceci devrait l’amener à respecter la volonté des pères fondateurs anglophones à savoir la création d’une fédération qui implique qu’il y a nécessairement une limitation et une atténuation des pouvoirs des entités composantes au profit du super-état ainsi créé. Dès lors, le problème qui se pose et qui aurait dû se poser est de savoir qu’elle est la répartition des compétences qui a été envisagée et quelle est celle qui a été opérée et quelles sont les compétences qui ont été laissées à l’état fédéré anglophone qui a existé pendant au moins 5 ans puisque les modifications institutionnelles ont eu lieu après.

La proposition de l’Honorable Joseph Wirma est plutôt le retour aux valeurs qui auraient dû devraient être inscrites lors de la création de la fédération au Cameroun

Selon l’Honorable Joseph Wirba, «l’action du gouvernement a abouti à la création de gens (les anglophones) qui sont moitié-moitié». On peut cependant constater qu’il ne parle pas ou oublie volontairement ou non de parler des avantages liés à cette évolution comme les avantages sur le plan international (dans l’Afrique hors Cameroun et dans le reste du monde) tout au moins des emplois occupés par les camerounais originaires du Nord Ouest et du Sud Ouest qui sont parfaitement bilingues et travaillent entre autres comme interprètes dans les organisations internationales ou y ont une longueur d’avance sur les autres candidats à des postes prestigieux précisément du fait de leur parfaite maîtrise du français et de l’anglais.

J)- La volonté d’établir un fédéralisme à deux états : est-ce la solution ? Est-ce juste ? Si oui, pour qui ?

La volonté déclarée de l’Honorable Joseph Wirba est celle de la création d’une fédération à deux états soit un état fédéré pour la région du Nord –Ouest et celle du Sud –Ouest et un état fédéré pour le restant du Cameroun. La limite de cette proposition est qu’elle ne tient pas compte des circonstances de temps et de lieu. En effet, elle ne tient pas compte du fait que nous ne sommes plus en 1961 ou en 1966. Nous sommes aujourd’hui en 2017 au 21ième siècle et le degré d’ouverture des peuples et le degré d’attachement du peuple camerounais à leur pays, à leur territoire et à l’égalité et à l’équité entre les peuples et les territoires composant le pays sont inégalés. Nous sommes aussi en Afrique où beaucoup d’injustices ont émaillé la vie des populations. En créé d’autres dans le but d’en corriger une autre n’est pas acceptable dans la mesure où la population francophone qui en serait victime directe et indirecte n’est pour rien dans l’injustice qui a été causée et qui devrait être portée à l’endroit uniquement des gouvernements et des parlements camerounais successifs comprenant des francophones tout comme des anglophones d’une part et des bureaucrates tant anglophones que francophones d’autre part.

Cette position n’est pas partagée par l’ensemble de la population francophone à l’exemple de la position de l’Honorable Joshua Osih qui est du même parti que l’Honorable Joseph Wirba et est vice – président du parti Social Democratic Front (SDF) qui parle dans un entretien télévisé en 2016 d’une fédération même à dix (10) régions ou dix (10) états se calquant avec réalisme à la division administrative actuelle et contemporaine du territoire camerounais montrant ainsi par ce choix que la situation décriée par la partie anglophone du Cameroun n’est pas un problème ethnique mais un problème de gouvernance qui affecte tous les camerounais où qu’il soit sur le territoire national.

A vrai dire, l’Honorable Joseph Wirba devrait comprendre que la finalité n’est pas la forme de l’État. C’est plutôt la répartition des pouvoirs existants dans l’état, les mécanismes de respect strict de cette répartition, la protection des libertés publiques, la reconnaissance et la responsabilisation politique, économique et sociales des élus issus du terroir et y habitant, la participation effective des élus du terroir et leurs représentants à l’état central pour une participation effective aux décisions et aux arbitrages du pouvoir central et donc aux décisions contribuant à un aménagement équilibré du territoire.

K)- Irréalisme sur les mécanismes de résolution des différends : le recours à la technique de table ronde

L’Honorable Joseph Wirba propose que les problèmes que vit et que décrit la population anglophone se résolve autour d’une table. Seulement, il ne nous dit pas qui doit être autour de cette table. Il ne nous dit pas quels sont les partis invités à y siéger. Du côté de la population anglophone qui en fera partie et cela parce que lorsqu’il parle des anglophones, ce n’est qu’un terme générique qui englobe des réalités diverses allant de ceux qui sont nés de parents anglophones de naissance, ceux qui y vivent, ceux qui y travaillent indépendamment de leurs origines. Font-ils partie de la population anglophone ceux et celles des anglophones habitant dans d’autres régions du Cameroun et même à l’étranger ? Comment choisir dans la partie anglophone qui va y participer. Les anglophones habitant la région ? ceux de la diaspora, ceux habitant dans d’autres régions du Cameroun, les francophones habitant la région, y travaillant, y allant à l’école ?Il faudra donc dire quels seraient les critères à utiliser dans le choix des représentants de la population anglophone autour de cette table qu’il appelle à créer.

