Dans les marchés, boutiques et autres enseignes, l’euphorie des ménages souvent observée à cette période de l’année a fait place à l’anxiété. Étouffé par le coût de la vie, chacun se débrouille comme il peut.
C’est la foule des grands jours en ce mois de décembre 2023 au marché Mvog-Ada dans le 5ème arrondissement de la ville de Yaoundé. Le marché qui porte la réputation de mamelle nourricière des habitants de la capitale politique du Cameroun fait grise mine en cette matinée ensoleillée. Il est pourtant connu et fréquenté pour ses prix abordables, notamment de la volaille. Mais il semble que les choses ont changé. C’est le constat que fait Justine Maze, partie de l’autre bout de la ville pour faire ses achats. «Les poulets sont un peu chers évidemment parce qu’il y a manque de poulets sur le marché», lui lance un vendeur. À sept jours de la célébration de la fête de la nativité, cette mère de sept enfants ne va pas offrir du poulet à sa progéniture au traditionnel repas de noël. «C’est trop cher pour moi. Le prix est trop élevé. 4000 voire 5000 FCFA, je ne dispose pas d’un tel budget. Je ne pense pas que mes enfants vont pouvoir manger du poulet en ce mois de décembre. Je vais probablement me rabattre sur autre chose. Peut-être du poisson ou une autre viande», confie la femme de 53 ans. Comme le poulet, plusieurs au- tres denrées alimentaires connaissent la même attente. Ceci en marge des récentes mesures du Mincommerce annoncées en vue d’en réduire les prix. C’est le cas du riz qui bat actuellement tous les records. «Le sac de 50Kg, le moins cher qui coûtait 19 000 FCFA en début d’année, est vendu à 24000 FCFA», renseigne Pierre, tenancier d’une boutique dans le coin. Il en va de même pour le haricot dont le seau de 5 litres n’est accessible qu’à celui qui débourse 6000 FCFA. En juin dernier, la même quantité dudit produit était vendue à 3500 FCFA seulement. Une tendance inflationniste qui n’épargne rien au passage, secouant véritablement les ménages les plus modestes. «Je vis au jour le jour. Cette année, mes enfants vont devoir se contenter de ce qu’ils ont dans leur garde-robe», fait
savoir une autre ménagère
Budget prévisionnel
À côté, il y a quand-même des ménages dont les dispositions ont été prises à l’avance à travers plusieurs mécanismes. «Moi j’ai opté pour des cotisations et j’attends récolté 150 000 FCFA. Cela va me permettre d’acheter les habits et les jouets à mes trois filles. Je vais également déduire une partie pour le repas», avance avec assurance Joyce, rencontrée au marché d’Essos.