• L’unité nationale est quasi inexistante au Cameroun
• C’est ce qu’affirme Jean Michel Nintcheu
• Selon lui, c’est dû au repli identitaire
La 50è édition de la fête nationale du Cameroun sera célébrée le 20 mai prochain. A quelques jours de l’événement, Jean Michel Nintcheu estime que « l’unité nationale est devenue un mythe au Cameroun. Elle a connu un émiettement considérable sous M. Paul Biya. »
Le repli identitaire nourri par un déficit de bonne gouvernance est à l’origine du travestissement de l’unité nationale, selon le député SDF. Ce repli, constate-t-il, est perceptible à travers le sentiment de marginalisation de certains camerounais, les formes d’exclusion de certaines catégories de citoyens et surtout le tribalisme qui ne cesse de nimber l’espace sociopolitique.
Mais aussi, « des élites compradores entretiennent également cette désunion, mettant ainsi en péril notre vivre ensemble pour des desseins inavoués de préservation et/ou de conquête du pouvoir après M. Biya. Le développement harmonieux de nos villes ou régions qui aurait pu être un gage de cohésion nationale se limite malheureusement aux proclamations officielles. »
Il fait savoir qu’on assiste à un déséquilibre régional lié à la mauvaise répartition des budgets d’investissement publics par région, à l’ineffectivité d’un développement inclusif.
Selon Jean Michel Nintcheu, ce déséquilibre régional est également observé dans les nominations aux emplois civils et militaires. « La justice est aux ordres et à la solde des puissants constitués pour la plupart en réseaux obscurs. L’impunité des puissants est la règle. Pour freiner cet élan vers l’abîme irréversible, il faut agir. », regrette l’honorable.
Le député SDF suggère qu’on abandonne la décentralisation qui est du reste déjà « mort-née » pour le fédéralisme à deux États face à tous ces maux. « Ce sera un premier pas de géant dans la décrispation de la crise qui sévit dans les deux régions du nord-ouest et du sud-ouest dont les effets enregistrés jusqu’ici sont fortement dévastateurs sur les plans économique, social et humain. La décentralisation version camerounaise est un transfert sans délai ni agenda des compétences et des ressources de l’Etat central vers les collectivités territoriales décentralisées tandis que dans le fédéralisme, il est question de partage du pouvoir entre l’État central et les États fédérés. Avec possibilité pour chaque État fédéré d’instaurer une régionalisation en son sein. »
Fête de l’unité : ‘Le 20 mai 72 a été une escroquerie politique’
Dans quelques jours, le Cameroun va commémorer 50è édition de la fête de l’Unité. A l’occasion, plusieurs activités seront au programme. Au-delà des défilées militaires et civiles qui vont meubler les festivités sous la président Paul Biya qui devrait effectuer son retour au pays après le court séjour en Europe.
Mais cette fête n’est pas du gout de tous. C’est l’exemple du député SDF Jean Michel Nintcheu qui demande le retour au fédéralisme à deux états.
Selon ce dernier, la célébration de la fête nationale est une arnaque. « Le 20 mai 72 a été une escroquerie politique ! Le retour au fédéralisme à deux états est la solution à la crise! », écrit l’homme politique sur sa page Facebook.
Remontons un peu dans l’histoire pour trouver le contexte dans lequel s’inscrit cette fête. Un référendum a lieu le 20 mai 1972 pour l’adoption d’une nouvelle constitution. Il a mis fin au système fédéral et a donné naissance à la République unie du Cameroun.
La question soumise à référendum était la suivante : « Approuvez-vous, dans le but de consolider l’unité nationale et d’accélérer le développement économique, social et culturel de la nation, le projet de constitution soumis au peuple camerounais par le président de la République fédérale du Cameroun et instituant une République, unie et indivisible, sous la dénomination de République unie du Cameroun ? »
A l’issue du référendum, le « OUI » l’emporte à 99,99 % soit 3 177 846 votes, contre 176 votes pour le « NON ». Soit 0,01 %. Conséquence, la constitution est officiellement adoptée le 2 juin 1972 par le décret 72-270 du président Ahmadou Ahidjo. Le 20 mai est fête nationale en hommage à ce référendum.