Bref, qui va y participer concrètement- le gouvernement, le restant des camerounais non anglophones ?

III)- La nécessité de la prise en compte de la réalité : les limites imposées par la constitution et le principe de son respect par tous – acteurs politiques, gouvernementaux et société

Comme démocrates, l’Honorable Joseph Wirba et ses partisans oublient cependant d’indiquer dans quel cadre constitutionnel et juridique proposent-ils les changements et surtout quelles sont les voies d’action qui leur sont ouvertes par ce cadre constitutionnels et lesquelles leurs sont fermées.

De plus, l’Honorable Joseph Wirba et ses partisans semblent oublier que nous sommes ici dans la gestion du pouvoir et des pouvoirs et cela quelle que soit la légitimité de leur démarche et leur volonté de réparer les erreurs constatées dans la gestion administrative et politique de la partie anglophone en particulier et du reste du Cameroun en général

A)- Le pouvoir et sa réalité profonde : le regard sur les oppositions et principalement sur le SDF

Pour mesurer si les limites dans l’administration du gouvernement actuel dans la partie anglophone sont dûes à une volonté délibérée de maltraiter la partie anglophone du pays, il faudrait faire une analyse des municipalités administrées par les membres anglophones du parti SDF aussi bien dans la partie francophone que dans la partie anglophone en même temps qu’une analyse des membres des autres partis et principalement les membres du parti RDPC dans la partie anglophone. Cette analyse a surtout pour but de savoir s’il y a une spécificité dans l’administration des villes dirigées par les membres anglophones du SDF et des membres du RDPC surtout dans la partie anglophone.

B)- Le recours aux outils existants.

Il semble sortir des discours des officiels que l’on ne peut accéder à la principale demande de l’Honorable Joseph Wirba et de ses partisans à savoir la création d’un état fédéral à deux états au Cameroun soit l’état fédéré du Cameroun occidental pour la partie anglophone et l’état fédéré du Cameroun Oriental pour la partie francophone et cela principalement à cause du verrou constitutionnel.

Il faut cependant noter que le renvoi à une limitation due à la constitution n’est pas nécessairement vraie. Il y a des souplesses dans l’article 64 de la constitution qui stipule que « Aucune procédure de révision ne peut être retenue si elle porte atteinte à la forme républicaine, à l’unité et à l’intégrité territoriale de l’Etat et aux principes démocratiques qui régissent la République» qui permettent malgré tout une révision de la forme de l’État.

Ce que l’on peut dire est que les souplesses contenues dans cet article 64 précité permettraient de procéder subtilement à la modification de la forme de l’État, son ajustement et son adaptation à la réalité actuelle du Cameroun et aux besoins soulevées ici et là au Cameroun si toutefois il y a une volonté politique partagée par la classe politique de procéder à une telle modification tout en l’encadrant pour éviter ses aspects négatifs inhérents.

En réalité parce que les systèmes ne sont pas absolus, il faudrait au Cameroun la création pour la forme de l’État d’un système mixte alliant les caractéristiques d’un état fédéral et ceux d’un état unitaire fortement décentralisé soit une forme d’état hybride ne retenant que les avantages des deux formes d’états tout en évitant au maximum leur excès les plus détestables.

C)- L’utilisation par les oppositions des outils démocratiques : la puissance des élections

La non utilisation de la voie des élections pour arriver à opérer des changements profonds sur la situation décriée par la partie anglophone est une des grandes lacunes de la théorie développée et portée par l’Honorable Joseph Wirba et ses partisans. Il faudrait en réalité que les oppositions concentrent leurs efforts dans les élections à tous les niveaux pour une victoire éventuelle. Dans ces différentes élections dans lesquelles les enjeux annoncées et défendues seraient la situation de la partie anglophone et les changements à opérer.

CONCLUSION :

Ce qui ressort ultimement des fondements de la théorie de la pensée de l’Honorable Joseph Wirba et ses partisans est une certaine méthode de travail bien qu’elle se révèle être à certains égards irréaliste et incomplète. Les lignes de force qui en découlent sont néanmoins la nécessité d’une évolution significative du travail de représentation par une modification évolutive et progressive des règles parlementaires pour y introduire une période où les parlementaires rapportent à toute l’assemblée et au gouvernement les nouvelles et les préoccupations des personnes qu’ils représentent à l’assemblée et au sénat. Il en est de même de la nécessité d’un renforcement significatif du strict respect du privilège parlementaire et de la protection de l’immunité parlementaire qui en découle. C’est la demande dans une certaine mesure de l’atténuation sur certains points de la discipline de parti en favorisant une certaine liberté de pensée des députés compatible cependant avec la ligne politique générale du parti.

Dans une certaine mesure les membres du gouvernement et même le gouvernement dans sa collégialité seraient invités de temps à autre à singulariser leurs interventions et les mesures qu’ils prennent. En même le renforcement du principe de redevabilité et l’accentuation de la prise de décision au niveau local voire régional.